Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses. Keffria, tu remontes dans notre estime. Il était une fois Clerres.

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mercredi 20 août 2025

[Philip Pullman] Après la mort

Roger meurt de la pire des façons : il est mutilé, torturé en étant séparé de son daemon. C’est une mort atroce, une abomination pratiquée par Lord Asriel. Avec cette mort, Lyra perd son meilleur ami, une personne dont elle était proche. Sa disparition la hante.


Alors qu’elle est capturée puis plongée dans un faux sommeil par Marisa Coulter, Lyra s’enfonce dans de profonds rêves qui la mènent dans le monde des morts. Là, elle y retrouve Roger ou en tout cas une forme évanescente du garçon. On comprend alors qu’elle n’a cessé de penser à lui, qu’elle porte toujours sur ses épaules sa mort (« et Will et moi… je ne sais pas comment, Roger, mais je te jure qu’on t’aidera »). Cette idée ne repose pas sur rien. Si Roger est mort, Lyra est convaincu que c’est la conséquence de ses actions. Elle a mené Roger à la mort : « c’est moi qui l’ai emmené là-bas, à Svalbard, où il a été tué ; c’est ma faute s’il est mort ». Elle s’ouvre un peu plus en parlant à Tialys. Le fardeau qu’elle porte sur ses épaules la ronge. Elle ne se sent pas uniquement coupable, elle cherche aussi à réparer son erreur. Les mots qu’elle emploie sont clairs : « pour moi, c’est une torture et une souffrance permanentes ; je n’ai pas pu dire adieu à mon ami Roger, je veux lui demander pardon et essayer de me racheter si je le peux ».


Lyra, Will et les autres accomplissent alors un exploit. Ils pénètrent dans le monde des morts, un endroit glauque créé par la puissance religieuse, un mensonge pour ceux et celles qui croyaient au concept de paradis.

Ce que réussit Lyra étonne Roger. Leurs retrouvaille les secouent tous les deux. Roger ne s’attendait pas du tout à revoir Lyra, il ne s’attendait pas du tout à ce qu’elle se lance à sa recherche. Il est plus ému quand il lui parle : « oh, Lyra, je ne pensais pas que je te reverrais un jour… je pensais que même si tu venais ici une fois morte, tu serais beaucoup plus vieille, tu serais une adulte et tu ne voudrais plus me parler ». Car, Roger vit un long purgatoire. Le monde dans lequel il est prisonnier pour l’éternité fait tout pour le tourmenter. Il n’y a aucun espoir, aucun échappatoire possible et il faut vivre avec des harpies affreuses (« et ces espèces d’oiseaux (…) toutes tes mauvaises pensées, ils les connaissent, et ils te font honte, ils te dégoûtent de toi-même »).


Quand Lyra raconte son histoire dans le monde des morts, elle entasse autour d’elle un bon nombre de fantômes. Lyra et les autres sont une distraction bienvenue dans un monde morne, sans vie. Lyra parvient même à ranimer un peu de sensations en Roger : « seul Roger fut autorisé à rester tout près d’elle. Il la dévorait des yeux et l’écoutait avec passion ». 

D’ailleurs, Roger semble avoir compris ce que Will et Lyra n’ont pas encore compris : ils sont amoureux l’un de l’autre. Cela se voit, entre autres, à la façon dont Will se comporte avec Lyra, la façon dont Lyra parle de Will. Il y a incontestablement un lien fort entre les deux. On lit que « ses yeux brillaient d’une lueur différente tandis qu’elle racontait l’histoire de sa rencontre avec Will (…) Roger le vit, lui, avec la jalousie triste et muette des morts pour qui rien ne changeait jamais ».


Will et Lyra changent tout. Convaincu par Lyra, Will ouvre un passage avec le poignard subtil qui permet de quitter le monde des morts. Pour les captifs, c’est la promesse de la fin d’un tourment éternel, la promesse de vivre une dernière forte émotion. C’est la fin d’une monotonie annoncée. Roger est le premier mort à connaître cette expérience : il « se retourna pour regarder Lyra et, soudain, il éclata de rire, au moment où il se mettait à tournoyer dans les airs, le ciel, les étoiles… et il disparut, laissant derrière lui une explosion de bonheur ». Après de longs temps de douleur et de peine, Roger peut enfin vivre un dernier moment appréciable grâce à Lyra.

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