Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses. Keffria, tu remontes dans notre estime. Il était une fois Clerres.

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samedi 20 juillet 2024

Sur les rives de l'Art : le cas Kanaï

Quand on a quitté Kanaï à la fin des Cités des Anciens, on avait l’image d’un jeune homme fortement marqué par son expérience avec sa dragonne, Gringalette, et tout le périple vécu par les gardiens. On pouvait aussi voir que Kanaï était particulièrement attaché à l’histoire des Anciens et au respect de leurs souvenirs.

Dans le roman Sur les rives de l’Art, Le Fou et Fitz arrivent de façon inattendue à Kelsingra. Non invités, passant par un pilier d’Art, tout peut laisser croire qu’ils sont des voleurs, des gens qui cherchent à s’attacher les secrets et les possessions de cette cité et des Anciens. Sa réaction n’est donc pas surprenante. Même si Fitz a pu aider certains jeunes gens à mieux supporter la malédiction des dragons, il ne faut pas se laisser amadouer. Kanaï ne se rend pas compte de la détresse de parents qui voyaient leurs enfants avoir du mal à manger, respirer ou même se tenir debout. Il est plein de véhémence en parlant de Fitz ou d’Ambre (Le Fou) : « et elle l’a volé au puits de dragon. Elle doit être punie ! Gardiens et citoyens de Kelsingra, ne vous laissez pas attendrir par la guérison de quelques enfants ! ». Ainsi, il accuse Ambre d’avoir volé de l’Argent, cette substance qui ne devrait être réservée qu’aux dragons et qui est une vraie affliction pour les humains.


Kanaï est tout orienté vers le sort des dragons et Kelsingra. Il ne pense qu’à eux. Sa position diffère avec celle de ses compagnons. Thymara le lui rappelle en affirmant que « mon devoir va d’abord à ma fille ; or, elle ne chancelle plus quand elle se met debout ».

Il est clair que Kanaï n’accorde pas à malta et à Reyn un plein respect. S’il peut leur concevoir une certaine forme d’autorité, il ne les considère ni comme son roi ni comme sa reine. Sa façon de parler et d’être peut laisser croire que Kanaï éprouve une certaine froideur envers les humains, qu’il ne recherche pas forcément leur compagnie. Kanaï semble préférer les dragons, c’est vers eux que se focalise toute son attention et son énergie (« ils disent que nous devons nous gouverner nous-mêmes, qu’ils ne sont que des emblèmes pour le reste du monde. Alors, gardiens, prenons-nous en main ! Faisons passer nos dragons avant tout ; c’est notre devoir »).

Kanaï détonne donc du point vue des idées, il se démarque aussi physiquement comme l’observe Fitz : « malgré la petite taille des Anciens, le général Kanaï les dominait tous, et il avait les épaules plus larges que beaucoup ».


Dans un premier temps, Kanaï est plus que froid avec Fitz et ses compagnons. Tout son attitude transpire la méfiance et le rejet. Il les considère comme des voleurs, des gens dangereux. Tout change lorsque Fitz évoque son entreprise de se rendre à Clerres et punir les gens qui y vivent. 

Ce n’est pas tant Kanaï qui change spontanément que Gringalette qui le pousse. Kanaï présente alors des excuses qui paraissent et sont timides, mais qui montrent aussi l’impact de Gringalette sur lui. Il dit que « je vous ai mal jugé. Gringalette m’a dit que je devais réviser ma position (…) elle m’a fait comprendre que votre mission est juste et qu’elle la soutient (…) elle souhaite que je vous aide par tous les moyens à ma disposition à détruire les Serviteurs et leur cité ». KanaPi va donc aider Fitz et le Fou à se venger de ceux qui ont enlevé Abeille, mais il précise bien qu’il est toujours méfiant et dubitatif. Il est hors de question qu’il leur fasse pleinement confiance : « je ne vous présente pas d’excuse pour la façon dont je vous ai accueilli dans ma cité:ma prudence se justifiait, et une grande part de votre historie me laisse encore sceptique ».

En réalité, dans cette galaxie d’Anciens, Kanaï est un cas particulier. Il est celui qui a le lien le plus fort avec son dragon. Cela est presque aussi intense qu’une relation de Vif. Fitz remarque une sorte de symbiose : « je sentis quelque chose émaner de lui, qui n’était ni le Vif ni l’Art ; un bizarre mélange des deux ? Etait-ce qui liait un gardien à son dragon ? »


La façon dont il voit Fitz est assez intéressante. Elle est marquée par sa peur de l’Argent et Gringalette.

En ce qui concerne l’Argent, il est assez clair que Kanaï en a peur. Pour lui, c’est quelque chose de réservé aux dragons et qui est une affliction pour les autres. Personne ne peut supporter l’Argent sans connaître la mort et la douleur.  C’est ce qu’il dit clairement à Fitz (« elle vous a marqué de la mort vous aussi par son contact. Je ne vous envie ni l’un ni l’autre »).

En ce qui concerne Gringalette, elle porte une interrogation récurrente qui accompagne Fitz : a-t-il été marqué par un dragon ? Kanaï précise que « Gringalette dit que vous sentiez comme si vous aviez un dragon comme compagnon, mais un dragon qu’elle ne connaît pas ». Tout laisse à croire que ce dragon est Vérité-le-dragon.

En attendant, Kanaï fait preuve d’une posture quasi mélodramatique lors de la séparation. Il se lance dans quelques phrases qui étonnent un peu suite à tous ses rapprochements. Cela montre qu’il n’a donc pas accordé entièrement, loin de là, sa confiance (« on a beaucoup à perdre quand la confiance manque »). S’il semble accorder un certain crédit à Fitz en ayant guéri des enfants de gardiens ou en ayant permis un début de rapprochement entre Kelsingra et Castelcerf, il reste dubitatif sur le long terme. Il est à limite d’une allusion prophétique en proclamant son au revoir : « adieu FitzChevalerie Loinvoyant ; j’espère que l’alliance commerciale et magique que vous proposez à nos peuples portera ses fruits ; j’espère qu’elle ne s’achèvera pas par une guerre »…


Fitz, lui, a un avis assez tranché sur Kanaï. Il pense que « nous devrions tous éviter le général Kanaï dans la mesure du possible : il ne me paraît pas stable »… Ce jugement semble dur quand on voit l’attitude de Kanaï quand une Tintaglia menaçante arrive. Kanaï se dresse entre la reine des dragons et Fitz (« Gringalette m’a convoqué ici pour vous défendre (…) je suis là, prêt à obéir à ses ordres. Je vous protègerai sur ma vie »). Certes, il ne le fait pas de façon spontanée mais il le fait quand même !



Si Kanaï paraît dur, il peut aussi faire preuve de compassion. On en a la preuve quand Fitz et les autres font escale aux Iles Pirates, et rencontrent Etta. Alors que Tintaglia vient de leur rendre visite et de leur annoncer qu’elle allait détruire Clerres, Kanaï précise les objectifs des dragons. Il confirme leur volonté de réduire à néant les Serviteurs ; rien ne doit rester de la ville. Il comprend que c’est dur à entendre pour Fitz qui espère toujours sauver Abeille, sa fille. On sent dans les mots de Kanaï une retenue, un douloureux partage. Il dit donc ceci : « je leur demanderai ; mais (il me regarde en face) je ne peux rien promettre, je pense que vous le savez déjà. Les dragons ne sont pas… Ils ne considèrent pas les humains comme... » Même pour le plus grand partisan des dragons, l’idée que les humains ne valent rien en comparaison est difficile à soutenir.

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