Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses. Keffria, tu remontes dans notre estime. Il était une fois Clerres.

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Petit-Furet dans la légende

Il existe des personnages qui paraissent anodins et qui ont un grand impact sur l’histoire. Il existe des personnages qui accomplissent des ...

dimanche 13 février 2022

Les Loinvoyant contre Kettricken

A la fin de la Reine solitaire, Kettricken devient Reine des Six-Duchés. La montagnarde a traversé un bon nombre d’épreuves, surmonté des obstacles pour en arriver là. Elle qui n’était qu’une monnaie d’échange pour que les Six-Duchés accèdent aux ressources des Montagnes a montré son valeur. Elle a affronté une cour hostile, l’indifférence de son mari, l’hostilité de Royal. Les choses ont donc été loin d’être simples.

Lorsque le Roi Subtil envoie Fitz dans les Montagnes à l’occasion des fiançailles, Kettricken ne se doute pas qu’elle est au milieu d’un affrontement politique. Royal est en train de monter un complot, presque un coup d’État alors que le Roi Subtil demande à Fitz de tuer Rurisk, le frère de la Reine ! Mais Rurisk n’est pas stupide et il a bien compris la manœuvre de Subtil et de la royauté Loinvoyant. Pour autant, cela ne l’empêche pas de dénigrer Kettricken devant Fitz. Cette dernière a été influencée par des propos de Royal qui a vu là une occasion de se débarrasser de Fitz. En glissant adroitement des allusions sur le bâtard, il a poussé Kettricken à entreprise une action grossière et désespérée (du poison). Rurisk comprend, trop tard, ce qui se passe mais parvient à donner un antidote à Fitz. Au lieu d’expliquer à Kettricken ce qui se passe, il a des mots pour elle : « Le danger est passé, et ce n’est pas grâce à toi (…) va lui préparer un bouillon avec de la viande d’hier soir. Et apporte aussi des pâtisseries ; pour nous deux. Et du thé. Va, va donc, petite idiote ! » Malgré tout, Rurisk meurt, Fitz est empoisonné par Royal et Vérité est à deux doigts de perdre Kettricken. Kettricken voyage alors jusqu’à Castelcerf et plonge dans un environnement où les deux frères Loinvoyant s’affrontent et se servent de toutes les armes à disposition.

Kettricken n’est pas que l’épouse de Vérité, elle est une femme qui arrive avec son éducation et tout l’héritage de son pays. Elle détonne à la cour, son physique n’arrange rien. Elle n’est pas préparée à ce qui lui arrive, a du mal à trouver ses marques. Si elle comprend bien ce qu’on attend d’elle (un héritier), elle a énormément de mal à se faire à la vie quotidienne. Les absences de Vérité n’arrangent rien, elle est seule. Umbre demande donc à Fitz de s’occuper d’elle, de l’aider à s’intégrer. Demander à quelqu’un qui a lui-même souffert du rejet peut paraître osé, cela fonctionne en tout cas même si Fitz doit employer des moyens extrêmes. Par deux fois, il doit lui rappeler verbalement ce qu’on attend d’elle, et pas seulement faire un enfant. A demi-mots, il lui fait comprendre que Vérité a des ennemis et que Kettricken doit aider son époux à consolider son pouvoir. Les paroles blessent Kettricken ; Fitz est témoin de sa réaction : « à ma grande consternation, je la vis contrite comme une fille de laiterie ; des larmes perlaient à ses yeux clairs et elle avait les joues aussi rouges que si je l’avais giflée (..) je n’ignorais pas le talent des dames de la cour pour la dissimulation et je craignais que les spéculations n’aillent bientôt bon train quant à ce que le bâtard avait pu dire à la reine-servante pour la faire pleurer . »

Menacée à la cour, Kettricken l’est aussi par les forgisés. Elle se fait agresser, sa vie est mis en danger et elle parvient à se défendre. Au lieu de la soutenir, de lui demander simplement comment elle va, la première réaction de Vérité est de la rabaisser et en public. Il lui hurle « Quelle folie vous a prise d’aller vois égarer si loin ! » Là encore, il y a des témoins, des soldats et des gardes. Comme Fitz, ils sont mal à l’aise. Eux qui vantaient de la bravoure à voir Kettricken se défendre baissent la tête (« tels furent ses premiers mots, et sur un ton qui n’avait rien de tendre ; Toute fierté quitta le port de Kettricken et j’entendis l’homme à côté de moi murmurer »).

Plus tard, Vérité partira à la recherche des Anciens et refusera à Kettricken l’opportunité de partir avec lui. Il laissera sa femme à la merci des manigances de Royal, sous la protection d’un Subtil déjà bien faible et d’un Fitz sans réel pouvoir. Kettricken, enceinte, n’écoute que son cœur quand la ville de Finebaie est menacée par les Pirates Rouge. A son retour à Castelcerf, elle apprend la mort de son mari. Le deuil l’accable, et pour ne rien arranger, Royal profite de la situation pour avancer ses pions. Il décide de déménager la cour, de Castelcerf à Gué-de-Négoce. Kettricken résiste, tente de s’y opposer. Royal se sert alors d’un argument vulgaire (« je doute qu’il ait besoin de de l’aide d’une femme empêtrée dans ses jupes et un ventre bourgeonnant ») pour la faire taire, bien aidé par la mollesse de Subtil. Le vieux Roi n’est plus qu’un pantin. Sa faiblesse pousse Kettricken à baisser les bras et accepter son sort. Royal n’est pas idiot : il a compris que Kettricken a gagné le cœur de la cour et il fait tout pour saper ça. Il distille de fausses rumeurs, il se moque d’elle en public, il la décrit comme une intrigante : « Royal poursuivit son compte-rendu des faits d’armes de la reine qu’il souillait de condescendance et de flagornerie ; la fausseté de ses formules de courtisan rabaissaient les actes de Kettricken à une mise en scène bien calculée ».

Durant un long moment, Fitz ne revoit par Kettricken. La montagnarde a fui après le couronnement de Royal et Fitz, revenu à la vie, cherche un but. C’est lors qu’il décide de retrouver Vérité que son chemin rejoint celui de Kettricken. Quand il la revoit, il a en face de lui une femme métamorphosée, grandement atteinte par la mort de son bébé. Kettricken n’est plus que l’ombre d’elle-même, physiquement en tout cas. Elle est heurtée par le chemin parcouru, par les manigances de Royal et la détresse de son accouchement (« elle tourna vers moi un visage effrayant ; le chagrin avait ravagé ses traits, creusé des rides profondes de part et d’autre de sa bouche et fait fondre la chair de ses joues »). La perte de son fils, Oblat, est un énorme traumatisme. C’est un fardeau qu’elle porte sur ses épaules, elle se sent coupable. Elle pense que c’est de sa faute si il est mort-né. Elle n’a personne à qui parler de ça. C’est pourquoi, en retrouvant Vérité, elle espère pouvoir partager ce poids avec lui. Il est le père. Mais, Vérité n’est plus un homme : il commence à partager sa conscience, son identité avec son dragon de pierre et d’Art. Kettricken ne comprend pas ce qui se passe, elle ne voit que Vérité qui ne se rappelle même pas de ça (« Ah ! (…) nous avions un fils, je ne m’en souviens pas »). Tous ceux présents (Fitz, Caudron, Astérie, le Fou et Oeil-de-Nuit) se rendent compte à quel point ces quelques font du mal à Kettricken : « voilà, je pense, ce qui la brisa ; s’apercevoir que cette catastrophe ne le mettait pas en colère ni ne l’affligeait, mais l’égarait simplement. Elle dut se sentir dupée ». Dès lors, Kettricken doit faire avec la froideur de Vérité : il rejette son aide, il lui préfère Caudron ; il refuse d’être intime avec ; il ne lui décroche que quelques mots ici et là. Il faudra que Fitz prête son corps à Vérité pour que Kettricken retrouve son roi et son époux.

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