Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses. Keffria, tu remontes dans notre estime. Il était une fois Clerres.

Article épinglé

Petit-Furet dans la légende

Il existe des personnages qui paraissent anodins et qui ont un grand impact sur l’histoire. Il existe des personnages qui accomplissent des ...

samedi 30 avril 2022

Les Pie contre les Loinvoyant

Contrairement à l’Art, la maie du Vif (péjorativement appelée magie des Bêtes) est mal vue. Elle est considérée comme une abomination par les gens des Six-Duchés. Les Loinvoyant, jusqu’au règne de Kettricken, ne font rien pour arranger ça. Alimenté par sa haine de Fitz, Royal traque les gens qui ont le Vif et les jette dans son Cirque où ils s’entre-tuent pour son amusement. Umbre dit même à Fitz que c’est dans la tradition des Six-Duchés de traquer les pratiquants du Vif. Mais, un jour ou un autre, les opprimés se soulèvent et c’est ce qui se passe dans le second cycle de l’Assassin royal. Un groupe se forme, prend le nom de Pie et mène des actions radicales, violentes. Ils ne veulent pas seulement la reconnaissance de leur magie, ils veulent porter un dur coup au trône et à la couronne des Loinvoyant.

Si les Pie sont aussi vindicatifs et énervés, c’est que bon nombre de gens doués du Vif sont massacrés, tués dans des conditions ignobles. La tradition permet de les tuer, de les battre, de les faire souffrir. Cela ne remonte pas à Royal, c’est quelque chose qui est bien ancré dans la société, à un point que l’horreur ne choque pas les gens. Heur, au début du tome le Prophète blanc, n’a vécu qu’à la ferme avec Fitz, il est tenu loin de la cruauté qui peut régner dans les Six-Duchés. Il n’est donc pas étonnant de le voir révolté et choqué lorsqu’une femme est punie pour avoir le Vif (« on y a traîné une femme couverte de bleus et de sang. On l’a attachée à un poteau, et j’ai cru qu’on allait lui donner le fouet (…) Un homme s’est avancé et a lu un document à voix haute, puis il s’est écarté et la foule a lapidé la femme »).

Si Fitz n’était pas de sang royal, il aurait fini découpé en morceaux du temps où Royal l’a torturé (la nef du crépuscule). Tous n’ont pas la chance d’être protégée par une belle lignée : Laudevin, un de leaders des Pie, a de la rancœur depuis ce que sa mère et son père ont vécu. Il explique qu’ « elle était encore vivante lorsque la hache l’a découpée en morceaux qu’on a jetés au feu. Quand à mon père, ma foi, je suis convaincu que le temps que les soldats de Royal Loinvoyant ont mis à exécuter ma mère sous ses yeux a dû lui sembler durer des années ».

Lorsque Devoir est enlevé par des Pie, Umbre et Kettricken demandent à Fitz de retrouver le Prince. Accompagné du Fou et de Laurier (une proche de Kettricken), ils partent à la recherche du jeune homme et finissent par capturer un jeune individu vifier. Le captif se rend compte que Fitz a le Vif et ne comprend pas pourquoi il agit ainsi. Certes, par le passé, des Vifiers se sont laissé acheter… Il insiste, questionne Fitz, tente de faire vibrer sa corde sensible (« quelle récompense vous a-t-on promise, à votre loup et à vous, si vous rameniez le prince ? (…) Ceux qui vous ont payé ont-ils juré de vous laisser la vie sauve, à vous et à votre famille, si vous meniez votre mission à bien ? Ils ont menti, croyez-moi. Ils mentent toujours »). Cette déclaration suffit à elle seule à montrer que les deux camps ont des positions irréconciliables. Il y a eu trop de sang versé, trop de morts pour se rapprocher. Laudevin fait preuve de la même perplexité lorsqu’il rencontre Fitz. Il ne comprend pas que l’homme en face de lui ne prenne pas position, traque les gens ayant le Vif (« vous réjouissez vous de ce que nous subissons, des flagellations, des pendaisons, des démembrements et des incinérations ? Pourquoi soutenir cet état de fait ? »)

Fitz n’est pas le seul menacé ; il n’est pas le seul à subir des intimidations, à être la victime de la façon binaire dont les Pie voient le monde. Laurier n’a pas le Vif mais vient d’une famille de Vifiers. Elle explique à Fitz que les Pie sont les plus extrêmes, qu’ils rejettent même ceux qui se disent du Lignage (des cerviens ayant le Vif et qui vivent tranquillement, sans vouloir imposer leur magie à d’autres) : « selon eux, les gens du Lignage doivent choisir : ou bien faire cause commune avec eux, ou bien être éliminés de la communauté ». La situation de Laurier est d’autant plus compromise du fait de sa situation et de sa proximité avec la Reine Kettricken. Elle est une cible facile et évidente (« les Pie savent qui je suis et où je vis, et je les ai doublement trahis à leurs yeux. Par la famille dont je suis issue, ils me considèrent comme du Lignage, or je sers le régime Loinvoyant qu’ils haïssent. Ils me tueraient s’ils en ont l'occasion »).

Fitz est également menacé. Le fait que Fitz Loinvoyant ait le Vif est une information bien répandue dans les Six-Duchés. Pour certains, il est une fierté, pour d’autres une abomination. Beaucoup de gens, quasiment la totalité de la population le croit mort. Mais, les Pie ont découvert qu’il est vivant et s’en servent pour faire pression sur les Loinvoyant (« le Bâtard-au-Vif est vivant (…) Vous l’abritez tandis que vous laissez d’honnêtes gens mourir parce qu’ils sont du Lignage (…) Peut-être mettre vous un terme à ce massacre lorsque nous vous aurons infligé la douleur de perdre un être cher »). La menace est claire et prend forme lorsqu’ils enlèvent Devoir. Fradecerf, une membre des Pie, justifie cet enlèvement : « ceux qui cherchent notre perte inventent de toutes pièces des torts et des préjudices que nous leur aurions causés (…) Si la Reine voit peser sur son fils la même menace que ma mère sur le sien, peut-être prendra-telle des mesures plus énergiques en notre faveur ». Car Kettricken a beau prendre des mesures pour améliorer le sort des vifiers, les choses changent très peu.

L’enlèvement de Devoir se solde sur un échec pour les Pie. Devoir retourne à Castelcerf et son secret (il a le Vif) est éventé. Malgré tout, les Pie continuent d’observer le prince, de l’espionner. Ils ont des gens sur qui ils font pression pour espionner : Lourd le serviteur d’Umbre est un espion involontaire du fait de sa candeur, Civil n’a pas d’autre choix que d’espionner Devoir s’il ne veut pas que trop de mal soit fait à sa mère. Laudevin est sans pitié avec Civil, il se moque de sa naïveté, de sa tendance à croire les mensonges du trône (« tu crois aux fausses promesses de la reine montagnarde ? Tu la crois vraiment prête à nous écouter, à prendre les mesures nécessaires pour améliorer notre ? Peuh ! » on sent bien là tout son dédain, tout son mépris.

Kettricken prend les choses en main. Elle organise des négociations entre le Lignage et la Couronne. Elle envoie Devoir pour parlementer alors que des vifiers sont accueillis à Castelcerf. Par mi eux se trouve des Pie qui sont nécessairement plein d’émotions et de ressentis mais aussi des gens plus mesurés et raisonnables comme Trame. Ils répètent leurs histoires, montrent bien que tout cela est du vécu et qu’on peut difficilement passer outre les traumatismes qu’ils ont vécu. La responsabilité des Loinvoyant paraît difficilement niable. Le témoignage de Mercuroeil est ainsi saisissant et produit son effet (« elle parla des assassins de sa famille (…) Trame paraissait abattu et attristé, et les traits de ma reine se figèrent peu à peu tandis que ceux d’Umbre semblaient sculptés dans la pierre (…) la femme exigeait une vengeance et un châtiment beaucoup trop extrêmes pour qu’on songeât seulement à les lui accorder »). On voit bien que les positions sont difficilement réconciliables, d’autant plus lorsqu’on entend ce que réclament les Pie (« que les sanctions soient exactement proportionnés au crime ! Pour un père tué, qu’un père meure ; pour une mère, une mère ; pour un enfant, un enfant ! »

Fitz se rend compte que Mercuroeil tente de raviver la colère de ses pairs. Elle est pleine de rage, elle ne peut dépasser ce qu’elle a vu, ce qu’elle a vécu. Le traumatisme perdure : « avez-vous oublié les hurlements de vos cousins, les amis à qui vous rendiez visite et dont vous ne retrouviez comme seule trace qu’un tas de cendres près d’une rivière ? » D’autres sont plus mesurés, c’est le cas de Trame et aussi de Civil. Lui a ouvertement le Vif et pourtant il continue de fréquenter Devoir, les Loinvoyant ne l’ont pas jeté en prison. Il témoigne et s’offusque de la radicalité de certains (« Renverser les Loinvoyant ? Quelle idée de génie ! Éliminez la seule reine qui ait jamais tenté de mettre un terme aux exécutions »).

Kettricken prend les choses en main. Elle met en place des mesures symboliques (un clan du Vif va accompagner Devoir dans sa quête de Glasfeu) et légales (« aucune exécution ne pouvait légalement avoir lieu sans l’aval de la maison régnante de chaque duché (…) les ducs et les duchesses avaient l’obligation d’étudier personnellement chaque cas »). on comprend bien qu’éliminer des siècles de massacres et de persécution ne sera pas facile, mais qu’en obligeant chaque accusation à passer devant un noble, elle espère réduite le nombre de morts, de fausses accusations.

Et à son retour d’Aslevjal, Fitz se rend compte qu’il y a eu des purges dans les rangs du Lignage. Des accusations gratuites ont continué à être proférées et en plus contre des gens influents. Mais cela est allé plus loin : les modérés du Lignage ont décidé de faire ménage et traquer les Pie (« nous avons entrepris de nettoyer notre maison, et la pollution dont nous devons débarrasser notre sang nous fait honte. Détournez les yeux, nous vous en implorons, tandis que nous éliminons de nos lignées ceux qui les déshonorent »). Du sang, des morts et des tueries gratuites. Si la situation des gens du Vif semble s’améliorer à la fin du deuxième cycle de l’assassin royal, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire