Ser Barristan Selmy se fait virer comme un malpropre par le nouveau roi Joffrey Baratheon. Lui qui était Commandant de la Garde Royale n'a pas pu empêcher la mort de Robert Baratheon. C'est un manquement qui ouvre la porte à son licenciement. D'ailleurs, ce n'est pas la seule raison : Cersei avance l'idée qu'il serait trop vieux. Plus tard, on comprend que Littlefinger a œuvré en coulisses : il voulait avancer ses espions. On savait en outre qu'il n'avait pas une grande estime pour Barristan Selmy car il mettait sans cesse en avant sa formidable aptitude à procurer l'ennui.
Sa mise à l'écart se fait de façon brutale et publique. Toute la cour est réunie pour y assister. Les mots sont durs à attendre pour un chevalier, un homme qui ne devrait pouvoir son poste qu'à sa mort. Cersei met en avant son âge et son incapacité, elle lui balance que « je crois malheureusement que l'heure de la retraite n'ait à présent sonné. Le bon plaisir du roi et du Conseil est que vous déposiez ce pesant fardeau ». Joffrey est bien plus accusateur. Ses reproches sont clairs : « Vous avez laissé tuer mon père : « Vous êtes trop vieux pour protéger quiconque ». Ce sont des phrases dures pour un homme qui a passé sa vie à tenter de protéger ses rois, peu importent leurs manquements ou leurs attitudes.
Les Lannister présents pensent faire preuve de clémence ou de charité en lui offrant une retraite confortable. Cersei dira par exemple à Tyrion que « nous étions tous prêts à doter Selmy d'un bout de terre et d'un manoir ». Cela montre bien à quel point ils n'ont pas compris ce qui motive ce genre d'hommes. Ce sont des individus d'honneur, qui n'ont rien à faire des récompenses matérielles. Le devoir compte. Au moment où se passe la scène de son renvoi, seule Sansa comprend ce qui arrive à Barristan Selmy. La jeune femme est peut-être rendue lucide grâce à sa vision naïve du monde ; elle voit Barristan Selmy comme il est réellement, elle comprend qu'il est atteint par ce qui se passe : « sûrement ce qui doit le blesser le plus, songea Sansa. Son cœur à elle bondissait vers le noble vieillard qui se tenait là, pourpre d'humiliation ». Barristan Selmy voulait mourir au service de son roi, il était même prêt à donner sa vie pour Joffrey. Son devoir est ce qui le maintient en vie. Quand il rejoint Daenerys Targaryen, il en donne la preuve (« je servirais peut-être encore à Port-Réal, j'ai honte à l'avouer, si l'ignoble marmot perché sur le Trône de Fer ne m'avait signifié mon congé »).
Cersei, Littlefinger ou Joffrey ne semblent pas avoir mesurer les conséquences de leur acte. Ils ont vu la mort de Robert comme une opportunité de se débarrasser de gens gênants et de placer leurs pions. C'est une vision court-termiste des choses. Tywin Lannister, lui, est bien plus rusé. Il réfléchit en terme de gains et de pertes, et comprend qu'il y a bien plus à perdre. Barristan Selmy n'est pas importe quel chevalier : « vieux, soit, mais le prestige que conserve dans le royaume le nom de Barristan le Hardi ? L'honneur en a rejailli sur tous ceux qu'il servait ». Car Barristan Selmy est un nom de légende, lui qui est connu pour de grands exploits, des tournois gagnés. Son nom est connu de tous, surtout du peuple qui le respecte. Tyrion tente d'ouvrir les yeux de Cersei à ce sujet en lui disant que « les petites gens le mettent aussi haut que Serwyn Bouclier-Miroir et que le prince Aemon Chevalier-Dragon. Que penseront-ils, selon toi, quand ils le verront chevaucher au côté de Robb Stark ou de Stannis Baratheon ? »
L'avis de Jaime est intéressant. Il n'est pas uniquement un Lannister, il est aussi un chevalier, un homme de la Garde Royale et un homme hanté par les questions d'honneur ou de devoir. Il n'a pas eu son mot à dire à propos du départ du vieil homme. On comprend en tout cas qu'il le respecte et qu'il sait que c'était toujours un chevalier de valeur : « occuper la place de Lord Commandant, celle-là même qu'avait occupé tant d'années durant ser Barristan le Hardi, lui faisait l'effet d'une incongruité ».
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