Il n'est pas facile d'être un enfant dans le Nord et encore moins d'être un enfant Stark. Ned n'a que les mots devoir et honneur à la bouche. Il tente d'inculquer certaines valeurs à ses enfants, dès leur plus jeune âge. Ned sait que les Stark ont des devoirs envers le peuple, envers leur famille, envers leurs terres et pour le roi (Robert Baratheon). Tout cela mène Ned à être froid avec ses enfants, pas parce qu'il ne les aime pas, mais parce qu'il veut tirer le meilleur d'eux. Le cas Rickon en est un bel exemple. Le garçon n'a que trois ans et il est déjà attendu de lui de se comporter quasiment comme un homme (« Temps qu'il apprenne à dominer sa peur, bougonna Ned en se renfrognant. Il n'aura pas toujours trois ans. Et l'hiver vient »).
En fait, la place de Rickon dans la famille n'est pas simple ; il est le petit frère. Il est celui qu'on laisse derrière, celui qu'on ne peut pas laisser seul, celui qu'il faut surveiller. Quand Robert Baratheon est en visite dans le Nord, il décide de partir chasser avec Ned et Robb Stark. Rickon, comme les autres enfants Stark, n'est pas invité. Cela pourrait ne pas être si grave si on omettait le commentaire méprisant de Bran : « Bran se retrouva donc seul avec Jon, les filles, et Rickon. Mais Rickon n'était qu'un bambin ». Encore une fois, le côté enfantin, trop jeune de Rickon est mis en avant. Il ne servirait à rien.
La sensation d'être laissé derrière est encore renforcée quand Ned, Sansa et Arya partent pour la capitale. Jon Snow, un bâtard, n'est pas invité alors que Robb est le Stark de Winterfell et que Bran subit les conséquences de sa chute et ne peut se déplacer. Rickon reste aussi à Winterfell, car, comme le dit Ned à Catelyn, il n'est pas encore prêt (« vu son âge, tu garderas aussi Rickon »). Resté au château, délaissé par sa mère qui s'occupe de Bran, Rickon est un boulet que traîne Robb à ses pieds. Pour preuve de son inconfort avec son frère, il tente même de le refourguer à sa mère alors qu'elle est pleine souffrance : « il n'a que trois ans, il ne comprend pas ce qui lui arrive. Persuadé que tout le monde l'abandonne, il me suit sans cesse et partout, se cramponne à ma jambe en pleurant. Je ne sais par quel bout le prendre ». Les mots sont bien peu flatteurs et assez révélateurs du sentiment général.
Bran, quand il avait encore l'usage de ses jambes, critiquait la décision de Rickon de nommer son loup d'un nom enfantin (« Rickon avait choisi Broussaille d'un bébête pour un loup-garou »). On voit bien que, pour Bran, Rickon n'est qu'un gosse, qu'il est incapable de se comporter en grand. Mais, la réalité rattrape Bran ; l'infâme Jaime Lannister tente de le tuer et l'envoie voler à travers une fenêtre. Bran devient un adolescent incapable de marcher, de se défendre seul comme le montre l'incident de Bois-aux-Loups. Bran ne peut pas se battre et dans cet univers viril, c'est la preuve qu'il ne sert à rien. Il est inutile comme son frère Rickon Stark. Il pense que l'attaque « l'avait révélé démuni comme un nouveau-né, aussi incapable de se défendre que Rickon ».
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