A Blaviken, le sorceleur Geralt n’a pas gagné qu’un surnom. Il a aussi montré qu’on peut commettre de terribles choses sur des méprises, il a montré que la monstruosité n’était pas qu’une affaire de monstres mais aussi pouvait toucher les hommes et les femmes. Il a également participé à démontrer que le peuple ignore bien des choses qui se passent en coulisses.
Geralt arrive pourtant à Blaviken avec de bonnes intentions et des valeurs qu’il défend ardemment. A Stregobor qui lui demande de tuer quelqu’un pour le défendre, il répond par la négative. Ce n’est pas son rôle. Il travaille, certes, contre de l’argent mais pas pour toutes les causes. Il affirme que « ce que je tue pour de l’argent, ce sont les monstres, des bêtes hideuses dangereuses pour l’homme, les monstres auxquels ont donné naissance les sorts et les malédictions jetés par des gens comme toi. Je ne tue pas les humains ».
D’ailleurs, on note là une réelle différence avec Stregobor qui était prêtre à tuer une jeune femme (Renfri) juste parce qu’il y avait une possibilité qu’elle se transforme en monstre. En tout cas, Geralt dit clairement qu’il ne tue pas les humains.
Geralt va même plus loin en prétextant une certaine neutralité. Il ne prend pas parti dans les conflits ; s’il fait quelque chose, c’est qu’il est payé pour. Pour autant, Geralt ne se dresse pas en un parangon de vertu ; il n’est pas un justicier du bien (« Le Mal est le Mal, Stregobor (…) Je ne suis pas un saint ermite, je n’ai pas fait que le bien dans ma vie. Mais, à choisir entre deux maux, je préfère ne pas choisir du tout »).
Renfri est à Blaviken et veut se venger. Elle est accompagnée de gens déterminés, prêts à répandre le sang de Stregobor. C’est donc contre eux que Stregobor réclame l’aide de Geralt.
Renfri, elle, prévient Geralt de ses intentions. Elle lui demande aussi de ne pas intervenir. Renfri dit qu’elle se vengera quoiqu’il arrive, rien ne pourra l’arrêter, pas même les services de sécurité de la ville de Blaviken (« tu as vu mes gars ? Je te garantis qu’ils connaissent leur métier. Tu imagines ce qui va se passer si les nigauds de la garde se battent avec eux ? »). Ni même Geralt. D’une certaine façon, elle le menace en disant « il n’y a pas un guerrier sur cette terre qui puisse venir à bout de sept hommes armés d’un glaive ». Il faut noter que Renfri prévient Geralt de façon assez affectueuse ; elle montre que, monstre ou non, elle est capable de faire preuve d’humanité.
C’est alors que l’ironie frappe Geralt. Il implore Renfri de renoncer à ses projets : « de cette manière, tu démonteras, à lui mais aussi aux autres, que tu n’es pas un monstre inhumain (…), que tu n’es pas une mutante ». Car, le lendemain, c’est Geralt qui deviendra un monstre aux yeux de la population en tuant Renfri et ses hommes alors qu’il était persuadé de sauver la ville.
Car, juste avant le moment fatidique, Geralt a attendu une allusion qui a fait basculer sa façon de voir les choses : l’ultimatum de Tridam. Dans cette ville, un maire a été placé au pied du mur : soit libérer des criminels, soit voir des otages être tués jusqu’à ce que cela soit fait (« ils ont commencé à assassiner les pèlerins, les uns après les autres. Avant que le baron mollisse et libère les camarades prisonniers, ils en avaient jeté plus d’une dizaine par dessus-bord »). Geralt craint que Renfri utilise cette stratégie, tout en sachant que Stregobor ne faiblira pas ; tout cela mènera donc à la mort de civils innocents.
Il se rend donc sur la place du marché, fait face à Renfri et ses guerriers, et les tue tous. C’est un spectacle édifiant pour les gens présents qui n’ont aucune idée des motivations de Geralt. Ils voient juste un sorceleur tuer froidement des gens. C’est une réelle boucherie. La suite est inévitable : la population se tourne contre Geralt (« une pierre vola. Elle résonna sur le pavé, bientôt suivie d’une deuxième qui frôla l’épaule de Geralt »). Geralt aurait donc été lapidé si il n’avait pas été protégé par son Signe. Il quitte alors la ville sous les insultes. Selon la rumeur populaire, il est un monstre.
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