Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses. Keffria, tu remontes dans notre estime. Il était une fois Clerres.

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Petit-Furet dans la légende

Il existe des personnages qui paraissent anodins et qui ont un grand impact sur l’histoire. Il existe des personnages qui accomplissent des ...

mercredi 20 avril 2022

Un autre point de vue sur Royal

Dans la série des livres de l’assassin royal, il y a bon nombre d’antagonistes : La Femme Pâle, Dwalia, les Dragons et Royal. Ce dernier est un Loinvoyant, il est l’oncle de Fitz. Lorsqu’on le rencontre pour la première fois, il fait preuve de rejet envers Fitz, ce déclenche de l’antipathie de la part du lecteur. Très vite, on découvre qu’il est ambitieux. Plus l’aventure progresse et plus Royal montre qu’il est prêt à tout pour conquérir le pouvoir. Il intrigue, il trahit, il tente de tuer. Et il réussit puisque Royal est couronné Roi des Six-Duchés. Si Royal est convaincu que la couronne est sienne, c’est parce que sa mère, la Reine Désir, a depuis son enfance poussé pour qu’il en soit convaincu. Elle ne fait que lui répéter qu’il est de meilleur sang que ses frères (Vérité et Chevalerie), que Subtil fait tout pour lui mettre des bâtons dans les roues. La Reine Désir, elle-même influencée par les drogues, persuade Royal que la royauté ne fait que des mauvaises décisions : les duchés côtiers engloutissent tous les fonds du royaume, admettre Fitz à la cour a été une erreur (« ma mère, la reine, ne vous approuvera sûrement pas. En choyant le gamin, vous allez donner l’impression que vous le reconnaissez, ça va lui donner des idées, ainsi qu’à d’autres »). Désir instille à Royal la crainte de ses frères, elle ne cesse de lui rappeler que c’est un endroit hostile. Et c’est également ça qui poussera Royal à être aussi intransigeant avec ses frères. La trilogie du Fou et de l’Assassin s’ouvre avec une lettre que Désir écrit à une amie, on y apprend que « si ce n’était que moi, je quitterai la cour, mais alors Royal se retrouverait sans personne pour le défendre ». Le message est clair : l’environnement est hostile.

Certaines personnes tentent de convaincre que Royal n’est pas si méchant que ça. Ils relativisent ce qu’il a fait, ils jettent un nouveau voile sur ses actions. De façon assez surprenant, c’est le cas d’Umbre. Le maître espion semble être plongé dans une forme de déni, il refuse de croire qu’un Loinvoyant puisse s’en prendre à un autre Loinvoyant. Umbre montre une naïveté assez consternante lorsqu’il dit à Fitz que « nous avons juré de soutenir le roi légitime de la lignée des Loinvoyant – même s’il s’agit de Royal (…) J’ai vu des princes plus stupides que lui acquérir de la sagesse avec l’âge ». A ce moment du récit, Umbre est donc prêt à soutenir Royal : est-ce un réel soutien ? Sans doute a-t-il peur que le royaume ne puisse gérer en même temps une attaque des Pirates Rouges et une guerre civile.

Lorsque Fitz rencontre la Femme Pâle, elle revient sur la période Royal. Elle présente à Fitz sa vision du règne de Subtil, de la guerre des Pirates Rouges. Elle lui expose ce qu’auraient pu être les choses sous un angle différent. Ses paroles ne sont pas désintéressées, elle fait ça pour attirer Fitz dans son camp. Elle arrive malgré tout à justifier les actes et les décisions de Royal. Comme souvent avec les Prophètes blancs, on sent que les motivations des gens sont poussées par des forces qui les dépassent, qu’ils sont condamnés à agir : « il sentait au fond de lui l’improbabilité de votre existence, la rareté d’une naissance comme la vôtre dans l’entrelacs des fils du temps, et, instinctivement il voulait vous éliminer pour permettre au monde de suivre la voie prévue ».

D’autres choses ont motivé Royal : la jalousie, l’envie, la conviction que tout devait lui revenir. Fitz se rend compte que Royal est jaloux de Vérité et Chevalerie. Il finit par comprendre que ce qui a motivé Royal est de ne pas avoir été traité comme ses frères. Eux avaient tout et lui rien : « Chevalerie et Vérité toujours ensemble, toujours plus âgés que lui, toujours plus grands que lui, toujours à se croire supérieurs à lui alors qu’il était de plus haute lignée qu’eux et qu’il aurait dû hériter du trône en tout légitimité. » Tout cela aurait-il pu être évité si les frères s’étaient mieux entendu ? Est-ce que cela suffit à justifier le meurtre de Chevalerie et les tentatives d’assassinat envers Vérité ? La réponse ne peut être que négative pour le lecteur. Pour Royal, les choses sont différentes : il sent spolié, il se sent rejeté, il est convaincu qu’on intrigue contre lui, qu’il y a un complot contre lui. La quête des Anciens de Vérité en est un bon exemple : il appuie la recherche dans un premier temps car cela éloigne son frère du trône. Puis, ne voyant pas Vérité revenir, il se persuade que son frère a organisé un coup monté pour s’emparer d’une ressource précieuse (Le Fou : « Dans son esprit, dominer les Anciens lui revient de droit et tu tentes de l’en priver. Il est persuadé d’être du côté du bon droit et de la justice en essayant de te tuer »).

Le peuple, lui, ne rejette pas Royal dans un premier temps. Ce que les gens voient est que les Six-Duchés sont attaqués, que Subtil n’est plus bon à rien, que Vérité est partie pour une vaine quête, que Kettricken est une étrangère. Il ne reste que Royal pour défendre le royaume. C’est le dernier Loinvoyant qui reste et tous les succès, même ceux des autres, lui sont attribués. Lorsque Kettricken se rue avec des soldats pour sauver la ville de Finebaie, c’est Royal qui est remercié. Mijote, la cuisinière de Castelcerf, ose dire à Fitz que «  Royal, lui est resté. Il est resté pour s’occuper du roi et protéger les cotes du mieux qu’il peut. Vérité n’est plus là, mais Royal est encore avec nous – et Finebaie n’est pas tombée aux mains des pirates ». Malheureusement, la suite de la guerre lui donnera tort. Mais au-delà des témoignages, ce qui reste dans la mémoire collective, ce sont les chants des ménestrels. Celsu Mains-Agiles vante le règne de Royal, son courage, sa résilience, sa détermination : « le prince, désormais roi, ne recula point devant sa tâche / ses frères morts ou en fuite, il dut coiffer / la lourde couronne. A lui incombèrent le deuil et la protection. Le dernier fils / le fils loyal, le brave prince devint le souverain du royaume ébranlé et troublé ». Bien entendu, d’autres chants contestent sa vision des faits, beaucoup qualifient Royal d’Usurpateur. Il est décrit comme un traître qui a voulu tuer Kettricken, d’autres mettent en avant le retour de Vérité et des Anciens. Mais dans ce chant, on sent bien la compassion pour Royal : il a dû porter un lourd fardeau sur ses épaules, il a dû le faire seul et sans le soutien de sa famille.

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