Dans le chaos que génère la guerre, un homme, Brand, essaie de mener sa vie. Ce n’est pas simple pour lui car il est marié à une redoutable guerrière, Épine Bathu, qui est en plus bien plongée dans les intrigues politiques et de combat. Certains événements et certains personnages évoluent alors autour de lui et ont un impact sur sa vie.
Dans la ville de Thorlby, Brand est un forgeron. Son apprenti, Koll, couche avec sa sœur (Rine). Seulement, Koll est déjà promis à un autre avenir : Père Yarvi le forme. Il ne peut donc avoir deux allégeances à la fois. Koll ne sait pas qui choisir. En attendant, il passe du temps en cachette avec Rine en se moquant plus ou moins du fait que Brand ne se rend pas compte de ce qui se passe (« Dieux que Brand était aveugle. Puissant, loyal et aussi fiable qu’un cheval de trait, mais il n’était pas très doué pour voir ce qu’il avait sous le nez. Être marié à Épine Bathu avait dû lui apprendre à laisser passer un grand nombre de choses »). On a là une bonne description de ce qu’est Brand pour Koll, et sans doute aussi pour le lecteur. Il est sous-estimé, on le réduit à sa simple force physique, en mettant de côté ses capacités intellectuelles. Mais, très vite, Koll comprend qu’il a été médisant, Brand sait ce qui se passe. En réalité, Koll a peur de Brand, de ses réactions. Il sait que Brand peut le fracasser en deux si il le souhaite. Contrairement à Koll qui dissimule la vérité et refuse l’affrontement, Brand va droit au but. Il confronte Koll quant à ses pratiques (« je ne suis pas l’homme le plus perspicace de Thorlby, Koll, je le sais. Mais tu me prends pour quel genre d’imbécile ? »). Brand a conscience de ses limites, il appuie dessus à chaque fois qu’il parle. Cela pousse peut-être ses interlocuteurs à mal le juger. Il insiste d’ailleurs auprès de Koll en disant que « les dieux savent que je ne suis pas un sage, mais si j’ai appris une chose, c’est que dans la vie rien n’est parfait ». A sa façon, Brand est un homme intelligent. Il ne se lance pas dans de grandes envolées lyriques mais il est capable d’appuyer avec des mots là où ça fait mal.
Brand est marié à Épine, une redoutable guerrière. Épine n’est pas très expressive, elle n’a pas de grands signes d’amour en public. Elle le sait et elle est attristée pour Brand. Elle ne pense pas qu’il mérite mieux ou autre chose car elle l’aime, mais elle est désolée de ne pas pouvoir lui donner plus (« e t’aime. Et je suis désolée. D’être comme ça »). Par amour pour Brand, Épine décide d’aller parler à Koll : elle sait qu’il couche avec Rine, elle pense que Brand n’haussera pas la voix (« Brand ne parle pas assez fort. Il laisse tout passer. Les dieux savent qu’il le faut, pour qu’il me supporter »). A leur façon, Brand et Épine sont là l’un pour l’autre.
Profitant de l’absence des combattants, Yilling attaque Thorlby et répand la mort. Des habitants sont tués et Brand est parmi eux : « Brand avait toujours paru si calme si fort, aussi solide que le roc sur lequel était bâti Thorlby. Il ne pouvait pas être mort. C’était impossible ». La mort de Brand a un fort impact sur les gens qui l’ont connu. Épine se lance dans la vengeance, torture un soldat capturé. Elle est colérique, son regard terrifie ceux qui la côtoient, ils se rendent compte à quel point elle est dangereuse et meurtrière (« la jeune guerrière avait les traits crispés par la colère et Skara osait à peine la regarder, et encore moins la toucher »). Même les leaders sont touchés : « Uthil serra le poing sur son épée. Père Yarvi écarquilla les yeux, et se voûta sur son tabouret ».
Koll, lui, continue d’hésiter entre Rine et Yarvi. Apprenti de ce dernier, il pense que Brand aurait pu rester en vie si d’autres choix avaient été faits. Il s’en ouvre à Yarvi qui, s’il est marqué par les paroles de Koll (« Père Yarvi eut soudain l’air bien plus vieux qu’il ne l’était. Vieux, malade et courbé sous le poids de la culpabilité »), lui rappelle que gouverner nécessite de prendre des décisions difficiles et douloureuses. Si Yarvi est si affecté par la mort de Brand, c’est parce qu’il en est en partie responsable comme le découvre Skara. Yarvi a en effet intrigué, comploté et décidé et sa résolution a déclenché des événements qui ont mené à l’attaque de Thorlby (« le message parviendrait à Épine Bathu, dont le mari, Brand, a été tué dans l’attaque que vous avez déclenchée. Mais peut-être est elle plus magnanime qu’elle en a l’air »). Clairement, Yarvi craint Épine. Il a également de forts remords et regrets quant à la disparition de Brand. Tout cela ont des conséquences sur sa détermination, sur son physique, sur son courage et sa détermination (« Yarvi émit une plainte et ses jambes semblèrent soudain à bout de forces. Il recula en vacillant, trébucha contre le banc de pierre et tomba lourdement dessus »).
Mais, après la vengeance, que reste-t-il à Épine ? Pas grand-chose. Elle est seule, sans mari. Sa réputation fait que les gens s’éloignent d’elle. Koll remarque que « la mort de Brand semblait avoir tué quelque chose en elle. Peut-être que personne ne ressortait d‘une guerre aussi vivant qu’avant ».
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