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samedi 1 février 2025

[George R.R. Martin] Qui a tué Elia Martell ?

En se rebellant contre leur roi légitime Aerys Targaryen, Robert Baratheon et Ned Stark ont plongé le royaume dans la guerre et la violence. De nombreuses personnes sont mortes à cause de ça, souvent des victimes innocentes. Si le peuple a souffert injustement, on peut dire la même chose d'un certain nombre de personnes de la famille royale. Elia Martell en est un bon exemple : elle ne représentait aucune menace pour les prétendants. Ils auraient pu la garder en otage ou l'exiler. Étant une femme, Elia ne pouvait avoir aucune prétention au Trône. Son sort a été funeste : elle a été tuée après que les Lannister aient choisi le camp de Robert et Ned.


Puisqu'elle s'est passée des années avant le temps de la narration, la mort d'Elia Martell n'est pas racontée directement. Les témoins de la scène sont rares. Bien souvent, ce sont des témoignages indirects. 

L'exemple le plus frappant est celui de Daenerys Targaryen : la jeune femme n'a aucunement connu sa belle-sœur. Comme souvent, c'est son frère, Viserys, qui lui a parlé d'elle. La crédibilité des paroles de Viserys peut être mise en doute tant il est amer et avide de revanche. Grâce à lui, on apprend la façon dont Elia a été tuée, une fin violente et cruelle : « les supplications de la princesse Elia de Dorne quand, arrachant de son sein le fils de Rhaegar, en le massacrant sous ses yeux ». Autrement dit, avant de mourir, Elia a vu son fils (Aegon) être tué et ne rien pouvoir y faire. Elle est totalement impuissante et elle sait que c'est ce qui l'attend ensuite. 

Ned Stark, lui, ne retire aucune fierté de la mise à mort de la famille du prince Rhaegar. Quand il se rend à Port-Real et qu'il voit le tueur d'Elia, Gregor Clegane, il a toujours autant de mépris pour lui et ce qu'il a fait. Car, Gregor Clegane a « violé la mère, la princesse Elia de Dorne avant de la passer au fil de l'épée ». Quant à Rhaenys, la fille de Rhaegar et Elia, sa fin a été encore plus barbare. L'enfant a subi une violence injustifiée. Cette fois-ci, c'est Tywin Lannister qui raconte ce qui s'est passé : « Ser Amory ne montra presque aussi bestial avec Rhaenys. Je lui demandai par la suite comment il se faisait qu'il eut fallu une cinquantaine de coup pour tuer une petite fille de... deux ans ? » Elia et ses enfants ont donc été des victimes gratuites de la rébellion. Leurs morts rivalisent de sauvagerie.


Le coupable des meurtres est connu. C'est Gregor Clegane. Et personne ne fait rien tant l'homme est effrayant, il fait peur. Il l'admet d'ailleurs publiquement lors de son combat contre Oberynn Martell : « je l'ai tuée (…) puis je l'ai violée. Puis, j'ai écrabouillé sa putain de gueule ».


Mais, pour certains, il faut chercher au-delà. Il faut trouver le commanditaire, la personne qui a permis à Gregor Clegane de se déchaîner. Pour Jorah Mormont, les Lannister sont responsables (« mais si c'était là le prince promis, la promesse alla se fracasser contre un mur en même temps que son crâne par la grâce des Lannister »). Tywin admet le crime à Tyrion, il admet aussi qu'il a été dépassé par les actes (« Elia aurait dû s'en tirer sans une seule égratignure. Par elle-même, elle n'était rien. Ce fut folie pure que de la tuer »). Tywin, ce prétendu brillant chef, a donc été incapable de percevoir la rudesse de ses hommes. Il ne comprend pas comment Amory a pu tuer Rhaenys si brutalement alors qu'il y avait des moyens bien plus doux. Il affirme qu'il aurait pu la calmer avec « quelques phrases câlines et se servait d'un oreiller de soie bien douillet ». Amory aurait donc tu pu tuer une gamine en l’étouffant plutôt qu'en la poignardant. Tywin, derrière ses belles paroles, ne regrette donc en aucun cas cette mort. On peut même croire qu'il se cherche des excuses à propos du viol d'Elia (« j'ose espérer que, cet ordre-là, tu répugneras toi-même à m'accuser de l'avoir donné »).


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