- Comme à l’accoutumée, les chats et les enfants furent le premier à le remarquer. Un gros matou tigré qui dormait sur un tas de bois chauffé par le soleil frémit, leva sa tête ronde, rabattit les oreilles, s’ébroua et décampa dans les orties.
- Le sorceleur avait rencontré, au cours de son existence, des voleurs à l’air de conseillers municipaux, des conseilleurs municipaux à l’air de mendiants, des débauchées ayant l’air de princesses, des princesses ayant l’air de vaches pleines et des rois de voleurs. Mais Stregobor avait toujours eu l’air de ce à quoi doit ressembler une magicien selon toutes les règles et toutes les représentations.
- (Geralt) : Ainsi va la vie. On voit toutes sortes de choses quand on voyage. Des paysans qui s’entre-tuent pour une borne au milieu d’un champ, que les escouades de deux régents fouleront le lendemain pour s’y massacrer les uns les autres (…) Alors pourquoi une mort qui menace quelqu’un devrait-elle me bouleverser, de surcroit, quand il s’agit de toi ?
- (Geralt) : Le Mal est le Mal, Stregobor, dit gravement le sorceleur en se levant. Petit, grand, moyen, peu importe, ses dimensions ne sont qu’une question de convention, et la frontière entre ces mots n’existe pas. Je ne suis pas un saint, ermite, je n’ai pas fait que le bien dans ma vie. Mais à choisir entre deux maux, je préfère ne pas choisir du tout.
- (Calanthe) : Ta femme est, en effet, de santé fragile. On m’a raconté que pendant les dernières moissons, elle t’a surpris dans une meule de foin avec une fille et qu’elle t’a poursuivi avec une fourche sur près d’un mille, sans te rattraper.
- (Duny) : Lorsque j’ai appris qui tu étais, dans la salle du trône, je t’ai détesté et j’ai pensé beaucoup de mal de toi. Je te prenais pour un instrument aveugle et avide de sang, pour quelqu’un qui tue froidement, sans se poser de questions, qui essuie le sang sur sa lame et compte son argent. Mais j’ai compris que le métier de sorceleur est en fait digne de respect. Tu nous défends non seulement contre le Mal tapi dans l’ombre, mais aussi contre celui qui est tapi en nous. C’est dommage que vous soyez si peu nombreux.
- (Nenneke) : Cette fois, c’est Jaskier, ton copain, ce vagabond, ce parasite et fainéant, ce prêtre de l’art, cette étoile lumineuse de la ballade et de la poésie courtoise ! Comme à l’accoutumée, auréolé de gloire, gonflé comme une vessie de cochon et puant la bière.
- (Jaskier) : Vous, les sorceleurs, vous vous privez vous-mêmes de votre gagne-pain, lentement mais sûrement. Plus vous travaillez consciencieusement, et moins vous avez de boulot. Votre but, votre raison d’être, c’est bien un monde sans monstres, un monde paisible et sûr ! Autrement dit, un monde où les sorceleurs sont inutiles. C’est paradoxal, n’est-ce-pas ?
- (Geralt) : Les gens, dit Geralt en détournant la tête, aiment bien inventer des monstres et des monstruosités. Ça leur donne l’impression d’être moins monstrueux eux-mêmes. Quand ils boivent comme des trous, qu’ils escroquent les gens, les volent, qu’ils cognent leurs femmes à coups de rênes, laissent crever de faim la vieille grand-mère, qu’ils assènent un coup de hache à un renard pris dans un panneau ou criblent de flèches la dernière licorne qui subsiste sur terre, ils aiment se dire que la Moire qui entre dans les chaumières au point du jour est plus monstrueuse qu’eux. Alors ils se sentent le coeur plus léger.
- (Filavandrel) : C’est vous, les hommes qui haïssez tout ce qui n’est pas comme vous (…) C’est pour cette raison que vous nous avez pris notre terre, que vous nous avez chassés de nos maisons, que vous nous avez repoussés dans les montagnes sauvages. Vous avez occupé notre Dol Blathanna, notre vallée des Fleurs. Je suis Filavandrel aén Fidháil des Tours d’Argent, descendant des Feleaorn des Vaisseaux Blancs; Aujourd’hui exilé au bout du monde, je suis Filavandrel du Bout du Monde.
- (Yennefer) : Tu étais pressé, préoccupé par la souffrance de ton ami, tu as forcé ma porte en assommant des gens, et pourtant tu as consacré une pensée à une femme assoiffée. En faisant cela, tu m’as émue et il n’est pas impossible que je t’aide. Mais je ne renoncerai pas à l’eau et au savon.
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