Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses. Keffria, tu remontes dans notre estime. Il était une fois Clerres.

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vendredi 30 août 2024

La perte d'un enfant

Kettricken aurait pu être une reine classique : elle a fait un mariage arrangé avec un prince d’un autre pays, et elle a fini par avoir des sentiments pour lui. Elle aurait pu être une reine forte qui mène son pays dans une période trouble. Elle aurait pu être tout cela et elle ne l’est pas. Elle devient une reine en fuite, une femme enceinte qui se cache au plus profond de la nuit et retourne chez elle, défaite. Son calvaire ne s’arrête pas là car Kettricken perd ce que le royaume a de plus cher : un héritier.


Perdre un enfant est un réel traumatisme pour une mère. C’est quelque chose qui vous marque et qui vous change. Kettricken, elle, n’a pas seulement perdu un enfant, elle a aussi le sentiment de ne pas avoir donné vie au fils de Vérité et donc à un futur prince. Elle a échoué dans ses devoirs. L’impact sur elle est clair et se voit sur son apparence physique. Fitz, qui ne l’a plus vue depuis de longs mois, la retrouve à Jhaampe ; elle est changée : « elle tourna vers moi un visage effrayant ; le chagrin avait ravagé ses traits, creusé des rides profondes de part et d’autre de sa bouche et fait fondre la chair de ses joues ».  Kettricken est donc devenue une femme à l’allure cadavérique, mortifiée. Ce n’est plus la Kettricken flamboyante qui dominait les autres par son charisme.


Un bon observateur de la chute de la montagnarde est le fou. Ce dernier l’a accompagnée dans son périple et était aux premières loges quand la tragédie a frappé. Le fou confirme que Kettricken vit très mal la perte de son enfant baptisé Oblat. Il remarque que Kettricken avait pu traverser toutes ces épreuves (la disparition de Vérité, la trahison de Royal) grâce à l’idée de porter l’héritier des Six-Duchés. Le perdre a tout fait basculer. Kettricken n’est plus que l’ombre d’elle-même : « depuis, le fou l’avait à peine vue, sinon brièvement, lorsqu’elle se promenait dans les jardins gelés, le visage aussi figé que la glace qui couvrait les parterres ». Kettricken est recluse, honteuse. Elle voit tout cela comme un échec, un fardeau qu’elle ne peut porter que seule.

Bien entendu, d’autres sont tristes pour ce qui est arrivé à Kettricken et pleurent avec elle. Le fou, lui, est doublement concerné car il voyait en un futur héritier Loinvoyant une possibilité de modifier le cours de l’histoire. Il se sent coupable de ne pas avoir pu plus aider Kettricken. D’une étrange façon, il se culpabilise à outrance (« et quand l’enfant de Kettricken, mon dernier espoir, est né inerte et bleu, ce ne pouvait être encore une fois que de mon fait »).


Kettricken est affirmative : c’est son échec, c’est sa responsabilité. 


Son attitude et son apparence questionnent Fitz. Quand Kettricken dit à haute voix que son bébé est mort, il se demande si la femme « avait encore toute sa tête, tant cette seule phrase exprimait de chagrin et de désespoir ».


Si le bébé est mort, c’est de sa faute ; elle en est convaincue. Elle s’en veut d’avoir trahi tous les espoirs placés en elle et tous les espoirs confiés par son mari, Vérité. Elle s’en ouvre à Fitz : « son enfant, sa couronne, son royaume ; son père aussi. Que ne m’a-t-il confié que ne j’ai pas perdu FitzChevalerie ? Tout en me précipitant de tout mon coeur à sa recherche, je me demande comment je pourrai le regarder dans les yeux ». Kettricken porte un autre poids sur ses épaules : la peur de décevoir Vérité.

Mais, Kettricken se retrouve à un Vérité quasiment forgisé. En train de construire son dragon d’Art et de pierre, Vérité y est mis toutes ses émotions, ses sentiments, ses souvenirs. Il est plus que froid avec Kettricken qui ne parvient pas à comprendre, à ce moment du récit, ce qui se passe. Le dédain de Vérité détruit Kettricken. Elle qui était si forte est cassée quand Vérité ne se rappelle même pas qu’il a eu un fils. Fitz témoigne : « voilà, je pense, ce qui la brisa : s’apercevoir que cette catastrophe ne le mettait pas en colère ni ne l’affligeait, mais l'égarait simplement ». Personne ne peut aider la reine, personne ne sait quels mots employer, quels gestes avoir. Sauf un de ses meilleurs amis : Oeil-de-Nuit. Le loup lui apporte son soutien et son réconfort : « elle se laissa brusquement tomber sur un genou et serra le loup contre elle, le visage dans sa fourrure, ses larmes coulaient dans ses poils rêches ».


De la mort d’Oblat à l’annonce de la nouvelle à Vérité, Kettricken ne connait aucun répit. Elle ne peut pas faire son deuil, elle ne peut pas trouver de repos car Royal la traque. Elle s’en veut d’avoir échoué dans sa mission en tant qu’épouse du roi : lui donner un héritier.

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