Le
tome « Le poison de la vengeance » permet à Robin Hobb
d'introduire un nouveau personnage : Astérie. Celle-ci ne
quittera quasiment pas Fitz à partir de ce livre-là elle
l'accompagnera quand il se rendra dans les Montagnes, puis lors de la
recherche du Roi Vérité.
Ménestrelle,
Astérie nous offre un nouveau regard sur Fitz et ses exploits. Femme
attirante, elle se sentira en rivalité avec le Fou. C'est une
personne qui dit ce qu'elle pense, qui connaît ses capacités et
veut avant tout une chanson qui la rendra éternelle.
Pourquoi
suit-elle avec tant d'entrain le Fitz ? On peut donner deux
raisons à cela.
D'abord,
il y a l'explication de sa profession et de sa quête personnelle. On
sait au fur et à mesure de notre lecture qu'elle est à la recherche
d'une chanson qui lui survivra et qui lui offrira une future bonne
place dans un château. Si elle marche de concert avec Fitz, c'est
que le bâtard royal ne fait que provoquer des événements
considérables. Et elle ne compte pas les rater (« Je suis
ménestrelle : je préfère assister à l'histoire que la faire
ou la changer »).
Surtout,
on a le droit à une explication plus intime, plus personnelle. Le
frère d'Astérie a participé à une bataille (voir le début de
« La nef du crépuscule ») où Fitz lui a sauvé la vie
sans s'en rendre compte. Et depuis, elle rend un homme vibrant à
Fitz : « mon frère me l'a racontée et je vous
décris tel qu'il vous a vu : comme un héros .»
Astérie
se révèle être une femme courageuse et dure au mal. Bien entendu,
il vient à l'esprit le pénible voyage pour retrouver Vérité, les
tempêtes de neige et le froid. Mais, il y a aussi son passé et tous
les drames qu'elle a vécus.
Lorsque
Fitz se fait capturer par Ronce à Oeil-de-Lune, l'artiseur lui
demande des comptes. Et malgré les menaces et les intimidations,
elle proclame sa fidélité à Fitz et à Vérité. Elle obtient des
doigts cassés.
Pire
encore, il y a les viols infligés par les hommes de Ronce et les
Pirates Rouges. D'ailleurs, quand elle se confesse à Fitz, elle nous
délivre une très forte et belle tirade (« ils avaient le
pouvoir de m'infliger ce qu'ils m'ont fait , alors ils me l'ont
infligé (…) l'honneur, la courtoisie, la justice, … rien de tout
ça n'existe Fitz »). Dès lors, elle ne compte plus que sur
elle-même, met de côté certains de ses rêves (« nul homme
ne veut d'une femme stérile pour épouse »).
Astérie
et Fitz ont une relation spéciale. La ménestrelle est très directe
avec lui, le taquine et désire obtenir ses faveurs. Elle sait
également écouter, ce qui permet plusieurs fois à Fitz de lui
parler de choses qu'il juge importantes. Molly par exemple. Fitz
prévoit de revenir vers elle une fois Vérité trouvé. Il agirait
presque comme si rien ne s'était passé depuis la dernière fois
qu'il a vu sona mour d'enfance. Or Astérie est extrêmement claire
avec lui ; Molly n'arrêtera pas de vivre parce que Fitz est
parti et ne l'attendra pas tranquillement assise devant son feu de
cheminée ! Elle lui dit : (« Ah les hommes !
Ils s'en vont à la guerre ou en voyage (…) Le temps ne s'arrête
pas pour elle simplement parce que vous n'êtes pas là »).
Un
des intérêts de la quête de Vérité est de savoir si le
rapprochement entre Fitz et Astérie sera total. Car la cervienne le
tente encore et encore.
A
Oeil-de-Lune, elle a retrouvé Fitz et après avoir partagé un
repas, elle lui propose de dormir dans sa chambre. Fitz,
chevaleresque (pas comme son père), hésite et hésite encore.
Astérie doit donc insister (« allons, ne faîtes pas l'enfant.
On tiendrait à quatre dans ce lit »).
Puis,
nos deux héros s'en vont avec les contrebandiers atteindre les
Montagnes à travers des chemins détournées. Les nuits sont
froides, les lits inexistants et leurs compagnons de voyage des
inconnus. Ils se rapprochent donc l'un de l'autre et on a le droit à
un échange savoureux.
Fitz :
« ça vous dérange si je me rendors ? »
Astérie :
« Allez-y. Si vous ne voyez rien de mieux à faire ».
Isolée,
se demandant où va les mener leur périple sur la Route d'Art,
Astérie finit par dévoiler son histoire personnelle à Fitz. Elle
lui parle de son activité, de la guerre et des viols. Elle s'expose,
se montre fragile et délicate ; cette fois-ci, elle demande
clairement au rejeton de Chevalerie de s'accoupler avec elle comme
dirait Oeil-de-Nuit : « faites l'amour avec moi. Rien
qu'ici et maintenant, avec douceur et amitié. Pour… effacer
l'autre. Donnez-moi au moins cela de vous même ». Rien ne se
passe.
Finalement,
les deux finiront par se donner l'un à l'autre juste avant l’éveil
du dragon de Vérité. Notons juste que Fitz a été proche de tout
faire rater en évoquant des sentiments amoureux mais qu'Astérie a
su le faire taire au bon moment, « alors pourquoi ne pas vous
taire un peu ? Ne compliquez pas la situation. Cessez de penser
un petit moment. »
Peut-être
que si Astérie désire tant avoir le Fitz, c'est parce qu'elle est
jalouse du lien entre le jeune homme et le fou. Elle suspecte ce
dernier d'être une femme à un moment. Elle semble comme d'autres
être repoussée par le physique et la langue agile du bouffon du Roi
Subtil (« il me fait peur (…) il n'a jamais un mot gentil, ni
même simple pour quiconque »).
Les
deux seront séparés quand Vérité-le-Dragon s'envolera ramener sa
Reine Kettricken à Castelcerf. Fitz part vivre dans une cabane
abandonnée avec Oeil-de-Nuit. Et un beau jour, la ménestrelle lui
rendra visite et lui apportera un fils, Heur.
Oh Asterie !
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