Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses. Keffria, tu remontes dans notre estime. Il était une fois Clerres.

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lundi 10 février 2025

[George R.R. Martin] Les souffrances de Sansa Stark

Sansa n'est qu'une gamine lorsque son père, Ned Stark, décide de l'emmener dans la ville la plus dangereuse pour une jeune noble non encore promise. Elle se trouve plongée au milieu d'intrigues qui la dépassent, d'acteurs prêts à tout pour arriver à leurs fins. Elle n'est clairement pas préparée pour y faire face et elle commet donc des erreurs, certes compréhensibles vu son inexpérience, mais aux conséquences dramatiques. 


Après la mort de son père, Sansa est retenue prisonnière. Ses mouvements sont entravés et son futur ne lui appartient plus. Elle est une héritière possible du Nord et elle doit être contrôlée. Les Lannister envisagent de la marier au roi Joffrey une fois qu'elle aura commencé à avoir ses règles. C'est une plongée brutale dans le monde impitoyable des adultes pour la jeune femme. Elle est forcée à grandir. Mais, certains lisent clair en elle et se rendent compte qu'elle n'est pas encore au niveau. Si son corps a commencé à grandir, son intelligence et sa capacité de survie laissent encore à désirer comme le remarque Sandor Clegane. Il lui dit que « t'as presque l'air d'une femme..., frimousse, nichons et la taille aussi, presque..., oh, mais t'es encore qu'un stupide petit oiseau, hein ». Sansa a donc grandi, elle n'est plus une enfant et pas encore tout à fait une femme. Sandor lui donne sans doute un premier avertissement déguisé en pointant sa naïveté.

Dès que Robb, le frère de Sansa, se dresse contre Joffrey, la vie de Sansa devient encore plus un enfer ; elle est torturée physiquement et psychologiquement. Joffrey prend un énorme plaisir à lui dire qu'il pourrait disposer de sa vie comme il ne désire (« je vous descendrais bien aussi, mais Mère affirme qu'on tuera mon oncle Jaime, si je le fais. Aussi me contenterais-je de vous châtier, puis nous aviserons votre frère de ce qui vous pend au nez s'il ne se rend pas »). A ce stade du récit, Sansa a déjà changé : elle ne voit plus Joffrey comme un prince charmant ou son futur mari. En lui affirment ça, Joffrey la place dans une situation délicate car Sansa sait qu'elle sera battue tant que son frère combattra. Et effectivement, Sansa prend des coups. Pire, elle est humiliée publiquement : « Boros porta une main viandue sur le corsage de Sansa et l'arracha d'une seule traction. La soie se déchira tout du long, la dénudant jusqu'à la taille ».


Malmenée dans le château, Sansa l'est tout autant quand elle se promène dans les rues de Port-Real. Comme trop d'autres, elle subit l’impulsivité de Joffrey. Quand ce dernier s'en prend au peuple, sa suite se fait attaquer, Sansa également (« ils lançaient des choses..., des cailloux, des œufs, des saletés... J'ai bien essayé de leur dire que je n’avais pas de pain à leur donner. Un homme a voulu m'arracher de ma selle »). Sansa ne prend pas la mesure de ce qui se passe, elle pense qu'elle peut discuter sereinement avec une foule en colère. Elle échappe de très peu à des choses bien plus graves (la pauvre Lollys Castelfoyer est  par exemple la victime d'un viol collectif).

C'est donc un rappel à la réalité pour Sansa : la vie est laide, il faut qu'elle se débarrasse de ces préjugés. Elle doit passer outre ses idées préconçues sinon elle le paiera. C'est ce que compte lui inculquer Sandor en lui affirmant qu'il n'y « a pas de véritables chevaliers, pas plus qu'il n'y a de dieux. Si tu n'es pas capable de te protéger toi-même, crève et cesse d'encombrer le passage à ceux qui le sont ». A sa façon et crûment, Sandor lui donne donc un conseil : Sansa doit d’endurcir.


Sansa se doute bien qu'elle sera mariée, contre sa volonté, dès qu'elle sera en âge de faire des enfants. Elle est une prisonnière de marque, ce qui reste de Winterfell. Elle redoute l'arrivée de ses règles. Après un terrible cauchemar, elle constate du sang sur ses draps et cela la terrifie (« elle repoussa la couverture, et la seule idée qu'au vu du sang lui dicta son marasme fut qu'elle n'avait qu'à demi-rêvé. Le couteau de ses souvenirs l'avait bel et bien fouaillée, labourée »).  Si la nouvelle s'ébruite, Sansa comprend que son mariage va se précipiter. Elle comprend aussi qu'elle n'est plus en sécurité et qu'elle est à la merci du pervers roi Joffrey. Ser Dontos lui rappelle que Joffrey « demeure le roi. S'il désire vous voir partager sa couche, il vous aura, mais, au lieu d'enfants légitimes, c'est de bâtards qu'il ensemencera votre sein ».

Quand Stannis attaque la capitale, Cersei la prévient que sa noblesse ne la protégera pas des viols en cas de défaite. Tout comme Sandor, Cersei conseille à Sansa de s'endurcir et de devenir plus forte : « les pleurs ne sont pas la seule arme de la femme. Tu en as une autre entre les jambes, et tu ferais mieux d'apprendre à l'utiliser. Tu t'apercevras que les hommes usent assez librement de leurs épées ».


Ce qui devait arriver arriva. Une fois Stannis Baratheon vaincu, les Lannister décident de marier Sansa à Tyrion. Aucun des deux mariés n'a son mot à dire. Sansa est mariée contre son gré. La cérémonie est un chemin de croix pour elle d'autant plus que Joffrey fait une nouvelle fois preuve de sa malveillance (« à poil, la louve, dépêchons qu'on voye enfin ce qu'elle réserve à mon oncle ! »). Le supplice se poursuit lorsqu'elle doit consommer le mariage. Sansa a peur de façon assez compréhensible. Elle boit pour se donner du courage et ce n'est pas suffisant ; on lit qu' « elle en emplit deux. Ce sera plus facile si je suis ivre aussi (…) ses mains tremblaient quand elle entreprit de trifouiller dans ses atours ».

Les événements rattrapent Sansa. Elle apprend petit à petit la mort de tous ses frères : « Lady était morte et Robb, Bran, Rickon, Arya, Père, Mère et même septa Mordane. Tous morts, excepté moi. Seule au monde, elle était désormais ». On ne peut pas reprocher à Sansa de se vautrer dans une posture mélodramatique. Elle a vécu son lot de malheurs. D'ailleurs, sans l'intervention de Tyrion, elle aurait pu vivre des choses aussi dégueulasses plus souvent. Par exemple, le sadique Joffrey voulait lui offrir la tête de son frère (« j'exige sa stupide tête. Je compte la faire embrasser à Sansa ). C'est également Tyrion qui lui empêche de savoir les méfaits subis par le cadavre de sa mère.


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