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jeudi 30 janvier 2025

[George R.R. Martin] La tragédie de Lollys Castelfoyer

Dans une société comme celle de Westeros, la place des fils et des filles n’est pas chose aisée. Par exemple, les mariages d’amour sont très rares et tout est vu pour faire de la politique, pour gagner de l’influence. C’est aussi une société où la beauté des femmes est aussi importante que la puissance physique des hommes, et où la violence n’est pas toujours punie : on en a une belle illustration avec Gregor Clegane. Dès lors, une femme, une deuxième fille au physique ingrat ne peut avoir qu’une triste destinée. Lollys en fait la découverte.


Venue de Castelfoyer, Lollys est un outil dont se sert sa mère, Tanda, pour gagner en influence et en pouvoir. Lollys doit être mariée pour servir à sa mère, c’est sa seule utilité. Mais, Lollys a deux inconvénients majeurs : elle est issue d’une maison mineure et son physique est bien peu engageant. Dès qu’on entend parler d’elle, c’est avec une expression qui ne laisse place à aucun doute. Elle est décrite comme « Lollys la bovine ». Tanda vise grand et espère marier sa fille à Tyrion Lannister. Elle se dit que sa fille pourrait être un bon parti pour un nain. Malheureusement, Tyrion n’est pas de cet avis. Le petit Lannister n’a pas sa langue dans sa poche et juge durement cette idée. Sa pensée semble résumer l’avis de la cour au sujet de Lollys : « l’idée saugrenue lui était venue qu’un nabot bien né ferait un mari idéal pour sa Lollys, vaste buse molle et, selon la rumeur, intacte de trente-trois ans ». Autrement dit, Lollys serait si repoussante que personne n’aurait envie de coucher avec elle.


Lors des émeutes de Port-Real, Lollys connait l’horreur : des émeutiers ont « violé Lollys Tanda des dizaines de fois ». La femme a été durement souillée, brisée. Elle vit un véritable supplice. Cela ne suscite aucune compassion de la part des autres personnages. C’est presque comme si ces viols répétés étaient vus comme un fait inévitable. Pire, les viols servent aux autres à les montrer du doigt, à pointer sa faiblesse de caractère. Varys dit que « depuis la perte à répétition de son pucelage, la seule idée de quitter ses appartements lui fait une peur bleue ». Lollys est donc marquée par ce qui lui est arrivé, même si personne ne partage sa douleur.

Même ses proches se moquent d’elle. C’est le cas de Shae, l’amante de Tyrion et qui lui sert de servante. Shae ne supporte pas d’être au service de Lollys qu’elle trouve absolument répugnante et sans aucune volonté. Elle offre une description très imagée de la vie de Lollys : « son truc favori, roupiller, à cette grosse vache. Roupiller et bouffer. Y arrive de se mettre à roupiller pendant qu’elle bouffe. La bouffe tombe sur les couvertures, et elle s’y roule, et faut que je la débarbouille ». Pour ne rien arranger, Lollys est tombée enceinte suite aux viols subis. Et elle n’a toujours pas réussi à commencer à passer outre l’épreuve subie. Quand Stannis débarque, sa réaction est assez équivoque (« Lollys la regarda d’un air hébété, bouche bée. Ses yeux marron sombre semblaient en permanence humectés de pleurs »).


Puis, Lollys redevient un objet politique, une femme qui doit permettre à d’autres de gagner des terres. Elle devient un pion dans les manigances de Cersei contre son frère Tyrion : en épousant Bronn, elle empêche ce dernier de devenir le champion judiciaire de Tyrion lors de son procès pour l’assassinat de Joffrey Baratheon. Pour Bronn, c’est un accomplissement, une chance de gagner un nouveau statut. Epouser une Lollys enceinte ne le dérange pas ; il n’est pas non plus repoussé par son apparence physique (« Lollys est charnue, chaude et à portée de main. Deux nuits de plus et je me la farcis. »). Bien entendu, Tyrion n’est pas de cet avis ; il est convaincu que « la fille débile de lady Tanda se dégotait un mari des plus chevaleresques avec un semblant de père pour le bâtard qu’elle se trimballait dans le tiroir ». Ainsi, non seulement Tyrion insulte Lollys mais en plus il est presque à la rendre coupable d’avoir un bâtard.


Cette idée de rendre Lollys coupable de son propre viol transpire aussi de la bouche de Cersei. Quand il convient de nommer le bébé, il est proposé Tywin. Cersei voit cela comme une insulte, comme un affront. Le mépris est clair dans sa bouche quand elle affirme que « votre gourde de soeur se fait violer par la moitié de Port-Real, et Tanda se figure d’honorer le bâtard en le baptisant d’après messire mon père ? ». Il semble clair que Cersei est plus que dégoûté par Lollys. Tout en elle semble la répugner : que ce soit son apparence physique (« son ridé cramoisi de faux fils tétait goulument l’un des plis distendus de Lollys ») ou ses aptitudes (« ser Bronn (…) jouissez de votre dame demeurée »).


Enfin, au moment de son procès judiciaire, alors qu’une marche expiatoire la menace d’exposer son corps, Cersei semble comprendre ce que Lollys a vécu. Elle se rappelle que « foule en fureur » avait violé une « cinquantaine de reprises Lollys Castelfoyer ». Ce nombre montre bien le calvaire vécus par Lollys. Toutefois, Cersei ne peut s’empêcher de penser à Lollys en des termes désobligeants. Elle dit d’elle que c’est une « créature pâle, molle et stupide ».

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