Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses. Keffria, tu remontes dans notre estime. Il était une fois Clerres.

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samedi 18 novembre 2023

Oeil-de-Nuit et les animaux

Grâce au Vif, nous avons accès à certaines pensées d’un des meilleurs personnages de la saga de l’assassin royal, Oeil-de-Nuit. Le majestueux loup est le compagnie de Vif de Fitz. Il joue un rôle important dans la victoire des Six-Duchés contre les Pirates rouges, il est celui qui a permis à Fitz de tromper la mort, et sans lui le prince Devoir n’aurait jamais été retrouvé. Mais, avant d’être un acteur important de la politique de ce royaume, le loup est un animal, un prédateur.


Même si Oeil-de-Nuit vit dans la plus grande ville des Six-Duchés, Castelcerf, il a quand même accès à la verdure, la forêt. Il y a aussi tous les animaux qui pullulent à proximité des activités humaines et de leurs déchets : souris, mouettes et autres. Pour un loup en train de grandir, c’est un terrain de chasse intéressant. Il est content de tomber sur ces animaux, ils lui permettent d’apprendre à chasser, ils lui donnent confiance en sa technique et ils lui donnent envie de viser plus haut. 

Mais, c’est aussi un motif de reproche adressé à Fitz qui tente de le restreindre dans ses déplacements : « en plus, il y a toujours plein de mouettes et pue leurs fientes. Et d’autres choses. Le mulet serait tout frais ; ce serait agréable ». Le sous-entendu final est clair : le loup aime chasser. On en a la preuve plusieurs fois lorsque Fitz s’évade en partageant à de nombreuses reprises la vie du loup. Pour le loup, la chasse équivaut à trouver de la viande, c’est pour cela qu’il ne supportait pas de tuer des humains ou des forgisés. Dans le premier cas, il ne pouvait pas les manger alors que dans le deuxième cela ressemblait plus à un massacre qu’à une chasse.

A la fin de la nef du crépuscule, Fitz meurt mais survit en transférant son esprit dans le corps du loup. Les deux partagent alors une connexion intense qui est magnifiée par quelques une des plus belles phrases liées à la chasse d’animaux. On se rend compte que c’est toute la chasse en elle-même qui plait au loup, pas simplement d’achever sa proie mais aussi de la traquer. On peut lire que « attraper une souris, la jeter en l’air, l’avaler d’un claquement de mâchoires (…) débusquer un lapin, le poursuivre tandis qu’il zigzague et tourne en rond (…) chasser une biche sur un étang gelé tout en sachant que ce n’est pas une proie pour nous (…) qu’y-a-t-il plus satisfaisant que de savoir la viande à portée de soi ? »


Oeil-de-Nuit est un loup qui a sa fierté et une certaine conception des choses. Il est souvent critique de la société humaine et des humains. Il leur reproche de ne pas avoir l’esprit de meute, de se couper de la nature et de leur nature profonde (comme Burrich qui se prive du Vif). Sa critique négative ne se limite pas qu’aux humains ; en tant que loup, il ne supporte pas d’être comparé à un chien. Quand Fitz lui dit, pour la taquiner, « mon gros chien », sa réaction est assez équivoque. Il est vexé (« tu vas me payer cette insulte »). Il est clair que le loup supporte mal l’idée d’être vu comme un chien. Lorsque Burrich daigne lui adresser la parole pour permettre à Kettricken de quitter le château (la Nef du crépuscule), il présente Oeil-de-Nuit comme un chien sauvage dressé. Pour le loup, ce n’est pas qu’une insulte, c’est presque la négation de qui il est. Il est outré : « Coeur de la Meute lui a dit que j’étais un demi-sang que tu avais apprivoisé, comme si j’étais un cabot savant ! »

Le loup est donc peu enthousiaste vis-à-vis des chiens, c’est tout le contraire avec les porcs-épics. Il en est friand. Même si les chasser et les tuer est loin d’être une partie de plaisir, il ne peut pas s’en empêcher : « j’aimerais que tu sois là : j’ai un piquant de porc-épic dans la babine et je n’arrive pas à m’en débarrasser. Ça fait mal » et attaquer l’autre est aussi avisé que chasser un porc-épic (…) je comprends. Je suis pareil avec les porcs-épics ».


Les tomes Le Poison de la vengeance et la Voie magique illustrent le rapport d’Oeil-de-Nuit avec les loups. Depuis son enfance, le loup n’a plus vécu au sein d’un groupe ou d’une meute de loups. Ce n’est pas quelque chose qu’il recherche particulièrement car son lien avec Fitz le suffit mais c’est une expérience qu’il doit vivre. Il l’exprime clairement en disant que « j’aimerais bien trouver des loups là où nous allons ». Il finira donc par rejoindre quelques temps une meute et l’expérience se finit amèrement. Il désire le leadership mais il tombe sur un loup plus expérimenté (« Loup Noir est trè grand et rapide. Je suis plus fort que lui, je pense, mais il connait plus de ruses que moi. C’est comme quand tu te battais contre Coeur de la Meute »). On sent là une pointe de respect. D’ailleurs, à cette époque, Oeil-de-Nuit croise un autre animal qui lui inspire à la fois du respect et de la crainte : l’ours qui accompagne Rolf le Noir. C’est le respect entre deux prédateurs.


Oeil-de-Nuit s’interroge également sur sa place dans le grand ordre des choses. Il a conscience d’être un chasseur, d’être un prédateur et de pouvoir tuer ses proies. Il est donc plus fort que certains. Mais cela le rend-il supérieur à une proie ? Il ne le sait pas. Sa réponse montre toute son incertitude ; « je suis toujours plus intelligent qu’un porc-épic, je crois, mais je ne lui suis pas supérieur. Peut-être le tuons-nous et la mangeons-nous parce que nous en sommes capables ? »

Cependant, il pointe l’influence néfaste des humains sur les animaux. Les humains peuvent pousser ou forcer certains animaux à faire des choses qui sont contre leurs propres instincts, leurs propres désirs. Ces animaux se soumettent aux volontés des hommes et pour Oeil-de-Nuit, cela est une marque de faiblesse : « c’est comme les chevaux ou le bétail devant une rivière : laissés à eux-mêmes, ils ne s’y jettent que s’ils ont la mort à leurs trousses, qu’il s’agisse de prédateurs ou de la famine ; mais l’homme arrive à les convaincre de la traverser chaque fois qu’il désire atteindre l’autre rive ; pour moi, ce n’est pas signe de grande intelligence ». Le dédain est manifeste.

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