Jezal est un homme futile, tout en apparence. Il est également un homme qui aime séduire les femmes et passer d’une à l’autre, sans scrupule, sans aucun regard en arrière. Alors que Bayaz a décide de faire de lui son pantin, un autre changement vient perturber la vie de plaisir et de débauche de Jezal : l’arrivée d’Ardee West, la soeur de son ami Collem West. C’est d’ailleurs ce dernier qui présente Jezal et qui leur offre l’opportunité de se rencontrer et de passer ensuite du temps ensemble.
La première fois qu’il voit Ardee, Jezal est marqué par sa beauté atypique. Physiquement, elle n’est pas comme les autres qu’il a l’habitude d’aborder. Elle n’a pas la perfection qu’il recherche et elle semble arborer fièrement ses défauts. On pourrait presque dire que Jezal a un coup de foudre. En voyant Ardee, tous ses soucis, toutes ses interrogations s’envolent : « elle lui sourit. Un sourire étrange : ses lèvres remontèrent plus d’un côté que de l’autre. Cela le mit légèrement mal à l’aise (…) La colère de Jezal s’estompa peu à peu. Plus il la fixait, plus il appréciait son physique, plus sa tête se vidait de ses pensées profondes ». Jezal est un homme certain de son charme, il est un beau parleur et il lui est difficile de lui faire perdre pied. Pourtant, Ardee a un impact déstabilisant sur lui. Sa présence le met mal à l’aise (« surpris de se sentir rougir comme une jeune fille, celui-ci toussota et fixa ses souliers »).
D’habitude, Jezal sait comment être une femme. Il a en tête un objectif simple : la mettre dans son lit et coucher avec. Ce n’est pas le cas avec Ardee. Il faut dire que non seulement la femme le perturbe mais qu’elle est en plus la soeur d’un de ses meilleurs amis. Il est tiraillé entre ses envies et de la peur. Dès lors, il n’est donc pas étonnant de le voir hésitant : « seul, avec une magnifique jeune femme. Pas vraiment nouveau comme expérience, se dit Jezal… à qui pourtant, son habituel aplomb faisait subitement défaut ».
Ardee n’est pas qu’une belle femme. C’est aussi une personne qui a des idées et n’hésite pas à en faire part. Elle ne semble pas prisonnière de son carcan de beauté. Elle apparaît désinhibée, d’autant plus qu’elle a une consommation d’alcool non modérée. Pour Jezal, c’est la première fois qu’il fréquente ce genre de femmes. Elle sort totalement de ses habitudes. Il remarque que « s’intéresser à une jeune femme qui avait effectivement des choses à dire était une nouveauté rafraichissante pour lui. En tout, on ne pouvait nier qu’elle était fort jolie ».
Mais, Jezal reste Jezal. Il a une haute estime de lui-même. C’est une chose de désirer une femme, c’en est une autre de faire sa vie avec. Car, Ardee a un gros inconvénient : elle n’est pas de son rang social, elle est pauvre (« si seulement elle était de noble lignée ! Songea-t-il. Et si seulement elle avait de l’argent ! Beaucoup d’agent »). On a donc là un trait de caractère déplaisant de Jezal : les calculs politiques peuvent nuire à son bonheur.
Pour ne rien arranger, Collem West lui met un coup de pression. Collem croit devoir protéger sa soeur puisqu’il connaît la réputation de Jezal. Il a trop vu la façon dont il se comportait avec les femmes. Il le met donc en garde assez violemment : « elle a déjà été blessée une fois, et je veillerai à ce qu’elle ne souffre pas de nouveau ! (…) Ne vous avisez pas de poser vos sales pattes sur elle ».
La réaction de Jezal est à la hauteur de l’homme qu’il est à ce moment du récit. Il prend peur, il fait preuve de lâcheté et veut cesser de voir Ardee. Il sait que c’est une mauvaise décision, il comprend qu’il ressent plus que du désir sexuel pour elle. Mais, il craint trop Collem. Alors, il décide de prendre la fuite et d’ignorer Ardee : « il devait lui dire sur-le-champ qu’il ne pouvait plus la voir. Elle méritait au moins cela (…) Tournant brusquement les talons, il la planta là. La honte qu’il éprouvait lui provoqua des picotements au niveau des épaules ».
Il tente alors de se convaincre que leur relation n’avait aucun avenir, qu’Ardee n’était pas une femme faite pour lui. Leur union était de toute façon impossible (« alors quoi ? Le mariage ? Avec une fille sans une goutte de sang bleu et dépourvue de dot ? Impensable »). Il se cache donc derrière le prétexte de la hiérarchie sociale pour justifier son comportement.
Mais, il ne l’oublie pas. Ardee a durablement marqué Jezal, il pense sans cesse à elle. Alors qu’il passe une soirée avec quelques uns de ses amis, ceux-ci commentent le physique des femmes, dont Ardee. Quand elle est évoquée en des termes assez crus, Jezal pique une crise et insulte ses camarades : « je pense que vous devriez la fermer, espèce de fils de pute ». Sa colère n’est pas que verbale, elle se manifeste aussi physiquement puisqu’on lit que « Jezal dégagea ses bras, attrape un coin de la table et la renversa. Pièces, cartes, verres et bouteilles s’envolèrent atterrirent dans l’herbe ». Voilà l’effet qu’Ardee a sur Jezal. Elle le trouble énormément.
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