Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses. Keffria, tu remontes dans notre estime. Il était une fois Clerres.

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Petit-Furet dans la légende

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vendredi 21 mars 2025

La place de la femme dans la culture outrillienne

L’océan n’est pas la seule chose qui sépare les Six-Duchés des gens des îles d’Outre-mer. Les deux peuples ont pourtant des points communs puisque tout laisse croire que le premier roi des Six-Duchés vient des îles d’Outre-mer. Mais, le temps a fait que les cultures se soient différenciés. Lorsque Devoir et les autres se rendent là-bas afin de chercher Glasfeu, ils plongent dans un monde qui les surprend.


La femme y occupe une place importante car leur monde repose sur la mythologie d’El et Eda. Or, Eda est la créatrice des femmes et elle a donné aux femmes la gestion de la terre. C’est ce que rappelle Arkon Sangrépée : « aux femmes, Eda a donné les îles, et nous y marchons par sa seule permission ». Avec le temps, les hommes ont fini par acquérir un rôle dans la reproduction et la guerre ; ils ne sont pas là pour administrer et faire prospérer le clan. Les terres se transmettent de la mère à la fille.


En quelque sorte, les outrîliens vivent dans une société matriarcale. C’est quelque chose qui a été digéré et intériorisé par tous ; ils ne le remettent pas en question. 


Le clan du Narval (celui d'Elliania) est géré, à ce moment du récit, par la Grand Mère. C’est une dame d’un certain âge qui semble dépassée par les événements. Elle conserve malgré tout l’autorité le temps qu’une nouvelle femme émerge (la Grand Mère a oublié les malheurs apportés par la Femme Pâle qui a enlevé sa fille). Lorsqu’elle arrive pour rencontrer Devoir, elle est incapable de marcher seule. La mise en scène choisie pour son apparition renforce au contraire son pouvoir. Elle est littéralement portée, presque sur-élevée au-dessus de son clan : « quatre hommes du Narval descendirent l’escalier et s’avancèrent, portant une petite vieille ridée dans une chaise faite de saule noueux et tendue de peaux d’ours ». Quatre homme vigoureux permettent donc à la Grand Mère de trôner sur cette assemblée.


Si la vigueur physique a abandonné la cheffe du clan et si sa mémoire semble défaillante, elle conserve malgré tout une certaine agilité avec sa langue et a quelques moments de lucidité. Tout ce qu’elle dit pourrait avoir été dit par Eda elle-même. La Grand Mère différencie bien la vision des choses des hommes de celle des femmes (« Important, important ! Pour un homme, peut-être, mais que savent les hommes »). On pourrait presque dire qu’elle pense que les hommes s’intéressent à des choses futiles, sans importance. Elle poursuit en disant que ce qui est important est la culture de la terre et le développement (en nombre) du clan ; le reste importe peu. Les mots employés ensuite laissent peu de place au doute : « que savent-ils de la tonte des brebis, des récoltes des jardins, du nombre de tonneaux de poisson en saumure et de panne de porc qu’il faut pour l’hiver ? » 

Les hommes font la guerre, les femmes gèrent la terre. 

Lorsque Devoir se présente à l’assemblée, c’est aux femmes qu’il parle. Il dit « je me présente aux mères du clan du Narval et leur prie de m’accorder l’autorisation de joindre ma lignée à la leur ». Il a bien compris où était le pouvoir, qui détenait le commandement.


Mais, le clan du Narval fait face à une tragédie. On a vu qu’il était géré par la Grand Mère et que sa fille était absente. Elle a été enlevée par la Femme Pâle. Pour Elliania, c’est une réelle tragédie, une disparition qui pourrait remettre en cause la survie de son clan. En effet, tout le clan repose sur l’existence d’une cheffe ; or, la Grand Mère est en fin de course et sa mort marquerait sans doute la fin du clan. Elliania semble assez claire à ce sujet : « si elle venait à disparaître, le coeur de notre maison maternelle s’en trouverait anéantie et ma famille cesserait d’exister (…) Qu’est ce qu’une maison maternelle sans mère ? » La question est posée et importante. Sans mère pour la mère, un clan contreviendrait aux enseignements d’Eda.


Bien éduquée, Elliania adhère à ce point de vue (« Un garçon ensanglante son épée pour devenir un homme, non ? Par sa capacité à tuer, il annonce qu'il est achevé. Ce qu'on homme peut prendre par l'épée, une femme peut le donner par sa seule chair : la vie »). Avoir ses règles est fondamental dans la culture outrîlienne. Cela fait de vous une femme et, dans le cas d’Elliania, cela la légitime vis-à-vis des autres femmes qui pourraient revendiquer sa place dans la lignée du clan. Jusque là, Elliania était moquée, presque vue comme une gamine, notamment par Lestra, une rivale. Cette dernière moquait sa timidité, son inexpérience. Or, ayant eu ses règles, Elliania s’affirme enfin. On sent sa fierté et son changement quand elle dit que « j’ai versé mon premier sang. Je puis faire naître la vie en moi. Je me présente devant vous, désormais femme ». Elliania a donc changé de statut. Elle n’est plus une enfant. Elle a désormais le contrôle de son corps et elle pourrait coucher avec Devoir si elle le désire (« chez moi, une femme se donne comme elle le souhaite ; ça n’a pas de rapport sur le fait d’être mariée, ou d’être une épouse comme tu dis »). Notons que si elle ne le fait pas, c’est uniquement parce que Devoir doit relever un défi avant (apporter la tête de Glasfeu).

Pour les gens des Six-Duchés, il faut s’acclimater à ce changement culturel. Umbre, bien souvent renseigné, les prévient : « elles n’ont pas les mêmes coutumes que nous sur la chasteté et on a demandé à nos gardes de rester prudents mais non de glace (…) approcher une femme qui n’a pas d’abord manifesté son intérêt constituerait une infraction aux règles de l’hospitalité ». La femme choisit et dispose. C’est elle qui porte le futur enfant et c’est elle qui décide la personne qu’elle estime de valeur pour être le père. Peottre résume bien la chose quand il questionne : « comment un homme pourrait-il oser s’opposer à la volonté d’une femme ? »


Les outrîliens n’ont pas oublié la guerre menée par les Pirates rouges. Ils en ont souffert également puis Kebal Paincru a enlevé bon nombre d’hommes et de femmes pour arriver à ses fins. Mais, Paincru a perdu la guerre et il a laissé les îles sans réponse lors de la vengeance des duchéens. Dans la culture populaire outrîlienne, c’est la reine Kettricken qui a impulsé cela. Devoir nous apprend que « elle leur a inspiré une révérence sans bornes d’avoir su non seulement préserver son royaume mais encore porter le fer chez eux sous la forme de dragons ». Kettricken arriverait donc à combiner le rôle de chef de clan et de grande guerrière.


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