Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses. Keffria, tu remontes dans notre estime. Il était une fois Clerres.

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lundi 16 mai 2022

[Joe Abercrombie] Jezal, un roi ?

L'Union est mal en point : les troubles grandissent en interne, la situation aux frontières est tendue. La stabilité est d'autant plus menacée que le Roi est mort tout comme ses héritiers. Lors d'un Conseil Public, Bayaz propose Jezal qui est non seulement, selon les rumeurs, une fine lame et un vaillant combattant. C'est en tout cas la légende que Bayaz s'est employé à broder autour de lui et qui repose sur beaucoup d'exagérations et de tricheries. Ceux qui ont côtoyé Jezal de près savent que la réalité est toute autre. Ainsi, Ferro a voyagé vers le bout du monde avec Jezal (et d'autres) : elle a pu voir la lâcheté et la faiblesse de celui qui deviendra roi. Ferro est présente dans les gradins lorsque Baya soumet la candidature de Jezal. La réaction de Ferro est sans équivoque, elle montre tout ce que la femme pense de cet homme : pas grand chose. Elle qualifie Jezal avec des termes bien peu amènes ("Jezal dan Luthar, ce pot à pisse débordant d'égoïsme, d'arrogance et de vanité"). Si Ferro peut se permettre d'employer des qualificatifs aussi forts alors que la situation est loin d'être drôle, c'est qu'elle se moque clairement du sort de l'Union. Au contraire, elle est ravie de voir que les gens de ce pays qui ne lui ont pas permis d'assouvir sa vengeance et qu'elle exècre vont être mal en point avec Jezal ("agrippée à la balustrade, elle hoquetait, pleurait, bavait. Ferro ne riait pas souvent (...) Mais Jezal dan Luthar, un roi ! Ça, c'était drôle").

Les premiers pas de Jezal en tant que roi sont difficiles. Il sait son incompétence, il a conscience que les autres le regardent de haut. Il se considère comme un imposteur, comme un homme qui ne sait pas quoi faire. Dans sa tête, il imagine les paroles de ses conseillers, des paroles forcément négatives et dévalorisantes. Marovia penserait qu'il "vaudrait peut-être mieux la fermer et éviter de gêner les grandes personnes" alors que Tolichorm s'interrogerait ("comment parviens-tu à t'habiller seul, compte tenu de ton incommensurable ignorance ?") Heureusement, Jezal parvient à gagner un peu de courage et de respectabilité en tenant tête à ses conseillers et en prononçant des insultes lors d'un conseil restreint. Cela devient sa ligne de conduite : il est téméraire, se montre au premier plan. Lorsque les Gurkiens arrivent et menacent Adua, la capitale de l'Union, il décide de mener les charges. Mais, là, ce n'est pas les remontrances de ses conseillers mais celles de Bayaz. Le vieux Mage n'est pas un homme indulgent, il n'est pas là pour voir tout l'investissement qu'il a mis en Jezal disparaître en quelques secondes : "est-ce que le peu de cervelle que le destin a bien voulu vous laisser s'est transformé en merde ?"

Les Gurkiens repoussés, Jezal a gagné en confiance. Il tient une nouvelle fois tête à Bayaz qui veut que le roi obéisse aux ordres de Sand dan Glokta. Toutes les prétentions de Jezal s'envolent quand Bayaz le remet à sa place et lui rappelle qu'il ne serait rien sans lui. Bayaz menace : "tu dois savoir que j'ai des solutions de repli. Même les rois peuvent connaître des morts accidentelles (...) Je t'ai créé à partir de rien. Je t'ai sorti du néant. Et je n'ai qu'un mot à dire pour t'y faire retourner". Pour Jezal, c'est la confirmation qu'il est un faux roi, une potiche que d'autres manipuleront. L'humiliation est d'autant plus forte pour Jezal quand il apprend qu'Ardee, une femme qu'il a aimée, va épouser Sand dan Glokta. Il doit donc se soumettre à un homme qui lui a pris son pouvoir et son amour.

Dans le premier tome de l'Age de la Folie, un soupçon de haine, quelques années ont passé. L'union s'est industrialisée, la technique se développe, la banque étend ses tentacules et Jezal est toujours une marionnette. Il le sait et il tente de l’enseigner à son fils, le prince Orso ("un jour, tu comprendras mon fils. Plus on est puissant, moins on peut vraiment influer sur les choses"). Mais, Orso est un jeune homme qui rêve de gloire et faire ses preuves. Il veut assurer sa légitimité en tant que futur roi et il est perplexe de la façon dont Jezal tolère les actes de Bayaz. Il veut se dresser face au Mage jusqu'à ce que Jezal l'avertit : "tu n'as jamais vu de quoi cet homme est capable. Orso, promets-moi de ne jamais le défier". On comprend alors que toute la politique de Jezal a consisté à plaire à Bayaz et non pas à servir son peuple ou son pays. Même la mort de Jezal est suspecte puisque ses proches disaient qu'ils n'avaient pas l'air si mal que ça, physiquement en tout cas ("il ne donnait pas l'impression d'être malade" et "je lui ai parlé hier soir et il semblait en pleine forme"). Sa mort est-elle naturelle ? A-t-il été éliminé par Bayaz ? La réponse reste floue.


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