Jamaillia n'est pas qu'une ville, c'est un empire, c'est un mode de vie, c'est la lumière qui éclaire des barbares. C'est en tout cas ce que pensent beaucoup, et en particulier le Gouverneur. Cet homme se voit comme une figure divine. Tout lui est dû, le respect, l'obéissance et les plaisirs. Situé au sud des Sic-Duchés, Jamaillia étend son influence et son commandement sur Terrilville, les Rivages Maudits, un bon nombre de mers et d'îles. Mais, sa poigne se fait plus lâche avec les pirates qui gagnent en importance et la situation politique à Terrilville.
Jamaillia et Terrilville ont des liens forts depuis des décennies. La dernière est une ville sous l'autorité, théoriquement, du Gouverneur. Elle ne peut exister sans Jamaillia tant elle est dépendante du commerce et de la sécurité apportée. Les habitants de Terrilville ont un fort attachement à leur ville, ils la considèrent comme un joyau unique. Au fur et à mesure des événements des Aventuriers de la Mer, on se rend compte que les velléités pour plus indépendance progressent. Pour autant, les habitants sont conscients de ce qu'est Jamaillia. On a un bon exemple avec les pensées de Keffria Vestrit. Elle remarque que « elle avait beau être née à Terrilville, Jamaillia restait la mère patrie, la source, l'orgueil des habitants de Terrilville, le siège de toute civilisation, de toute science, Jamaillia la blanche qui scintillait ». C'est un portrait très flatteur de la ville. Keffria n'oublie pas que les gens des Rivages Maudits sont des exilés de Jamaillia, des gens à qui on a donné une seconde chance pour racheter leur vie. Plus tard, quand les tensions monteront à Terrilville et que la guerre civile menacera, il y aura toujours des voix de Marchands pour rappeler le côté vital de Jamaillia, l'absurdité de rompre les liens avec : « Nous avons besoin de Jamaillia ! Que sommes-nous sans elle ? Jamaillia, c'est la poésie, l'art, la musique, c'est notre culture mère ». Jamaillia brille. Tous les gens de l'univers en ont entendu parler, même un petit garçon au fin fond de sa campagne. Dans le roman Sur les rives de l'Art, Persévérance est à Kelsingra alors que son groupe (Fitz, le Fou, Cendre, Lant) sont à la recherche d'Abeille. ; là, ils sont accueillis par les Anciens qui leur font de précieux cadeaux (« la tisane vient tout droit de Jamaillia ; c'est un présent du Gouverneur lui-même au roi et à la reine ! C'est comme boire de l'or, a dit la servante »).
Mais, chaque ville, chaque empire a sa laideur et Jamaillia n'échappe pas à la règle. Très vite, on comprend que les choses ne sont pas si belles que ça. L'esclavage est répandu et le Gouverneur corrompt la morale en se prêtant à des plaisirs dangereux ou néfastes (drogue) ou en encourageant la prostitution. Lorsque Malta s'habille à la façon de Jamaillia, elle porte une tenue qui ne lui va pas du tout et met en avant les pires travers de la ville. C'est une Ronica bien énervée qui lui fera une remarque déplaisante (« Nous ne sommes pas à Jamaillia, et tu n'es pas une putain »).
Hiémain Vestrit navigue, contraint et forcé, à bord de la Vivacia, la vivenef commandée par son père Kyle Havre. Ils font escale à Jamaillia : à cette occasion, Hiémain compare la ville à une autre visitée (« Cresson aussi lui avait paru belle et scintillante, alors que c'était une ville aux habitants pleins de convoitise et d'avidité »). Il comprend assez rapidement que la ville est partagée en zones, qu'il vaut mieux être proche des lieux du pouvoir : « la plus prestigieuse cité du monde, cœur et lumière de toute civilisation se décomposait par ses franges (…) Si l'eau restait croupissante dans la basse ville, la situation pouvait-elle être meilleure en haut ? »
Pour Hiémain, c'est la fin de l'innocence (déjà bien mise à mal). Il comprend que le monde n'est pas comme dans les bouquins lus lors de ses études au monastère. Jamaillia a beau avoir une excellente réputation, cela n'empêche pas les inégalités, la pauvreté, la saleté et autres. La réalité le frappe en pleine face : « il n'aurait jamais pensé que Jamaillia pût renfermer des taudis, encore moins qu'ils formassent une si grande partie de la capitale ». Le capitaine Banrop remarque la même chose à propos de la ville, il écrit que c'est « Jamaillia la corrompue aux nombreux ports bruyants ».
Si au moment où se déroule l'histoire les choses vont mal, c'est en grande partie à cause du Gouverneur. Ronica remarque que c'est un homme égoïste, uniquement tourné vers sa propre personne et qui n'a aucune volonté de gérer, « il a dilapidé le Trésor de Jamaillia en plaisirs dispendieux et il cherche à se procurer de l'argent pour ses distractions en concédant des terrains ». Le Gouverneur Cosgo a une haute estime de lui-même. Il ne pense qu'à lui et tout le monde doit le servir. Quand Sérille lui résiste, il l'envoie être violée par des Chalcédiens. C'est un homme cruel qui règne parce que son père régnait avant lui. Il est convaincu que rien ne peut tenir sans lui (« si je meurs, Jamaillia va sombrer dans le chaos. Le Trône de Perle n'a jamais été vacant durant dix-sept générations »). Il est persuadé que Jamaillia est vital pour le monde, que sans elle Terrilville est voué à la disparition. Entouré de gens qui ne font que le conforter dans ses idées, il sous-estime la volonté de Terrilville : « Rompre avec Jamaillia ? Sans Jamaillia, ils ne sont rien. Terrilville est une ville marchande arriérée, une colonie frontière sans avenir, à part le commerce avec ma cité ». Mais, le monde change : au nord, les Six-Duchés et les Montagnes se rapprochent ; sur les mers tenues par Jamaillia, la menace pirate s'organise et un Roi (Kennit) est choisi.
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