Mort depuis plusieurs décennies au début du Fou et de l'assassin, Subtil a malgré tout une influence sur les événements. Son règne, qui a mal terminé, a enclenché une série d'actions qui ont mené à de grands changements. Ainsi, en acceptant d'accueillir Fitz et le Fou à Castelcerf, contre l'avis général et surtout celui de sa femme, la Reine Désir, il a permis au Prophète de son époque de trouver son Catalyseur. On peut presque penser que ces choix-là sont ses dernières décisions majeures prises de toute son autorité. Car, comme il l'est mentionné à plusieurs fois, Subtil a très vite perdu le contrôle de son corps et de son esprit. Son état était d'autant plus inquiétant que les Six-Duchés étaient menacés par des envahisseurs qui en voulaient à leur intégrité territoriale ; le Royaume avait besoin d'un roi aux idées claires et aux décisions fortes, il ne l'avait pas ("avec les Pirates Rouges à nos portes et le noble Roi Subtil déclinant de corps et d'esprit"). La faiblesse de Subtil est encore plus pénible à voir pour ses proches, ceux qui tenaient sincèrement à lui. Fitz en est un bon exemple : lorsqu'il rend visite à Umbre totalement perdu dans l'Art, il a encore l'image de Subtil qui le hante ("celle de mon premier roi, Subtil, dans une chambre sans air pleine de fortifiants, de médicaments, enfumée par les drogues, et elle me terrifiait"). La lente et longue agonie de Subtil a durablement marqué Fitz. Fitz aimait Subtil même si le roi a pu prendre des décisions injustes selon lui (comme vouloir le marier à Célérité). En réalité, que ce soit pour Fitz ou Umbre, le plus dur quand ils pensent à Umbre est de voir à quel point cet homme a décliné. Ils l'ont connu au sommet de sa puissance, de son pouvoir et l'ont vu chuté rapidement. Dans le Retour de l'assassin, un passage illustre bien ce fait : "le roi subtil me considérait du haut de son portrait ; son regard perçant et son menton volontaire de Loinvoyant ne me rappelaient que plus vivement la déliquescence de son esprit avant l'âge, victime d'une maladie débilitante, de ses douleurs et des drogues qu'il prenait pour les apaiser".
Dans cette série de livres, on se rend compte à quel point Subtil a aimé Chevalerie et Vérité ainsi que Fitz. Cela lui a sans doute d'ailleurs causé des troubles politiques internes et encouragé la révolte. Sa propre femme, Désir, ne cessait de lui rappeler que ses décisions étaient mauvaises, qu'il ne fallait pas reconnaître Fitz et que Royal valait mieux que Chevalerie et vérité. Pire, Désir n'a pas gardé ses griefs privés mais en a parlé à ses proches : la discorde était donc publique. Les premières lignes du Fou et l'assassin sont équivoques : Désir écrit une lettre à une amie où peut lire que "quand j'ai sacrifié mon propre rêve et tous mes titres pour devenir la reine de Subtil, il était évident pour moi que les enfants que je porterais seraient considérés comme d'un lignage bien supérieur à celui des deux gamins étourdis que sa précédente épouse lui avaient donnés". La suite des événements lui a donné tort. Quand Chevalerie décide d'abdiquer, Désir s'attend à ce que le jeune homme soit puni pour sa faute politique. Elle ne s'attend pas à ce que Subtil le pardonne, le comprenne et lui offre une paisible retraite politique. Désir voulait que Chevalerie soit écarté du jeu, probablement envoyé au loin en exil. a sa grande déception, Subtil l'a gardé à portée de bras et cela a pu motiver Désir à faire tuer Chevalerie ("je pense que mon grand-père aimait son fils autant que belle mère l'abhorrait, et le roi Subtil l'avait envoyé dans cette lointaine propriété pour le protéger ; il avait échoué, mais ce n'était pas son intention").
En ce qui concerne Fitz, on peut mentionner un souvenir qui remonte à la surface lors d'une de ses visites à Castelcerf. Alors qu'il était formé au métier d'assassin, Umbre lui a confié une mission désagréable (voler un bien à Subtil). Fitz a refusé de la faire, l'estimant déloyale; cela lui en a coûté beaucoup et il a failli tout perdre. Or, sa volonté était testée par Subtil. Ce simple exercice a failli briser Fitz tant il était partagé entre deux envies distinctes (réussir la petite tâche ou rester fidèle), on peut penser que c'est pour ça que Subtil l'a laissé agir. Des années plus tard, le couteau est toujours là : "mon regard se posa sur le manteau de la cheminée, et je faillis sourire en constatant que le couteau à fruits du roi Subtil y était encore planté".
La relation entre Umbre et Subtil est aussi intéressante. Grand frère, mais bâtard, Umbre a dû passer sa vie dans l'ombre. Après quelques temps compliqués suite à un accident, Umbre s'est mis au service de la couronne pour protéger le royaume. Il est devenu espion, assassin, un outil dont se servait allègrement Subtil. On aurait pu croire que c'était uniquement une relation professionnelle. Mais, les deux ont, au fil des ans, créé des liens forts et sincères ("Subtil était mon roi et c'était l'homme qui commandait ma main, mais, dans les heures qui suivaient l'endormissement du château, quand lui et moi bavardions dans sa chambre, devant la cheminée, c'était aussi mon ami").
Une des personnes qui a le mieux connu Subtil est le Fou. Venu de Clerres, un lointain pays du sud, il cherchait l'homme qui pouvait l'aider à accomplir sa vision du monde. Son long et dangereux périple l'a mené jusqu'à Castelcerf, quelques temps avant que la bâtardise de Fitz ne soit révélée. Le Fou est un étranger à la cour, une créature curieuse que les gens jugent mal. Désir pousse Subtil à s'en débarrasser, elle n'obtient pas satisfaction ("il n'avait aucune raison d'être aussi bon avec moi, Fitz ; aucune. Il me protégeait (...) il lui a fallu des mois pour gagner ma confiance, mais, à la fin (...) je me sentais en sécurité"). C'est sans doute pour ça que le Fou s'est attaché à Subtil, d'autant plus que lors de sa jeunesse à Clerres, ses professeurs le traitaient mal, ne croyaient pas en lui. La réciproque était également vraie : Subtil considérait sincèrement le Fou : "je n'avais pas prévu que je finirais par l'aimer à ce point, Fitz, ni qu'il se prendrait d'affection pour moi".
Dans une lettre de Subtil à Désir, il exprime clairement ce qu'il pense, il écrit que "je ne puis nier qu'il a une apparence curieuse, mais il semble intelligent et je suis certain qu'il ne représente aucun danger pour moi ; je m'étonne que vous le croyiez envoyé par un ennemi pour me tuer".
Roi, Subtil a laissé sa marque sur les Six-Duchés, positivement ou négativement. On savait qu'en temps de paix il avait œuvré pour que les routes soient sures, on sait aussi qu'il s'est intéressé à l'éducation des plus jeunes, en tout cas les plus chanceux d'entre eux ("le roi Subtil avait toujours exigé que chaque enfant de Castelcerf eût la possibilité d'apprendre à lire et à calculer"). C'est une remarque importante quand on sait à quel point ce pays est considéré comme barbare par ses voisins. Subtil aura fait preuve de moins de sagesse en ce qui concerne la magie de l'Art. Il n'a pas su anticiper et sa politique a conduit à avoir très peu d'artiseurs alors qu'ils en avaient besoin lors du conflit contre les Pirates Rouges (Umbre : "Avant même que le roi Subtil décidât, de façon assez mal avisée de restreindre la formation d'Art aux seuls membres de la famille royale"). Ces deux exemples peuvent aussi se lire différemment : on peut y voir une éducation réservée aux plus riches, aux mieux-nés et non pas ouverte à tous.
Enfin, on revoit Subtil deux fois grâce à l'Art. La première situation fait suite à l'agression d'Umbre et de Fitz par des soldats renégats alors qu'ils étaient de retour de Flétribois après l'enlèvement d'Abeille et d'Evite (respectivement la fille de Fitz et la fille d'Umbre). Pour fuir leurs adversaires, ils passent par un pilier d'Art. Or, cette magie nécessite d'avoir un esprit solide, ce qui n'est pas le cas d'Umbre à ce moment-là. Subtil lui parle : "personne ne s'est adressé à toi pendant le voyage ? (...) j'ai reconnu sa voix, et des années sont passés, mais j'ai reconnu la voix de mon frère". L'Art est une magie mystérieuse mais on sait que des esprits naviguent dans un courant d'Art. Fitz et Devoir en ont rencontré des années auparavant alors qu'ils essayaient d'échapper aux Pie. Fitz rencontre également Subtil : après avoir brillamment détruit Clerres avec l'aide des dragons, Fitz effectue son retour vers le Nord. Ses pas le mènent jusqu'à la carrière, cet endroit où Vérité a sculpté son dragon. Là, on comprend que c'est aussi ce qui attend Fitz. Son esprit a vogué dans le courant d'Art et a fréquenté des personnes familières ; Oeil-de-Nuit (qui occupe une part de l'esprit de Fitz) lui rappelle que "Vérité (...) c'est un grand poisson dans ce fleuve à présent et il nage dans ces courants profonds (...) le roi Subtil était là, plus petit et plus maigre".
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