Umbre n’était pas présent quand Vérité s’est transformé en dragon de pierre et d’Art. Occupé à empêcher les Six-duchés à ne pas sombrer, il n’a pas vu la conclusion d’une mission à laquelle il a pourtant donné l’autorisation. Bien entendu, personne ne pouvait s’attendre à voir un Dragon. Ils espéraient, au mieux, le retour des Anciens, une aide d’une forme quelconque. Vérité et les autres dragons de pierre ont libéré les Six-Duchés de la menace des Pirates Rouges. Kettricken est devenue Reine, a éduqué Devoir. Umbre, lui, est devenu conseiller de la Reine et a continué ses explorations, ses recherches. Il a continué à œuvrer pour la stabilité du Royaume. Mais les temps sont instables et les menaces présentes : Devoir est enlevé, au Sud la guerre fait rage entre Terrilville et Chalcède. C’est ce conflit qui va amener une délégation de Marchands à Castelcerf : ils viennent demander un soutien militaire, l’ouverture d’un nouveau front contre Chalcède. Ils connaissent l’histoire ds duchés frontaliers de Chalcède. Mais, en la personne de Selden Vestrit, la délégation fait preuve d’arrogance et froisse les sentiments de la cour et de la Reine Kettricken. Devant l’assemblée réunie, ils osent dire que leur dragon est le seul véritable dragon. Cela déclenche un véritable tollé et soulève des questions ; Umbre s’interroge : « si cette créature existe, pourquoi ne vous-a-telle pas accompagné pour se montrer à nous et peser sur notre décision de nous allier à vous ? » Umbre fait preuve de scepticisme , mais son expérience lui a appris à ne pas négliger d’information. Il se met alors à la recherche de renseignements. Le Fou lui en fournit, ce qui éclaire d’une nouvelle lumière des choses qu’il savait déjà (« l’an passé je suis entré en possession de certains documents qui décrivaient un dragon défendant Terrilville contre la flotte chalcédienne ; je n’y ai vu alors que fariboles, comme on en invente souvent pour excuser une défaite »).
Ce besoin d’informations va vite devenir vital lorsque la narcheska Elliania défie Devoir de lui ramener la tête du dragon Glasfeu. Il est hors de question d’envoyer l’héritier du trône sans le préparer. Umbre glane alors ce qu’il peut. Il est, comme d’autres, impressionné par la force de ces créatures. Quand le Fou le confronte, lui dit qu’il ne faut pas tuer Glasfeu, qu’il faut que les dragons reviennent, Umbre est outré par ce qu’il entend : « vos propos me confortent seulement dans l’idée que ressusciter ce dragon n’apportera aucun bien à personne ». Pour Umbre, les dragons sont une menace, un pouvoir bien trop incontrôlable. Dès lors, son comportement va susciter la méfiance du Fou, et une fois arrivé à Aslevjal, celle de Fitz (après sa rencontre avec la Femme Pâle). Le bâtard de Chevalerie a peur que Umbre use de tous les moyens pour tuer Glasfeu, notamment des explosifs (sa nouvelle passion). Tout va changer quand Tintaglia va effleurer (ou matraquer) les esprits d’une bonne partie des membres du groupe. Elle leur hurle qu’elle arrive, qu’ils feraient bien de ne pas faire de mal à Glasfeu. Pragmatique et sans aucun doute influencé par la volonté du dragon, Umbre change de camp. A un Fitz surpris, il lance que « oublierais-tu qu’un dragon femelle, de fort méchante humeur et mise au courant de notre présence sur l’île par tes bons soins, est en route pour nous rejoindre ? Quel choix nous reste-t-il ? »
Voir Glasfeu et Tintaglia a donc montré à Umbre la réalité des dragons. Ce ne sont pas des créatures mythiques, ils existent bel et bien et ils se moquent des frontières, des gouvernements. Ils ne sont pas comme les dragons de Vérité qui avaient une mission bien précise, des créatures qu’on pourrait activer si besoin (« il avait manifesté un enthousiasme et une ardeur inattendus devant le prodige des dragons de pierre éveillés à la vie à l’aide du sang, de l’Art et du Vif »). Umbre oscille entre admiration et crainte : « de loin, les dragons, font de merveilleuses et nobles créatures de légende ; de près mon expérience personnelle m’incite à penser qu’ils laisseraient échapper un merveilleux et noble rond rot après m’avoir avalé tout rond ». Umbre étudie avec attention les acteurs qui comptent, il en a donc fait de même avec les dragons. Il a récolté à leur propos un bon nombre de parchemins dont un qui dit que « on connaît soixante-dix-sept usages médicinaux aux organes de dragon, et cinquante-deux non confirmés (…) Avec la réapparition des dragons dans notre partie du monde, ces remèdes deviendront peut-être disponibles, mais je pense qu’ils resteront extrêmement rares et onéreux ». Cette obsession a déjà été développé (le duc de Chalcède) ; il espérait que le sang de dragon le guérirait et rallongerait sa vie (faute d’en avoir, il a sucé le sang de l’ancien Selden Vestrit).
Dans la saga du Fou et de l’Assassin, Cendre se sert du sang de dragon pour commencer à guérir un Fou très mal en point (poignardé par Fitz, affamé, torturé, aveugle). On a une description de la substance : c’est un « liquide rouge sombre » et « strié de fils argenté ». Fitz est mal à l’aise, il ressent une sensation de mal-être à voir une créature intelligente être utilisée comme remède. Il expose ses doutes à Umbre qui fait preuve de pragmatisme, de cynisme. Il rappelle d’ailleurs à Fitz sa propre histoire (« je trouve curieux que tu fixes ta limite là, Fitz. En tant que Vifier, tu as vécu avec un loup : n’as-tu pas tué des daims et des lièvres pour les manger ») et dénonce son hypocrisie (« sans le sang de dragon, ton Fou serait mort »). Bien souvent, pour Umbre, la fin justifie les moyens.
Enfin, Umbre se rend compte que les dragons ont un réel impact sur la géographie, la stabilité politique. Ce qu’il ne perçoit pas, qu’il ne peut percevoir est que les dragons ne prêtent pas allégeance à un pays, à un souverain. Chaque dragon est indépendant, décide pour lui-même (et pour les dragons) de ce qui est bon. On peut donc douter de son projet de s’en prendre aux Anciens pour calmer les dragons (« nous discutions de la situation à Kelsingra. S’ils refusent de maîtriser leurs dragons, nous devrons peut-être former une alliance pour nous occuper de ces créatures »). On ne peut que lui souhaiter bon courage pour s’en prendre aux dragons quand on apprend l’enchaînement d’événements qui ont conduit à leur quasi disparition. Des tremblements de terre, des raz-de-marée et « la pluie qui s’abattit sur la ville ville était un mélange d’eau et de sable noir ; Elle recouvrit les rues de poussière » amenèrent leur fin.
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