A cause de Burrich, Fitz est prudent lorsqu'il emploie le Vif. Il ose très peu l'utiliser à Castelcerf et depuis la mort de Martel il n'a pas cherché à créer un nouveau lien. Mais, après les tragiques événements des Montagnes, Fitz revient à Castelcerf affaibli, seul et en quête de nouveaux liens, d'un ami. Dans une journée de colère, alors qu'il se comporte comme un adolescent rejeté par le monde entier, sa route le mène à Loupiot (plus tard connu sous le nom d'Oeil-de-Nuit). Comme lui, le louveteau est en colère, se sent emprisonné et condamné au pire. Leurs premiers moments sont compliqués jusqu'à ce le loup sauve la vie de Fitz. Le lien de Vif se crée et se renforce, ils partagent de forts moments, notamment de chasse. Ils commencent également à partager leurs idées, leurs visions du monde, des humains ; pourtant, ils font attention à ne pas faire ça en présence de Burrich. Car, Fitz est toujours marqué par une certaine peur du maître des écuries. Quand Finebaie est assiégée, Burrich, Fitz et d'autres se portent au secours de la ville. Alors qu'ils chevauchent vers la cité, Oeil-de-Nuit montre qu'il a longuement observé Burrich. Comme les animaux des écuries, le loup décide de l'appeler "Coeur de la Meute" : cela montre bien une forme de respect, le signe qu'il considère cet homme comme un leader, comme un élément central. Du respect certes, mais aussi une volonté de le dépasser, de s'étalonner ; pas comme ces animaux domestiques soumis ("Coeur de la Meute (...) Il sait que c'est son nom. C'est ainsi qu'ils l'appelaient, tous ces chiens qui le vénéraient quand ils donnaient de la voix pendant de la chasse"). A ce stade du récit, le loup n'est qu'un gamin, il n'a qu'une connaissance limitée des autres, des dangers du monde. Il a besoin de se mesurer, d'apprendre sa place. Il est enhardi par l'atmosphère de Finebaie, pas nécessairement par la mort, mais par le fait qu'il ait pu être proche de Fitz à l'air libre. Il tente donc de défier Burrich et commet une grave erreur : "Tu es fort, Coeur de la Meute, mais"... puis "la pensée s'interrompit tandis qu'un glapissement de surprise jaillissait des buissons". Pour Oeil-de-Nuit, c'est un premier avertissement que Burrich est un utilisateur du Vif à ne pas prendre à la légère. C'est aussi le début d'une relative retenue de l'emploi du Vif quand Burrich est dans les parages.
Lié à Fitz, Oeil-de-Nuit se trouve pris dans les intrigues humaines. Il ne parvient pas à comprendre les hommes et les femmes qui passent leur temps à vouloir s'entre-tuer ou qui, en refusant d'utiliser le if, se coupent du monde. Pour autant, il est un bon observateur. Il trouve des ressemblances entre les pratiques des hommes et de certains animaux. C'est par exemple le fait d'avoir une compagne non. Fitz se rend compte que sa position est compliquée : il est un bâtard qui a une relation cachée avec une jeune femme et si cette dernière tombe enceinte, elle court de grands risques tant l'ennemi de Fitz (Royal) est impitoyable. Il s'interroge, se questionne : "peut-être que seul le chef devrait avoir une femme : c'est ce qu'a jugé Coeur de la Meute il y a très longtemps". Oeil-de-Nuit n'a pas de réponse claire à lui apporter si ce n'est que prendre en exemple Burrich peut être une bonne chose puisqu' "il est plus loup qu'il ne veut bien l'avouer - à quiconque." Dans la gueule d'Oeil-de-Nuit, se faire qualifier de loup est un compliment.
Mais, les choses tourneront mal ensuite. Fitz sous-estime Royal et se retrouve emprisonné. Il est torturé, battu, n'a aucune porte de sortie. Il est coupé du monde, ne peut parler à personne sauf à Oeil-de-Nuit qui lui rapporte les ordres de Burrich : "Il dit : Couche-toi ! Il dit : Sois un os qu'un chien déterrera plus tard." Cela montre bien que la relation a évolué : elle est passée de la crainte à la nécessité. Fitz et Oeil-de-Nuit n'osaient pas explorer leur lien quand Burrich était là ; là, les choses ont changé et il serait stupide de se passer de moyens pour sauver Fitz. Cette nouvelle attitude s'est gagnée par de petits gestes. Le dernier est révélateur ("il a ôté le piquant de ma babine, mon frère. Je crois que nous pouvons lui faire confiance") : autrement dit, Oeil-de-Nuit s'est présenté à Burrich et ce dernier l'a volontairement aidé. Les deux partagent un objectif commun : sauver Fitz. Burrich connaît la technique qui peut le permettre et il a besoin du loup pour ça. Oeil-de-Nuit est prêt à donner de sa personne si cela peut permettre de tirer son compagnon de ce mauvais pas. La conscience de Fitz est alors transférée dans le corps d'Oeil-de-Nuit : c'est le début de quelques jours de communion entre le loup et Fitz. Cette forme de partage se termine par une trahison : celle des hommes ("puis un loup pivote d'un coup et s'enfuit, la queue entre les jambes, se sauve tout seul sur la neige, loin de trop d'étrangeté. Il s'arrête au sommet d'une colline pour pointer le museau vers le ciel et pousser un hurlement. C'est l'injustice qui le fait hurler"). Oeil-de-Nuit a l'impression d'avoir été utilisé. Lui qui pensait chasser et vivre librement avec Fitz n'a été qu'un outil. Pire, il se doute bien que le retour de Fitz à la vie humaine ne va le mener qu'à la souffrance et, que liés comme ils sont, cela l'attend également.
Un bon nombre de moments rappelleront à Oeil-de-Nuit que Burrich est une créature du Vif remarquable. C'est par exemple ce moment où ils rencontrent Rolf le Noir et son ourse, peut-être la première fois où ils voient deux utilisateurs vivre librement leur magie. Cela les marque forcément, cela les questionne également sur leur rapport au Vif. Quand Rolf leur fait comprendre qu'ils sont loin d'être sains ou discrets dans leur pratique du Vif (ils seraient trop proches selon lui), Fitz veut en savoir plus. Oeil-de-Nuit, lui, pense que Burrich a été un bon mentor, qu'il leur a beaucoup appris à sa façon : "tu es été élevé par Coeur de la Meute. Il nous ressemble davantage que ces deux-là".
Plus le temps va s'écouler et plus Burrich gagnera en respect auprès d'Oeil-de-Nuit. Quand le loup apprend que Molly est enceinte, sa première réaction est de demander à Fitz si ils ne doivent pas aller auprès d'elle. Fitz lui dit que Burrich est près de Molly, cela rassure immédiatement le loup ("j'aurais dû m'en douter. il a beau le nier, il a l'esprit de la meute. Tout va bien alors"). Burrich est bel et bien un homme de valeur, un homme capable. Voir le loup réagir comme ça n'est pas anodin : la question de la descendance est souvent abordée entre les deux et Oeil-de-Nuit y attache une grande importance car elle doit permettre à la meute de grandir et perdurer. Cette estime pour Burrich se confirme quand ils sont tous les deux témoins de l'agression de Molly, Burrich et Ortie par des agents de Royal grâce à l'Art. Fitz et Oeil-de-Nuit les voient se défendre, ils se rendent compte que Burrich est prêt à donner sa vie pour sauver une fille qui n'est même pas sienne. il n'est donc pas étonnant d'avoir des propos élogieux de la part du loup : "il était prêt à protéger ta petite comme la sienne. C'est l'esprit de la meute".
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