Molly n’aura jamais eu la reconnaissance officielle des Loinvoyant. Compagne de Fitz, elle subira le jeu politique du trône royal : Subtil veut marier Fitz à Célérité et Vérité ne sera jamais en mesure de tenir sa promesse de laisser Fitz épouser qui il veut. Quant à Royal, il fera tout pour l’éloigner, et pire lui faire du mal.
Il faudra attendre la fin du second cycle pour que Molly soit enfin considérée, et ce sera par Kettricken. Entre-temps, sa fille Ortie grandira éloignée de Castelcerf. Ortie est la fille de Fitz et Molly, conçue à l’époque trouble de la guerre des Pirates Rouges. Par la suite, Molly croira Fitz mort. Burrich lui proposera son aide et petit à petit l’amour grandira entre eux : ils formeront une famille. On le voit donc, la vie de Molly a été énormément impactée par le fait qu’elle connaisse Fitz. Il y a pourtant un autre élément important qui a défini sa vie : l’alcool.
La première apparition de Molly donne tout de suite le ton de la relation entre l’alcool et elle. On n’est pas du tout dans la jeune adolescente qui découvre petit à petit le plaisir de la boisson. C’est, au contraire, un lien néfaste : le père de Molly est alcoolique, il a une emprise émotionnelle sur elle, et il fait tout pour ruiner sa vie. Car, il ne fait pas que boire, il se repose entièrement sur Molly pour gérer la boutique de bougies (“il s’est réveillé presque dessaoulé il y a une heure et il s’est mis à te traiter de tous les noms en voyant que tu avais disparu et que le feu était éteint”). La mère de Molly morte, le père est le seul proche qui lui reste (on apprendra plus tard qu’elle a un cousin mais il vit loin). L’alcool ronge le père de Molly, Fitz est un bon témoin de sa chute : “de maigre, il était devenu squelettique (...) S’il ne battait plus Molly, c’était peut-être qu’il n’en avait plus la force”.
Très vite, on se rend compte de la lassitude qui a grandi en Molly, son père est contaminé par la boisson et elle ne peut rien y faire. On se doutait déjà que les enfants des Six-Duchés n’avaient pas une vie simple (Fitz, Kerry, tous ceux qu’on voit font face à de grands défis), on en a la confirmation avec Molly. Quand Molly parle de sa situation, c’est avec fatalisme et résignation (“je débouche les bouteilles pour mon père depuis toujours. Avant, c’était parce qu’il était trop soûl pour y arriver ; maintenant, c’est parce qu’il n’a plus de force dans les mains, même à jeun”).
Voir son père dépérir et mourir à petits feux contribue forcément à son caractère et à sa personnalité. Molly apparaît très droite dans ses bottes en refusant toute discussion (et embrassade) avec des gens soûls. Il faut également préciser qu’elle a été marquée par des moqueries entendues durant son enfance. Ses voisins lui ont affirmé que “j’étais la fille d’un ivrogne, j’épouserais un ivrogne et j’aurais beaucoup de petits ivrognes”. Notons d’ailleurs que les deux hommes qu’elle connaîtra intimement (Fitz et Burrich) auront leur lot de soûleries…
Quand Fitz revient malade des Montagnes (le tome 2, l’Assassin du roi), il tombe par hasard sur Molly. Le lecteur sait que Fitz a été empoisonné, Molly non. Elle le voit titubant, elle vient d’apprendre qu’il a menti sur sa réelle identité, elle est donc légitimement en colère. Il n’est donc pas étonnant de la voir claire, obtuse, bornée : “jamais, je n’embrasserai un ivrogne. C’est une promesse que je me suis faite et que je tiendrai toujours. Et je ne laisserai jamais un ivrogne m’embrasser”.
Malheureusement, Fitz et Burrich prendront un malin plaisir à se montrer en mauvais état face à elle, à exposer les bouteilles à ses yeux.
Quand Burrich revient blessé après avoir aidé Vérité dans sa première partie de quête des Anciens, Fitz lui explique la situation. Molly est la femme qu’il aime, elle est aussi une femme qui a beaucoup souffert à cause de l’alcol (“son père s’est tué à force de boire ; mais avant ça il s’est débrouillé pour faire un enfer de la vie de sa fille pendant des années : il la battait quand elle était petite et quand elle est devenue trop grande, il la couvrait d’injures et de reproches”). Patience demande à Molly de s’occuper de Burrich et l’ancienne chandelière tombe sur un spectacle qui ne peut que la contrarier. Burrich n’a pas grand chose à faire à part boire et il s’y emploie vaillamment (“les alignements de bouteille ne pouvaient manquer de rappeler son père à Molly”).
Les gens savent donc que Molly a un mauvais rapport avec l’alcool excessivement consommé et ils s’emploient à la mettre en difficulté. Même Fitz pousse le vice, ainsi on lit juste avant les événements de Finebaie que “j’aurais voulu que Molly soit là pour me réprimander d’être ivre”. Le bâtard royal sait pourtant que Molly ne supporte pas la vue d’un homme ivre, elle n’a eu de cesse de le lui répéter.
Fitz incapable de choisir entre ses devoirs et son amour, c’est à Molly qu’il convient de trancher. Elle décide de partir (on saura plus tard qu’elle est enceinte). Cela crève le coeur de Fitz et il cherche du réconfort auprès de Burrich. Le maître d’écuries, tout en subtilité, n’a pas d’autre réponse que l’alcool : “nous allons boire. Pour souhaiter de tout notre coeur à Molly de trouver le bonheur”. L’intention est donc bonne, l’attention aussi, mais encore une fois, quand Molly est évoquée, c’est l’alcool qui prédomine.
Le poison de la vengeance s’ouvre sur un Fitz tiré de la mort. Seuls Burrich et Umbre savent qu’il est vivant, Patience et Molly se sont recueillis sur sa tombe. Le Fitz sorti de la tombe ne rêve que de revanche, il a tiré un trait sur Molly. Ce qu’il ne sait pas, ce qu’il ne peut pas soupçonner est que Burrich a décidé d’aller aider Molly. Petit à petit, Burrich et Molly créent un lien amical, sans doute basé sur le souvenir de Fitz.
Et encore une fois, Burrich impose à Molly une mauvaise attitude (“ne venez pas ici quand vous êtes soul !). A sa décharge, Burrich pense que Fitz est à nouveau mort, tué par un forgisé. Il pleure une nouvelle fois son vieil ami et se raccroche à la dernière personne qui avait un lien fort avec le bâtard (“maudit que vous êtes, il est mort depuis des mois ! N’essayez pas de m’adoucir avec vos pleurnicheries d’ivrogne !”) Molly n’a pas d’autre choix que d’accepter l’aide de Burrich, à moins de se retrouver entièrement isolée.
Enfin, le deuxième cycle de l’assassin royal réintroduit dans la seconde partie le personnage de Molly. Son couple avec Burrich est bien établi, ils ont eu des enfants ensemble. Mais, Fitz revient dans leurs vies par une petite porte : Ortie a l’Art et elle subit les contacts de Fitz. Fitz, têtu, refuse qu’elle soit formée à l’Art. Les choses se compliquent quand Leste (le fils de Molly et Burrich) fugue et s’en va à Castelcerf. Fitz le trouve et les choses font qu’il doit adresser un message à Burrich pour dire que Leste est en sécurité. C’en est fini de la paix du couple Molly/Burrich.
Burrich est envahi par les remords, un des hommes qu’il aimait le plus est vivant alors qu’il le pensait mort. On apprendra dans Adieux et retrouvailles qu’il ne regrette pas du tout de s’être mis avec Molly et qu’il compatira en sachant que Fitz avait parfois des visions d’Art qui montraient le bonheur du couple.
En attendant, la nouvelle chamboule Burrich, il devient distant et se remet à boire. Molly assiste tristement à ce spectacle. Cela durera jusqu’à ce que Burrich se lance à la recherche de Fitz, loin à Aslevjal.
Molly a donc eu une vie fortement marquée par l’alcool. Si elle n’a jamais été contre boire un petit verre, elle a été entourée par des comportements abusifs : de son père qui la battait et la maltraitait à ses amoureux qui persistaient à boire en grande quantité devant elle.
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