Quand commence le récit du Trône de Fer, Arthur Dayne est depuis longtemps mort. Il est défait par Ned Stark et Howland Reed alors qu'il doit protéger la compagne de Rhaegar Targaryen, Lyanna Stark. Mort, le souvenir d'Arthur Dayne, sa renommée et sa légende continuent pourtant de circuler. Il est vu comme un remarquable chevalier, aussi bien que par l'épée que par sa magnanimité, son intelligence et son dévouement. Catelyn Stark nous fournit un bel exemple de cette admiration. La femme de Ned Stark rapporte en effet des rumeurs, des bruits de couloirs qui disent que « tour susurrait un nom, ser Arthur Dayne, l’Épée du Matin, le plus redoutable des spet chevaliers qui formaient la garde personnelle d'Aerys le Dément ». C'est un aspect intéressant : Dayne est devenu un frère juré, un des spet manteaux blancs : il est donc prêt à sacrifier sa vie pour le roi. La vie d'un autre passe donc avant la sienne. Le prestige d'Arthur Dayne est renforcé par son épée ; ce n'est pas une épée comme les autres. C'est Aube, une épée légendaire dont la création l'est tout autant. Ned Stark nous en apprend beaucoup sur cette épée et sur Dayne : « je n'en ai pas connu de plus parfait que ser Arthur Dayne dont l'épée, Aube, avait été forgée dans le cœur même d'une étoile tombée du ciel. On l'appelle, lui, l’Épée du Matin, et il m'aurait tué sans l'intervention d'Howland Reed ». Ces mots sincères montrent tout le respect que Ned Stark avait pour Arthur Dayne. Il reconnaît la valeur de celui qui fut son adversaire, il admet que Dayne était meilleur que lui. On note aussi une forme d'admiration envers Aube. Il faut dire qu'Arthur Dayne est impressionnant lorsqu'il s'en sert (« il dégainait l'Aube et la saisissait à deux mains. Elle avait une pâleur laiteuse, et la lumière l'animait des palpations de la vie »).
Tous ceux qui l'ont côtoyé parlent de lui avec respect. Arthur Dayne n'est clairement pas un homme comme un autre. Quand ser Barristan Selmy parle de lui, on sent la fierté qu'il a eu de se battre avec lui (« j'ai combattu aux côtés du Taureau Blanc et du prince Lewyn de Dorne..., aux côtés de ser Arthur Dayne, l’Épée du Matin »). Daenerys Targaryen, elle, évoque des propos de Viserys Targaryen. Ce dernier aurait dit que Dayne avait une « merveilleuse épée blanche » et qu'il « était le seul chevalier du royaume à égaler notre frère ». Ce sont des mots importants venant de la bouche de Viserys tant ce dernier semble accorder peu d'importance à tous ceux qui ne sont pas Targaryen. En parlant d'Arthur Dayne en ces termes, il montre bien que c'était un homme à part.
Ses fonctions ont mené Arthur Dayne à accomplir des missions pour le roi et à fréquenter la famille royale. Contemporain d'Aerys et Rhaegar, Berbe-Blanche se trouve aux côtés de Daenerys alors qu'elle est sur le continent d'Essos. Il est un compagnon de voyage qui la rejoint sur le tard, il est surtout un homme qui peut lui raconter des anecdotes sur Rhaegar Targaryen. On apprend alors que « le jeune lord Connington lui était cher aussi mais son plus vieil ami était Arthur Dayne ».
Une mission va permettre à Dayne de marquer encore plus sa légende : la bataille contre la Fraternité-Bois-du-Roi, une bande de brigands qui détroussait, agressait les nobles. C'est un moment décisif, pas uniquement pour la légende d'Arthur (il défait l'imposant chevalier Badin), mais aussi pour Jaime Lannister. A la lecture de ses interventions, on saisit que pour le jeune homme, Arthur Dayne était un héros, un modèle à suivre. D'ailleurs, il fait ses preuves lors de cette confrontation : « à quinze, j'accompagnai ser Arthur Dayne contre la Fraternité-Bois-du-Roi, et c'est sur le champ de bataille qu'il m'adouba ». Dayne est la donc personne qui permet à Jaime de devenir un homme (« il lui avait administré une petite tape sur l'épaule avec Aube (…) un adolescent s'était agenouillé, et c'était un chevalier qui se relevait »). Toute sa vie, Jaime courra après l’exemple de Dayne, il n'aura de cesse de se comparer à cet homme, sans jamais y arriver. Là où Dayne meurt par devoir envers son roi, Jaiem trahit en tuant Aerys. Jaime a conscience de sa faiblesse, qu'il est loin d'arriver à la hauteur de Dayne. Ses pensée sont claires quand on lit que « ce gamin-là n'aspirait qu'à être ser Arthur Dayne, mais il s'était quelque part, en route, égaré pour devenir plutôt le chevalier Badin ». Car, aux yeux de Jaime (et d’autres), Dayne n'est pas qu'un très bon duelliste, c'est aussi un homme intelligent avec un grand cœur. Dayne s'est rendu compte qu'il n'était pas possible la Fraternité uniquement en les défiant tant la population locale les soutenait. Il a donc fait en sorte de conquérir leur affection et de bouleverser leur loyauté. Comment ? En leur accordant de l'importance : « il payait aux petites gens les vivres que nous vivions, il transmettait leurs doléances au roi Aerys (…) ser Arthur fit plus pour eux que la Fraternité n'aurait jamais pu se flatter de faire, et il nous les rallia ». C'est un geste symboliquement important dans ce royaume où les puissants (par la force physique ou par le sang) semblent prendre plaisir à écraser les autres. Toujours est-il que le souvenir de ser Arthur Dayne hante la mémoire de Jaime. Même quand il accède au titre de commandant de la garde royale, il ne peut que se dévaloriser en pensant à ce qu'est devenu cette institution (« il se demanda ce qu'aurait dit ser Arthur Dayne d'un tel ramassis »).
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