Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses. Keffria, tu remontes dans notre estime. Il était une fois Clerres.

Article épinglé

Petit-Furet dans la légende

Il existe des personnages qui paraissent anodins et qui ont un grand impact sur l’histoire. Il existe des personnages qui accomplissent des ...

vendredi 20 juin 2025

[Andrzej Sapkowski] Qui est Milva ?

Thanedd a laissé de graves et profondes blessures à Geralt. Il lui faut du temps pour se remettre et, pendant ce temps, Ciri s’éloigne de lui. Il la perd de vue. C’est Milva qui lui fournit des renseignements sur la jeune fille et qui, par la suite, avec d’autres dont Jaskier, Regis ou Cahir, va l’accompagner dans sa quête.


Milva n’adhère pas tout de suite aux objectifs de Geralt. Elle trouve sa conduite incompréhensible et dangereuse. Juste avant de s’en aller, Geralt exprime sa reconnaissance en employant des mots assez simples mais efficaces ; il dit qu’ « il se peut qu’un jour tu aies besoin d’aide. De soutien. D’une épaule sur laquelle t’appuyer. Appelle-moi alors, même en pleine nuit. Appelle et je viendrai ». Quand il dit ça, Geralt pense que son chemin va différer de celui de Milva. Or, Milva va décider de l’accompagner, sans doute par empathie en voyant son amour pour Ciri.


Si on comprend assez vite que Milva éprouve un certain respect pour Geralt, ce n’est pas le cas pour Jaskier. Il faut dire que le barde lui accorde bien peu de valeur, ne voyant en elle avant tout qu’une belle femme avec qui Geralt couche. Il taquine par exemple Geralt : « tu as le don, toi, Geralt, pour ce genre de rencontre. Svelte et bien roulée… Quand elle marche, on croirait qu’elle danse ». Milva trouve ce genre de commentaires assez réducteur. Ils mettent en avant son aspect physique alors qu’elle est bien plus qu’un simple corps : elle est une redoutable archère, elle sait chasser, elle a dû apprendre à lutter pour survivre. 

Elle se moque même de Jaskier et de sa capacité à voir le monde à travers ses yeux d’homme plein de désir. On en a la démonstration quand Jaskier pense que certaines femmes peuvent se faire enlever un sein pour tirer à l’arc. Milva ne trouve pas cela uniquement hilarant mais aussi consternant de bêtise (« c’est bien une invention de poète, ça ! (…) Rien ne gêne la corde. C’est des fadaises, ces histoires de sein coupé, une invention tout droit sortie d’une caboche oisive obsédée par les tétons des femmes »). D’une certaine façon, elle se moque donc de la langue bien trop agile de Jaskier. Il faut noter qu’elle n’est pas la seule à se plaindre de la capacité à trop parler ou bavarder du chanteur.

Le long de leur route, Milva et les autres rencontrent la guerre. Ce sont parfois des combats livrés mais aussi des scènes vues et qui les révulsent. Ils voient des cadavres, des gens pendus, des femmes agressées et violées, des maisons brûlées… D’ailleurs, l’idée qu’une femme se fasse violer sous ses yeux la pousse à se plonger dans un combat désespéré. Et quand elle voit une femme quasiment crucifiée, elle livre une réflexion assez amère : « on prétend que la guerre est une affaire d’hommes, s’énerva Milva. Mais, ils n’auraient pas pitié d’une femme, il faut qu’ils s’amusent un peu. Et on appelle ça des héros… fils de chien ».


Habitué à tuer des animaux lors de chasse ou se battre, ayant déjà tué des personnes, Milva a une réaction surprenante quand elle pense avoir tué un individu quelconque : elle se met à vomir. Geralt pense que c’est le résultat d’une consommation d’alcool excessive la veille : « ce n’est pourtant pas une jeune fille délicate, sujette à ce genre d’émotion, marmonna-t-il. J’en attribuerais plutôt la faute à l’alcool de belladone qu’on a bu hier ». Geralt se trompe. En réalité, comme nous l’apprend Cahir, Milva est « enceinte ». On se rend vite compte que sa grossesse la dérange, que le simple fait d’en parler la dérange. Elle ne veut pas être un poids pour le groupe, elle ne veut pas qu’on se lamente sur son sort (« elle refusé, et ce de manière assez discourtoise, de me donner quelque date que ce soit, y compris celle de sa dernière menstruation »). Ceci dit, on peut comprendre que Mila n’ait pas donné un calendrier précis de ses règles à un homme qu’elle vient de rencontrer, même si les deux ont noué une relation de confiance.

Même si les membres du groupe sont prêts à la soutenir et à lui laisser du temps, Milva ne les associe pas à sa prise de décision. Elle a de toute façon déjà opté pour l’avortement et a demandé à Cahir une potion : « Milva a exigé que je lui prépare un certain… médicament qui agit de façon radicale. Elle estime que c’est le meilleur moyen pour régler tous ses soucis ».

Renonçant suite au soutien de Geralt et des autres, le destin jour un malgré tout à Milva. Elle est affaiblie lors d’une bataille (« Milva fut la dernière à quitter l’embarcation, ses mouvements étaient soudain devenus terriblement lents »). En réalité, elle est en train de perdre l’enfant qu’elle porte en faisant une fausse couche.


Milva traverse seule cette épreuve. Ce ne sont pas les autres qui se détournent d’elle mais elle qui se détourne d’eux. Jaskier est témoin de ce qui se passe. Dans ses mémoires, il écrit que « sur le plan physique, l’archère récupéra vite ; sur le plan psychique, en revanche, ce fut une autre histoire. Il arrivait que de l’aube au crépuscule elle ne dise mot. Elle aimait à disparaitre et à rester à l’écart, ce qui nous inquiétait tous »). Milva a donc eu besoin de temps et de solitude pour surmonter sa peine et son deuil, pour accepter ce qui lui est arrivé. Finissant par l’accepter, elle se coupe une mèche de cheveux et tourne la page, assez brutalement.


La brutalité a accompagné Milva à des moments déterminants de sa vie. Elle a résisté aux assauts de son beau-père qui tentait d’abuser d’elle sexuellement : « quand ma mère ne faisait pas attention, il essayait de me débaucher avec ses sales pattes. Il voulait rien entendre de ce que je disais ». Milva a alors tué son beau-père, volontairement ou non.


Toussaint montre une Milva touchée. Fringillla, une magicienne amante de Geralt, témoigne : « Milva, une jeune fille qui semble en apparence belliqueuse et arrogante, mais que j’ai eu l’occasion de surprendre à deux reprises, terrée dans un coin des écuries, en train de pleurer ». Il semble donc que, malgré les apparences, Milva pense toujours à sa fausse couche.

Milva se rend compte que le groupe perd son temps à Toussaint, que les membres stagnent et sont pris dans une fausse torpeur (« ça fait longtemps qu’on croupit, ici, moi j’vous l’dis ! Trop longtemps qu’on croupit ici à paresser. Ça nous abrutit »). Cette sensation touche aussi Milva, elle s’attendrit et se laisse séduire par un baron. Elle prend du bon temps avec lui en partageant des moments intimes. Pourtant, elle refuse de rester avec lui et de l’épouser (« il lui a demandé sa main, tout à fait officiellement et solennellement. Milva a refusé, assez brutalement »).


Puis, Milva connait une fin tragique et symbolique. Elle qui a si bien manié l’arc est tuée par une flèche. On avait eu une longue explication sur la façon dont la flèche devait traverser une proie pour la tuer proprement lors de notre première rencontre avec Milva ; c’est elle qui en fait les frais cette fois-ci. On lit que la flèche « avait atteint Milva au ventre, assez bas et était ressortie de l’autre côté, fracassant son bassin et dévastant ses boyaux et ses artères ». 

Sa mort marque brutalement ses compagnons (« Geralt et Cahir poussèrent un cri simultané »). Quant à Angoulême, une jeune femme à la vie bien compliquée ayant rejoint le groupe et qui a noué une relation vache et intense avec Milva, elle exprime toute sa détresse : « Tantine, ne meurs paaaaas ! ». Hélas, Milva meurt. En pensant à son père, mort malade.


dimanche 15 juin 2025

Sédric, un bon ami ?

De grands bouleversements sociaux sont en cours le long du désert des Pluies, les dragons sont de retour, les Marchands tentent de conserver leur pouvoir. Mais, au-delà de ces phénomènes, la vie des gens continuent. Ils s’aiment et se détestent, tentent de construire leur vie. C’est le cas d’Alise, une jeune femme que sa famille presse de trouver un mari. Elle ne peut décemment pas se contenter d’étudier les dragons. Elle croit trouver un bon parti lorsque Hest la demande en mariage ; elle accepte surtout que Hest est un bon ami de Sédric… Mais, elle ne sait pas que Hest aime les hommes et que Sédric est un de ses amants. Alise est donc trompée à bien des sens.


Alise et Sédric se connaissent depuis longtemps. L’un et l’autre sont de bons amis. A une époque où ils étaient plus ou moins tenus à l’écart par leurs pairs, ils ont trouvé du réconfort ensemble. Alise parle de lui en termes positifs en affirmant que « Sédric a toujours été gentil avec ». Elle pense même qu’il a une injuste mauvaise réputation (les parents de Sédric lui reprochent de passer trop de temps de façon indolente) ; elle ose dire que « c’est un charmant jeune homme qui ne manque pas de perspectives d’avenir ».

Etant donné la façon dont Alise parle de Sédric, on peut se demander si elle souhaitait que leur relation aille plus loin et dépasse le cadre de l’amitié. La réponse est négative. Certes, « elle avait toujours eu de la sympathie pour lui, et même un petit sentiment dans son adolescence », mais cela s’arrête là. Il n’y a pas d’amour caché ou de sentiments refoulés. De toute façon, si Alise n’avait pas été pressée par sa mère, elle n’aurait sans doute jamais cherché un mari. Alise est alors reconnaissante pour Sédric, il lui alors retiré une épine du pied en la présentant à Hest (« elle restait ahurie qu’il eût pu inciter son ami à la considérer comme une possible épouse »). Bien entendu, Alise ne sait pas que Sédric et Hest ont des intentions cachées.

Même si il participe à une tromperie, Sédric est quand même reconnaissant. Il sait qu’Alise a été une super amie, qu’elle lui a évité les affres de la solitude lorsqu’il était plus jeune (« elle venait voir mes soeurs quand nous étions plus jeunes, et elle me traitait avec gentillesse à une époque où les autres filles me regardaient comme un pestiféré »).

 

La relation entre Sédric et Hest n’est pas cachée. Tout le monde sait qu’ils sont amis même si personne ne sait qu’ils sont amants. La mère de Alise précise que « Hest et lui sont les meilleurs amis du monde depuis des années. J’ai entendu dire que le Marchand Meldar s’était vexé quand Hest a proposé à Sédric une place chez lui ». Sédric vit avec et chez Hest.

Hest a lui aussi ses devoirs. On le presse de prendre épouse et d’avoir des enfants. Lui qui n’est pas attiré par les femmes traîne des pieds. Il se sent coincé jusqu’à ce que Sédric lui propose une solution : épouser Alise.

Sédric commence à avoir quelques remords quand il se rend compte qu’Alise n’est pas si heureuse. Hest lui rappelle alors que c’est son idée, que c’est Sédric l’instigateur de toute cette mascarade : « pourquoi m’avoir donné cette idée si tu ne voulais pas que je la mette en pratique ? ». Sédric est donc le créateur et le complice de cette arnaque sentimentale. Et même si il est triste pour son ami, il ne faut pas négliger le fait qu’il profite de tout ça au quotidien. Il continue à prendre du bon temps avec Hest, il continue à voyager. D’ailleurs, Hest le lui fait remarquer : « la vie continue pour nous ; nous sommes libres de voyager, de nous amuser, de sortir avec nos amis - nous n’avons pas à changer de mode d’existence ».

Sans le savoir, Alise sert donc de couverture à Hest et Sédric. Elle est une épouse qui sert d’excuse ; pire elle est maltraitée par son mari qui l’humilie verbalement, la rabaisse et ne lui montre aucune tendresse quand ils font l’amour. 


Lorsqu’Alise a des soupçons sur une possible aventure de Hest, elle soupçonne qu’il est avec une autre femme. Elle est loin de savoir que Hest aime les hommes, et encore moins son meilleur ami. Elle confronte même en lui demandant si il la trompe. Or, Hest est suffisamment intelligent et suffisamment doué avec les mots pour se sortir de ce mauvais pas. Il implique Sédric et les deux trompent la pauvre Alise. Il joue adroitement avec les mots en questionnant Sédric (« Regarde Alise dans les yeux et dis-lui franchement : ai-je une autre femme dans ma vie ? »). Une autre femme ; Sédric ne peut que répondre non et l’énorme mensonge continue.

Bien entendu, on pourrait reprocher à Alise sa naïveté ou son aveuglement. Son cerveau refuse de voir que Sédric et Hest sont plus que des amis. Elle affirme que « c’est un ami d’enfance, et je me réjouis que Hest et lui s’entendent si bien ». Peut-être que, dans sa vie conjugale si morne et si triste, la présence de Sédric lui offre un peu de chaleur et d’amitié…


Quand Hest se moque d’Alise et de sa passion pour les dragons, Sédric esquisse un signe de révolte et d’insoumission. Il ose tenir tête à Hest en lui rappelant ses obligations : « tu n’as pas le droit de le lui interdire ; ce n’est pas juste, et c’est déshonorant pour toi de feindre de ne pas te rappeler ta promesse - déshonorant et indigne de toi ». Pour un homme qui a toujours vécu dans l’ombre et sous l’emprise, ce n’est pas un geste anodin. Mais, Hest n’est pas un individu que l’on peut convaincre. Vexé, il remet même en cause la nature de l’amitié entre Sédric et Alise. Il pense qu’Alise s’est servie de Sédric, qu’elle a un aspect pervers et manipulateur que Sédric refuse de voir. Il affirme à Sédric que « tu persistes à la voir comme la petite fille innocente à qui tu as offert ton amitié alors personne ne voulait te fréquenter , et elle l’a peut-être été à une époque, encore que j’en doute ; elle cherchait seulement à se montrer gentille avec un garçon aussi maladroit et aussi seul qu’elle ».


Fâché, Hest force Sédric à accompagner Alise dans sa folle étude des dragons. Sédric est tout sauf enthousiaste de quitter son confort. Sur le bateau, il se comporte comme un goujat, comme un individu sans éducation. Alise remarque son impolitesse (« une fois qu’ils eurent embarqué sur le Parangon, loin de retrouver sa gaieté, il avait passé les premiers jours du voyage enfermé dans sa cabine sous prétexte du mal de mer »).

Pire, Alise fait la connaissance de Leftrin et on comprend très vite que le capitaine du Mataf est attiré par Alise. Sédric se moque de cet homme : il le trouve grossier, vulgaire. Il rigole de sa façon d’être, de son comportement, de son aspect rustique. Il ne le fait même pas discrètement puisque Alise le remarque (« il avait dû réprimer un éclat de rire devant les efforts de l’homme pour étaler son charme ; à sa propre surprise, Alise s’offensait de ce que Sédric s’amusât du capitaine. Elle jugeait son attitude cruelle et mesquine »). Sédric a beau avoir été forcé, rien ne justifie qu’il reporte sa colère sur Alise.

mardi 10 juin 2025

Parangon a dit (à Brashen)

Tu es une créature si fragile, à la peau plus fine que de la toile, aux os plus délicats que n'importe quelle vergue. Le dedans de ton corps est mouillé comme la mer, salé comme elle, et prêt à se répandre à la moindre entaille dans ton enveloppe. Il est si facile pour toi de cesser d'être ! Ouvre ta peau et laisse couler ton sang salé, laisse les animaux marins emporter ta chair morceau par morceau jusqu'à ce qu'il ne reste de toi qu'une poignée d'os recouverts de vase et retenus ensemble par quelques tendons mâchonnés, et tu ne sauras, tu ne sentiras, tu ne penseras plus rien. Tu auras cessé d'être. Cessé d'être.

dimanche 8 juin 2025

[Julie Victoria Jones] Maybor, un simple homme à femmes ?

 Maybor est un noble, proche de la Reine et du pouvoir. Il est le principal opposant à Baralis, le magicien le plus puissant de son temps. Maybor se sait influent et puissant, bel homme et il en profite auprès des femmes. Il aime les mettre dans son lit et coucher avec.


Dès sa première apparition, le ton est donné. On sent un homme qui a confiance en lui et qui a conscience de son statut, de son poids. Il n’a aucun remords à se servir de cela pour charmer les dames (« parle, ma fille. Tu n’as pas à avoir honte, nombreuses sont les femmes qui succombent au charme d’un homme plus âgé »). Son attirance pour les femmes est connue de tous et ne surprend personne. Elle fait partie de qui il est même si elle peut dégouter ; c’est le cas de Baralis qui est engagé dans une lutte à mort avec Maybor. Il trouve l’attitude du noble parfaitement pathétique : « Maybor s’était entouré de jolies filles de plusieurs petits seigneurs et s’occupait à les courtiser de façon outrageuse, se rendant parfaitement ridicule ».


Le désir sexuel de Maybor n’est pas basé sur rien. Si il séduit autant les femmes, d’après lui, c’est pour se faire une place. Il n’est pas le premier fils, il n’est pas celui qui doit hériter. Se marier est pour lui une opportunité d’acquérir des terres et c’est un stratagème qu’il emploiera plusieurs fois, n’hésitant pas à tuer ses épouses quand elles présentent plus d’intérêt. Maybor est donc ambitieux. Certes, il prend du plaisir à coucher avec toutes ces femmes mais cela a aussi une autre visée. Sa réflexion l’illustre bien : « qui sait, peut-être devait-il se remarier ? Il aurait bien aimé épouser une jolie femme, pour changer. L’inconvénient, naturellement c’était qu’elles ne possédaient jamais la moindre terre ».


Dans un premier temps, on se rend compte que Maybor est attiré par les femmes plus jeunes que lui. Il aime leur fraicheur, leur naïveté et le fait qu’elles soient faciles à conquérir. Son point de vue change légèrement après son empoisonnement par Baralis. Alors qu’il est au lit en train d’essayer de survivre, son désir est toujours présent et il ne reste pas insensible aux talents de la guérisseuse royale. Elle n’est pas très jeune, elle n’est pas particulièrement belle mais « lorsque ses mains expertes se mirent au travail sur le corps de Maybor, il commença à la trouver très attirante ». 

On pourrait presque le voir blasé de coucher avant tant de jeunes femmes, à un point qu’il devrait élargir son horizon.  En réalité, Maybor a une haute estime de lui-même, il est extrêmement imbu, presque présomptueux. Sa façon d’être avec la guérisseuse en est un bon exemple (« il se leva de son lit et réveilla la guérisseuse d’une bonne claque sur les fesses (…) à sa grande surprise, il avait découvert que coucher avec une femme d’âge mur présentait bien des avantages ; rompue aux jeux de l’amour, elle n’était pas sujette aux pudeurs de jeune fille »). Autrement dit, Maybor avait l’air de croire que les femmes avaient une date de péremption, que passer un certain âge elles ne présentaient aucun intérêt.


Maybor est incapable de se contrôler devant une belle jeune femme. On en a la preuve quand il séduit une servante avec qui son propre fils a couché. Ses propos sont provocateurs : « alors, ma douce Muguette, si le fils est bon avec toi, pense à quel point le père sera meilleur ». La réaction de son fils est identique à celle du lecteur : c’est la consternation, voire du dégoût. Son fils le confronte : « venir me voler une fille dans mon propre lit. Êtes-vous désespéré à ce point ? Auriez-vous quelque chose à prouver ? » L’explication la plus simple est que Maybor est incapable de se contrôler. On peut aussi penser qu’il est un salaud qui n’aime pas ses enfants.


Ce qui est faux quand on voit sa relation avec sa fille Melli. Melli est un cas intéressant car Maybor veut la forcer à conclure un mariage avec le fils du roi afin de gagner en influence. Il n’a aucun scrupule à sacrifier sa fille ainsi ; d’ailleurs, Melli fuguera à cause de ça. Maybor ne lui en veut même pas d’avoir disparu ou d’avoir contrarié ses plans ; il l’aime malgré tout (« le seigneur demeura immobile, songeant à sa fille, à son amour pour elle. Il lui avait imposé des fiançailles, certes, mais il ne lui avait jamais voulu le moindre mal »). Ce qu’il ne sait pas et découvre en la cherchant est que Melli fait face à de nombreuses épreuves, dont le péril d’être prostituée. Quand il s’en rend compte, quand il met la main sur une de ses tortionnaires, sa colère se déchaîne (« le seigneur lui fracassa le poignet contre la table avec une telle violence qu’elle entendit les os se briser »). Maybor ne tolère pas qu’on fasse du mal à sa fille chérie. C’est d’autant plus remarquable que Melli l’a humilié devant la reine et son ennemi Baralis. Sa fuite risque de lui faire perdre du prestige et du pouvoir, et pourtant il « l’aimait toujours ».

vendredi 6 juin 2025

Mes citations préférées d'Oeil-de-Nuit (tomes le Prophète blanc / La secte maudite)

  • Le changement vient nous emporter de nouveau, Changeur. Je le sens au bord de l’horizon, presque comme une odeur. On dirait un grand prédateur qui serait entré sur notre territoire.
  • Abandonner une tanière confortable et une réserve de nourriture assurée ! Voilà qui est aussi judicieux que nous séparer du petit !
  • Nous sommes un à nouveau.
  • Tu dois cesser de renifler la dépouille de ton ancienne vie, mon frère. Tu aimes peut-être souffrir sans arrêt, mais pas moi. Il n’y a pas de honte à se détourner de vieux os, Changeur.
  • Je crois qu’une poule n’a pas passé la nuit. C’est bien triste. Pauvre petite bête ! Mais la mort finit toujours par nous attraper tous.
  • Autant faire tout de suite un trou dans la terre et m’y ensevelir.
  • Tu voles le maintenant de ma vie quand tu crains que je disparaisse demain. Ta peur a des griffes glacées qui m’enserrent et me dépouillent du plaisir que je tire dans la chaleur du jour.
  • Vous suivez des traces et vous avancez lentement pour ne pas les perdre ; moi, j’ai suivi mon cœur.
  • Tu avais promis ! Plus jamais ! Plus jamais de ces morts qui ne rapportent pas de viande et qui forgisent le cœur !
  • Tue-nous donc tous plutôt que de reconnaitre devant une seule personne ce que nous sommes !
  • La meute ne meurt pas si le louveteau survit. Sois un loup, mon frère (…) Vis bien pour nous deux, et, un jour, raconte à Ortie des histoires sur moi.
  • Moi, je suis tellement fatigué que le sommeil ne m’apporte plus de repos. Seule la chasse peut me revigorer.
  • T’attendre ? Sûrement pas ? J’ai toujours dû te devancer pour te montrer le chemin.
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