Qu’est-il arrivé aux dragons ? Où sont passés les Anciens ? C’est la question que l’on peut se poser en arrivant à la fin de la Reine solitaire. En effet, Fitz découvre des statues d’immenses dragons de pierre, il met les pieds grâce à l’Art dans une ancienne cité des Anciens (Kelsingra). Tout cela laisse à croire qu’il y a eu, à une époque, une puissante civilisation maintenant disparue. Le retour de Tintaglia dans les Aventuriers de la Mer conforte cette idée. Tintaglia a des souvenirs incomplets, elle ne parvient pas à se rappeler ce qui a pu causer la fin des dragons ; c’est étonnant car les dragons conservent les souvenirs de leurs ancêtres.
Il faudra attendre les Cités des Anciens pour avoir des premières réponses.
L’aventures des Cités des Anciens se passent le long des Rivages maudits et du fleuve des Pluies. C’est une zone périlleuse et dangereuse, où la nature est hostile. On comprend très vite que les gens qui y vivent se sont habitués aux éléments, ils savent qu’il faut prendre en compte le risque fréquent de tremblements de terre.
C’est Alise, une jeune femme venant d’une famille de Marchands et particulièrement intéressée par les dragons et l’histoire du territoire, qui apporte quelques éclaircissements. Elle relaie des hypothèses pouvant expliquer la disparition des dragons : « on suppose qu’il s’est produit un séisme puissant ou un désastre de même nature (…) quand la ville a été ensevelie, les dragons se sont retrouvés enterrés avec elle ». L’idée n’est pas farfelue puisque elle repose sur la réalité. En effet, il y a bon nombre d’endroits ensevelis qui, d’ailleurs, constituent la richesse des gens du Désert des Pluies. Ils creusent, fouillent pour ramener des choses des Anciens et les vendent ensuite. En arrivant à Kelsingra, Alise a la certitude qu’un puissant séisme a bien eu lieu et a eu des conséquences certaines (« Alise, au bord de cette profonde entaille bleue, avait contemplé l’abîme apparemment sans fond ; était-ce qui avait tué la cité, ou bien le séisme s’était-il produit bien plus tard ? »)
Dans la deuxième partie de la saga de l’assassin royal, on se rend compte que des rumeurs ont essaimé partout dans le monde et que les légendes ont voyagé. Les différents peuples ne sont peut-être pas au courant de la nature des Anciens et de leur disparition mais la question des tremblements de terre et de l’effondrement revient souvent.
C’est par exemple la reine Kettricken qui évoque les Montagnes. Autrefois, il est clair que les Montagnes faisait partie du Royaume des Anciens. La route d’Art, les vestiges de pierre permettant de voyager en sont de bons indicateurs. Il n’est donc pas étonnant d’apprendre que le folklore montagnard contient des légendes sur ce thème : « nous avons de nombreuses histoires sur ce sujet dans mon royaume d’origine. La terre tremble, et l’un des mots de feu s’éveille et crache de la lave et des cendres, obscurant parfois le ciel et charge l’air de fumée suffocante ».
Si on prend comme référence les piliers d’Art, les terres des Anciens (et plus précisément) des dragons semblaient aussi comprendre les îles d’Outre-Mer. Lorsque Glasfeu s’est retrouvé le dernier dragon encore en vie, il n’est donc pas étonnant de voir qu’il s’est enfui (avec en plus la forte suggestion et la perversité des Serviteurs de Clerres) et a sombré lentement dans les glaces d’Aslevjal. Glasfeu est alors devenu un élément de coutume et de traditions de la région, et il semblerait que la présence du dragon ait donné lieu à des rumeurs fortement inspirées par les séismes. Ainsi, on peut lire que « les Outrîliens affirment que, quand des tremblements de terre ébranlent leur archipel, c’est à cause de Glasfeu qui se retourne et s’agite dans ses rêves hivernaux, au fond de sa tanière de glace ». La situation est presque ironique : les dragons ont disparu à cause, entre autres choses, des tremblements de terre et c’est Glasfeu qui causerait des tremblements de terre qui dérangeraient les humains.
Alors qu’il revient à la vie, Glasfeu produit une sorte de détonation dans l’Art et Fitz qui est proche de lui et sensible à sa magie peut partager certaines de ses pensées. Fitz comprend alors ce qui est arrivé aux dragons : « les dragons et la plupart de leurs serviteurs, les Anciens, avaient péri lorsque la terre avait tremblé, s’était fendu, et que les montagnes avaient vomi de la fumée, du feu et des vents empoisonnés ».
La saga du Fou et de l’assassin offre le point de vue de nouveaux personnages qui nous en apprennent beaucoup sur ce qui est arrivé aux Anciens.
En faisant un rêve, Abeille nous donne de premiers indices. C’est un rêve réaliste et étouffant qui a trop l’apparence de la réalité. Surtout, Abeille est un Blanc, possiblement à la fois un Prophète Blanc, un Catalyseur et le Destructeur. Ce dont elle rêve est donc important. Elle a le souvenir que « la terre tremblait, et sous une pluie noire torrentielle, des dragons s’étouffaient et tombaient du ciel, les ailes déchirées ». Les tremblements de terre ont donc fracturé la terre, changé le climat. Les dragons n’ont pas pu lutter contre leur puissance.
Kanaï, lui, est un nouvel Ancien, un adolescent désoeuvré qu’un dragon a choisi comme compagnon. Il confirme le rêve d’Abeille puisque le dragon Gringalette parvient à faire émerger les souvenirs enfouis en elle. Kanaï témoigne : « j’ai partagé les souvenirs de l’un sur le cataclysme inconnu qui a détruit la cité ; par ses yeux, j’ai vu la terre trembler et ses semblables s’enfuir - mais s’enfuir où ? »
Alors qu’elle est captive à Clerres, Abeille a la confirmation de ce qui s’est passé. Capra, une des Quatre, se vante de savoir ce qui s’est déroulé. Les Serviteurs, en compétition avec les dragons et les Anciens pour la domination du monde, savaient qu’un drame allait se produire et ont laissé faire, ont laissé les cités des Anciens être détruites. Capra raconte : « la montagne qui explose en gerbes de feu, les tremblements de terre qui ont dévoré les cités des Anciens et les vagues géantes qui ont mis fin à leur emprise sur le monde ».
Anciens et dragons n’ont donc pas été vaincus par des ennemis, c’est la nature qui s’est chargée d’eux.
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