Pour Jezal, Ferro est un étonnement. Elle n'est pas comme toutes ces femmes qu'il a fréquentées, elle ne cherche pas à être charmée ou être délicate. Elle n'est même pas comme Ardee : Ardee, alcoolique, était avec lui dans un rapport charnel, de désir. Ce n'est pas du tout le cas avec Ferro. Ferro est une étrangère, une femme qui vient d'ailleurs, une femme dangereuse qui sait se battre. Sa tragique histoire l'a poussée à s'endurcir, à se méfier de tous et jeter un regard sombre sur le monde. Elle peut changer son évaluation des gens, c'est par exemple le cas avec Logen.
Dès le départ, elle a eu une opinion négative de Jezal. Elle le trouvait superficiel, trop beau, trop propre. Rien d'intéressant ne se dégageait de lui. Elle sentait qu'il ne portait qu'un bel uniforme et qu'en-dedans, il n'y avait pas grand chose. Elle remarque qu' « il était séduisant, bien fait, aussi délicat qu'une princesse ». Ferro se moque de lui, elle ne le considère pas : « Ferro ricana en son for intérieur. La petite princesse de l'Union, voilà ce qu'il était. Elle détestait les gens beaux, encore plus que les moches. On ne pouvait jamais faire confiance à la beauté ». Il faut préciser que Ferro a été enlevée très jeune et que son corps a été vendu. Elle a dû se balafrer pour cesser un tant soi peu les exactions. Lorsque Bayaz décide de partir à la recherche de la Graine, Ferro passe du temps avec le Mage, son apprenti mais aussi Logen et Jezal. Elle est taciturne mais remarquablement efficace et utile pour tuer (des humains ou des animaux) ou se battre. Elle ne parle pas beaucoup et pourtant Jezal se sent jugé, rabaissé (« Jezal avait l'impression que ses regards noirs lui étaient principalement destinés »). Lorsque Ferro parle à Jezal, on sent tout le mépris qu'elle a pour lui. Elle a bien vu son attitude, la façon dont il fuyait le combat, le fait qu'il ne pouvait supporter la vue du sang. Pour elle, c'est pathétique et elle n'hésite pas à le lui dire : « t'as qu'à le faire, si ça te chante. Tu pourrais peut-être même les enterrer dans du vomi ». Tout est bon pour rabaisser Jezal. Non seulement elle lui reproche sa façon d'être, mais en plus le jeune soldat ne fait rien pour arranger son sort. Il fait preuve d'une naïveté ou d'un aveuglement en ne se rendant pas compte de ce qui attend une jeune femme qui vient d'être capturée par des ennemis (« Qu'est ce que tu crois, pauvre idiot ? A baiser »).
Après diverses manipulations, Jezal est élu roi de l'Union. Cette décision ne peut que ravir Ferro : elle se fiche de ce pays. Surtout, elle a vu à quel point Jezal était lâche, sans force et influençable. Il n'est qu'un outil dans les mains de Bayaz. Elle assiste à l'assemblée où l’événement a lieu et son comportement détonne. Elle ne peut que rire de la situation, elle s'esclaffe. Elle vit un des rares moments de bonheur de sa vie : « Jezal dan Luthar, ce pot à pisse débordant d'égoïsme, d'arrogance et de vanité. Jezal dan Luthar, qu'elle avait surnommé la princesse de l'Union, avait une chance de finir sur le trône aujourd'hui. Ferro ne put se retenir (…) Agrippée à la balustrade, elle hoquetait, pleurait, bavait. Ferro ne riait pas souvent (…) Mais Jezal dan Luthar, un roi ? (…) Ça, c'était drôle ». Dès lors, Ferro observe le triste spectacle, c'est d'autant plus affligeant que Jezal est traité comme un bébé par Bayaz et qu'elle n'a pas beaucoup de respect pour le mage (« il ne quittait plus Jezal et tentait sans doute d'en faire un meneur d'hommes, comme tout au long de leur voyage dans les plaines, aller et retour. Le résultat était pitoyable »).
Jezal, lui, a longtemps été désarçonné par le comportement de Ferro, il a fini par s'y habituer. Pire, cela lui manque. Au moins, Ferro était franche et directe, elle ne cherchait pas à le manipuler. Quand il devient roi, Jezal se rend compte que les relations humains deviennent compliquées. L'homme qu'il était avant lui manque, surtout l'homme qui fréquentait Ferro : « il devait admettre que le manque absolu de déférence de Ferro avait un effet tonique, tout à fait inattendu. C'était comme si, il était redevenu, un bref instant, le jeune homme futile, vain, inutile et heureux de naguère ». En le traitant sans ménagement, Ferro parvient à lui faire oublier le poids de ses responsabilités. Elle se moque de savoir si il est roi ou non ; il reste un peureux.
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