Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses. Keffria, tu remontes dans notre estime. Il était une fois Clerres.

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Petit-Furet dans la légende

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mercredi 10 juillet 2024

Un artefact : L'épingle au renard

Le nom a une importance. Quand Burrich a appelé sa chienne Renarde, il a donné une indication au lecteur sur ce que symbolisait cet animal : la ténacité, la fidélité, le courage. Il faut dire qu’on rencontre Renarde très tôt dans le récit et qu’on est marqué par sa force de caractère. C’est elle la première à protéger Fitz alors qu’il vient d’être abandonné par sa mère et sa grand-mère. Elle lui offre réconfort et chaleur. Burrich, le maître d’écuries doué du Vif, a bien cerné sa chienne et l’encourage à prendre soin de Fitz (« c’est ça petit, mets-toi contre Renarde, là. Elle va te prendre sous son aile et gare à celui qui voudra te déranger »). On retrouve bien là l’idée de protection et de défense.

D’ailleurs, quand Royal vient voir Fitz, il est bien reçu par Renarde. La chienne perçoit immédiatement que Royal est un individu désagréable car sa réaction ne laisse pas de place au doute : « à côté de moi, Renarde se mit à gronder doucement du fond de la gorge. Je crois que Royal fit un pas en arrière ». L’animal renard, dans cet univers, semble donc symboliser la protection, le courage. Tout au long de la saga, un personnage va s’approprier le symbole du renard : Kettricken.


C’est Kettricken qui s’approprie elle-même le renard comme animal symbolique. Là où Fitz partage son temps avec des chiens (Fouinot puis Martel) ou un loup (Oeil-de-Nuit), Vérité avec un chien (Léon),  Kettricken choisit le renard. Elle forge elle-même une épingle, preuve de l’importance qu’elle attache à cet objet. Et comme Subtil quelques temps avant, elle prend soin d’acquérir ainsi la fidélité de Fitz (« elle vous désignait comme son homme lige et disait que sa porte vous resterait ouverte. J’aimerais que vous arboriez aujourd’hui ceci dans le même esprit »).

Si Fitz est choisi par Kettricken, d’autres considèrent que Kettricken est une reine qui mérite qu’on la suive. En cette époque trouble, Kettricken offre un cap aux duchéens contre les forgisés. Les gardes royaux constatent aussi que sa position est fragile puisqu’elle vient d’échapper aux griffes des forgisés. Les gardes (dont Gantelée) décident seuls de lui créer une garde (« l’insigne de la Renarde. Tu vois ? »). Et quand Fitz observe la tenue choisie (« une bonne laine faite maison, bien solide, sur laquelle je vis brodée une renarde blanche, les crocs découverts, sur fond pourpre »), on retrouve bien l’idée de force, de courage et d’agressivité si nécessaire.


En ce qui concerne Fitz, l’épingle de Renarde marque sa fidélité. Il la porte avec fierté durant toute sa vie et malgré toutes les épreuves traversées. Il est fier de soutenir Kettricken, c’est peut-être même la Loinvoyant qu’il aime le plus (il y a débat avec Vérité).

On en a un premier exemple quand il s’agit de former Devoir à l’Art. Il hésite longuement jusqu’à ce qu’il se rappelle grâce à l’épingle de son serment (« ma parole me contraignait-elle vraiment à obéir à Kettricken ? Je m’aperçus que ma main s’était porte vers la petite épingle à l’effigie de renard piquée dans ma chemise »). D’une certaine façon, Kettricken est toujours avec lui : l’épingle montre bien la fidélité de Fitz envers sa reine.

C’est exactement la même chose quand Fitz s’en va vers Aslevjal et qu’il se dirige vers l’inconnu. Cela pourrait être très bien un voyage sans retour et il se lance dans cette aventure avec bien peu de possessions. Une qui ne le quitte pas est l’épingle : « la petite épingle en forme de renard que Kettricken m’avait offerte ne me quittait pas, toujours piquée à l’intérieur de ma chemise, son mon coeur ; je n’avais pas l’intention de me séparer ». Les derniers mots illustrent bien la profondeur des sentiments de Fitz. Sur Aslevjal, Fitz frôle la mort ; quand il croise la Femme Pâle, l’objet est une des choses qui lui permet de tenir le coup (« je réussis à cacher mon épingle à tête de renard dans le creux de ma paume »).


Kettricken a su gagner la confiance des gens des Six-Duchés. Elle a montré qu’elle est une reine capable, prête à donner de sa personne pour son peuple. Elle a grandement participé à la lutte contre les Pirates Rouges et a permis la stabilité du royaume. Le peuple et les gardes l’ont en grande estime. En quittant son exil près de Forge, en revenant des années après à Castelcerf, Fitz se rend compte que les soldats estiment toujours Kettricken. Les soldats de la garde royale défilent « en blanc et en violet, avec l’emblème du renard » et « le tout ne manquait pas d’éclat ». D’une certaine façon, c’est comme cela que Fitz se sent à nouveau chez lui à Castelcerf. Voir que d’autres ont offert leur fidélité à Kettricken les rapproche d’eux et même si il ne peut pas l’afficher publiquement, il est fier d’en faire partie (« je conservai mon identité de Tom Blaireau mais ne portais plus que rarement l’uniforme, et j’arborais désormais toujours sur ma poitrine l’épingle au renard »). L’épingle n’est plus cachée.


Dans la trilogie du fou et de l’assassin, bien des années ont passé. Fitz et Kettricken sont séparés par une bonne distance. Cela n’empêche pas le bâtard de toujours conserver une certaine tendresse pour sa reine. 

Quand Molly finit par donner naissance à Abeille, il vient le moment de présenter la nouvelle-née. Si Molly semble appréhender la chose, ce n’est pas le cas de Fitz. Il se prépare minutieusement : « je portais pour ma part un simple pourpoint brun sur ma chemise bleu de Cerf, un pantalon marron et des bottes noires qui montaient au genou. L’épingle à motif de renard que Kettricken m’avait donnée scintillait à mon col ». Fitz n’est pas le seul à être resté si attaché à Kettricken. C’est aussi le cas de Gantelée que Fitz revoit à Castelcerf des décennies plus tard (« je ne me rappelle pas que vous ayez demandé la permission avant que l’insigne au renard blanc marque une troupe de gardes »). Gantelée a servi et protégé Kettricken, et elle continue à le faire.


Enfin, il y a le moment final de toute la saga : Fitz forge son loup d’Art et de Pierre, le Loup du Ponant. Il ne se débarrasse pas uniquement de tous ses souvenirs, de ses émotions, de ses expériences, il se débarrasse aussi de ses possessions. Revenu de Clerres comme il a pu, Fitz n’a pas grand-chose avec lui. Il ne lui reste que ses habits et l’épingle au renard. Kettricken est choquée de voir qu’il l’a toujours (alors que, par exemple, il a perdu celle donnée par Subtil il y a bien des années). La réaction de Kettricken montre bien que la montagnarde est touchée : « après tant d’années, vous avez encore.. » et « elle se tut, la gorge nouée ». La tension émotive est palpable.

Il n’est pas étonnant de voir que Fitz donne son épingle à Persévérance, un jeune homme qui personnifie le dévouement, le don de soi. Ce garçon destiné à s’occuper des chevaux a traversé le monde pour aider Abeille, son amie. Il a risqué sa vie pour elle, il a failli mourrir pour elle. Ainsi, c’est désormais lui qui porte qui l’épingle (« je montais de front avec Persévérance (…) L’épingle au renard scintillait sur sa poitrine »). Mais, dorénavant, elle ne signifie plus le service envers Kettricken, mais Abeille.

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