Le recueil de nouvelles Double tranchant nous apprend un certain nombre de choses sur Bethod : ses motivations, ses relations, ses rêves, sa façon de faire.
Bethod cherche à arrêter la spirale dans laquelle est enfermé le Nord. C'est une succession de batailles, de guerres et de morts. Et Bethod sait qu'il n'est pas apte à rivaliser avec ses propres poings. Il s'entoure donc de forts guerriers, dont le Neuf-Sanglant, et déploie sa stratégie. Il va voir les chefs des clans, Orteils-Noirs et Rattleneck par exemple, et leur propose la paix : « si on fait la paix maintenant, nous pourrons construire. J'en ai assez de ce gâchis, pas vous ? » Il tente d'expliquer à ses fils qu'il ne rentrera pas dans la légende comme ces guerriers d'antan, il veut marquer son époque d'une autre façon. Il a une envie de développer le Nord, de faire en sorte que les clans se rencontrent, non pas sur le champ de bataille, mais pour commercer. Il précise que « j'ai peut-être gagné des batailles, mais c'est par cette route qu'on se se souviendra de moi. C'est cette route qui changera le monde ». En réalité, Bethod se révèle : il est un homme politique avant tout. Il n'a pas la force physique des autres leaders. Il est là pour offrir autre chose aux gens du Nord (« la paix n'est pas l'affaire d'un seul homme. Elle te dépasse, elle me dépasse, elle dépasse ton fils et elle dépasse le Neuf-Sanglant. Nous la devons à notre peuple »).
Bethod jette un regard vif et neuf sur le Nord. Il est le premier, pas à vouloir l'unifier, mais à vouloir le faire progresser de cette sorte. Si c'est le cas, c'est parce que les leaders du passé ou actuel ne réfléchissent qu'avec leurs muscles et pas avec leur tête. On sent un certain mépris dans ses propos quand il dit à Ursi (sa femme) que « les grands guerres font rarement des grands chefs. Les hommes sans peur sont souvent dénués d'imagination. Ils utilisent leur tête comme bélier plutôt que pour réfléchir. Ils (…) choisissent le plus enfantin de la masse pour les mener ». Le parfait exemple est celui du Neuf-Sanglant, aussi connu sous le nom de Logen ou Neuf-Doigts. Même sa femme, Ursi, sent qu'il est incontrôlable, qu'il peut être un obstacle à la réalisation de ses plans. Elle le met en garde : « Neuf-Doigts est ivre de sang. Fier de ses meurtres. Chaque jour, il est moins ton ami, moins fiable, moins humain et plus animal. Chaque jour, on perd un peu de Logen en faveur du Neuf-Sanglant ». Il faut dire que la réputation du Neuf-Sanglant le précède et le place en bonne position dans le panthéon des figures historiques du Nord. Même Bethod avec toutes ses réalisations, son union des clans a du mal à rivaliser (« Bethod était peut-être chef de Carleon et d'Uffrith (…) reconnu par tous les grands chefs de guerre depuis Skarling Hoodless mais Logen Neuf-Doigts avait installé une véritable aura de peur autour de lui »). On cerne là également une faiblesse potentielle de Bethod : il a beau bien manier les mots ou avoir de belles idées, il n'aura pas la reconnaissance acquise au combat par un homme comme Logen.
Quand on rencontre Logen, il offre à chaque fois une vue hors du commun. Il ne fait même pas un effort quand il est avec son chef puisque soit il est en train de faire l'amour soit il est lancé dans un sanglant moment (« il tenait une tête par une oreille, le sang perlant toujours du cou tranché et éclaboussait le sol. La tête du fils de Rattleneck »). En tuant gratuitement le fils d'un chef de clan, Logen ne peut que compliquer la volonté de rassemblement de Bethod. Il lui met des bâtons dans les roues ; Bethod n'ose rien dire, il a peur : « rien qu'à devoir parler à Neuf-Doigts, Bethod avait les intestins en compote ». Bethod n'est pas stupide, il sait qu'il ne fera pas le poids face à cet homme, il faut le neutraliser, le tenir en laisse. Cela occupe une bonne part de ses interrogations : « Bethod s'était demandé comment tuer cet imbécile assoiffé de sang. Qui pourrait-il envoyer le faire et quand ? Des couteaux dans la nuit, et le tour serait joué ? Abattre le chien fou qu'il morde la main de son maître ».
Enfin, on a les premiers signe de l'arrangement entre Bethod et Bayaz. L'homme du Nord rencontre en effet Sulfur qui vient le voir afin de lui faire une proposition : « mon maître est un homme sage et puissant. Le plus sage et le plus puissant qui soit encore en vie, peut-être. Je suis certain qu'il pourrait vous aider avec vos difficultés ».
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