A la fin de l’assassin royal, le Fou s’en va. On le retrouve à Terrilville sous l’identité Ambre, une fabricante d’objets en bois. Son métier, son caractère et sa mission de Prophète blanc vont l’amenée à fréquenter des gens importants : des Vestrit, des vivenefs et autres esclaves. Tous vont se demander qui est cette étrangère, ce qui la motive à tant s’investir. Et bien peu auront des réponses claires, souvent des allusions. Une allusion fréquente est à propos de Fitz.
Quand elle parle avec Althéa d’amour, elle tente de faire comprendre son point de vue à la femme. Cette dernière laisse la porte ouverte à Grag Tenira alors qu’elle sait que ses sentiments ne sont pas réciproques. Althéa se demande pourquoi l’amour est une compliquée, pourquoi il implique nécessairement un engagement, une exclusivité. C’est un argumentaire auquel Ambre a déjà fait face avec Fitz ; Fitz aime Molly, il l’a dit clairement à Fitz. Il a longtemps repoussé les avances d’Astérie à cause de ça et il a fait comprendre au Fou qu’il ne l’aimait pas de la même façon. Ambre (Le Fou) a donc été dans la position du rejetée, ce qui n’a pas fait mourir ses sentiments. Elle les a simplement tus, elle a compris qu’elle ne pouvait pas offrir à Fitz des choses dont il avait envie. Sa réponse à Althéa montre également de la tristesse (« pour aimer ainsi, il faut admettre que la vie de l’autre a autant d’importance que la tienne. Plus dur encore, il faut admettre que l’autre a des besoins que tu ne peux pas satisfaire et que tu as des tâches qui te retiennent loin de lui »). On ressent presque de la pitié pour Ambre, on se demande également si son départ vers Terrilville n’est pas un exil déguisé pour éviter de se retrouver face à celui qu’elle aime.
C’est une époque de changement pour Terrilville. Les routes maritimes sont obstruées par les pirates et les chalcédiens. La guerre menace, les opportunités commerciales menacent grandement la stabilité de la ville. Les Marchands, anciens leaders de la ville, voient leur hégémonie être menacée par les Nouveaux Marchands. Dans le même temps, les esclaves aspirent à autre chose. Ils sont conseillés, soutenus par Ambre qui a toujours en horreur cette pratique. Quand les esclaves cherchent à savoir pourquoi à Ambre elle les aide, alors qu’elle a une bonne situation, ils pensent que c’est à cause du bijou qu’elle arbore (« elle porte un anneau de liberté à l’oreille (…) Elle n’a pas pas répondu tout de suite, puis elle fini par dire que c’était un cadeau de son unique amour »). Cet anneau à une longue histoire : il a été transmis à Fitz par Patience, puis au Fou par Fitz après qu’il ait pris la décision de ne pas revenir dans Molly (et de sa fille nouvellement née). C’est un bijou qu’on donne aux esclaves affranchis : la grand-mère de Burrich l’a eu, l’a donné à Burrich qui l’a donné à Chevalerie. Une fois mort, Patience l’a récupéré et offert à Fitz. La symbolique de ce que la chose représente pour Ambre est importante, ce n’est pas qu’un cadeau. C’est aussi une des rates possessions de Fitz qu’il a gardée après sa mort dans les cachots de Royal ; le geste de donner ce bijou qui le rattache à son passé est donc important. C’est la preuve qu’il tient beaucoup au Fou.
Ambre croise Parangon, la vivenef folle. Cette dernière a sa figure de proue grandement amochée. En apprenant qu’Ambre sculpte le bois et après avoir développé un lien avec elle, Parangon lui demande de lui créer un visage. Tout à son travail, Ambre lui confie qu’elle lui fait le visage d’un homme pour qui elle eu a de forts sentiments (« il mourait de curiosité, sachant qu’il avait le visage de quelqu’un qu’Ambre avait aimé. Elle ne voulait pas parler de lui »). On ne peut plus douter que ce soit Fitz suite à une observation de Brashen. Il remarque que « le nez cassé lui donne un air très déterminé » tout en s’interrogeant sur un accessoire : « pourquoi la hache ? » Le doute n’est plus permis : Fitz s’est fait casser le nez en étant torturé par les sbires de Royal et la hache était son arme de prédilection. C’est d’ailleurs à Parangon qu’Ambre se confie. Elle lui dit que « je crois que je dois retourner vers le Nord. J’ai des amis là-bas. Je ne les ai pas vus depuis longtemps. J’ai un doute, je ne tiens plus en place. Je crois qu’il faut que j’intervienne encore un peu dans leur vie ». Ambre fut le Fou, et le Fou était le prophète et Fitz son catalyseur. Avec le bâtard royal, ils ont permis aux Loinvoyant de rester sur le trône des Six-Duchés et ont remis l’image du dragon dans l’imaginaire collectif. Ambre pense donc qu’elle peut et doit faire changer les choses. Parangon se moque d’elle dans un premier temps. En bon espritdragon (certes prisonnier dans une vivenef), Parangon ne montre que du mépris à cette suggestion : les humains n’ont aucun impact dans le grand ordre des choses. Et puis, dans un dernier acte de compassion et d’amitié, Parangon change d’avis et pousse Ambre à écouter son instinct : « va cap au Nord. »
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