Formé pour espionner et tuer, Fitz doit rester discret. On lui a appris à vivre dans l’ombre, à ne pas se faire remarquer. Pour atteindre ses objectifs, il porte souvent des tenues neutres qui ne le mettent pas en valeur. Il ne fait pas particulièrement d’efforts dans la manière de se vêtir, il ne cherche à valoriser son apparence. Pourtant, Fitz semble être un bel homme, un jeune homme avec un certain charme lorsque l’aventure commence. Si Fitz ne se tracasse pas avec sa manière de s’habiller, d’autres font des remarques différentes. C’est par exemple le cas d’une tisseuse de Pressée qui remarque que « ce bleu flatte son teint sombre ». On comprend assez rapidement que s’habiller, faire attention à ce qu’il porte ennuie Fitz. Et, quand Charim prend soin de son apparence avant un banquet, Fitz trouve tout cela bien fastidieux (« pour un garçon habitué à se vêtir tout seul, ce pomponage et ces examens semblaient ne jamais de voir finir »).
Des années plus tard, lors du couronnement de Royal, on se rend compte que les choses n’ont pas changé. Fitz n’a toujours pas appris à apprécier la variété dans la façon de s’habiller. Il ne s’est même pas habitué à porter des tenues de cérémonie alors qu’il en a souvent eu l’occasion : « debout parmi l’assistance, mal à l’aise dans une chemise aux manches trop amples et des chausses qui me démangeaient épouvantablement, mais le faste et l’apparat n’étaient pas au centre de mes préoccupations ». Même dans un moment aussi tendu que cela, Fitz n’a pas la volonté de faire un effort.
Fitz se fait donc à ses tenues sans goût, fades. Il a compris que cela lui a permis de passer inaperçu dans ses activités. Le Fou lui apporte un autre niveau de réponse : Subtil a volontairement négligé l’apparence de Fitz pour que les gens oublient qu’il était de sang royal (« ne t’es-tu jamais étonné autrefois de tes vêtements simples, voire grossiers, qui te donnaient plus l’apparence d’un garçon d’écurie et d’un soldat que du bâtard d’un prince ? »). Le Fou pense que cela est un immense gâchis, que Fitz mérite bien mieux. Après tout, le Fou a toujours trouvé que Fitz était un bel homme, même avez son nez cassé.
Il fallait tout faire pour effacer le statut royal de Fitz : on ne devait pas se le rappeler en le regardant. D’une certaine façon, cela a inculqué l’idée à Fitz que son apparence ne compte pas. Pire, ayant ses habits fournis par Pressée, la tisseuse royale, Fitz n’avait pas son mot à dire et obéissait aux choix des autres (« même quand elle avait l’autorisation de se laisse aller (…) c’était toujours dans un sens qui attirait l’oeil sur les créations et ses talents de couturière, et détournaient l’attention de toi »).
Alors, quand le Fou devient Sire Doré et Fitz devient Tom Blaireau, Sire Doré saisit sa chance. Etant le maître de Tom Blaireau, il a l’opportunité de choisir ses vêtements et ne s’en prive pas (« Ah, Fitz, j’ai toujours rêvé, si un jour l’occasion s’en présentait, de te montrer sous l’aspect qui t’avantage le plus - et regarde toi aujourd’hui ! »).
Malheureusement, le conditionnement de Blaireau (Fitz) perdure. Il a conservé ses vieux réflexes, ses vieilles habitudes. Il freine à l’idée d’être mieux habillé : « je ne veux pas être resplendissant ; je veux passer inaperçu ». Même bien habillé, Blaireau reste un domestique ; il est donc invisible pour les nobles et il est juste un élément de pouvoir, de la puissance de Sire Doré. En étant capable de pouvoir fournir des tenues de qualité et qui sortent du lot à son domestique, Sire Doré montre sa richesse. Sire Doré doit lui rappeler qu’une tenue n’est pas que fonctionnelle mais qu’elle a aussi une portée symbolique (« tu passeras inaperçu. Si on te remarque, c’est ta livrée qu’on se rappellera (…) Elle te dissimulera autant que des habits de domestiques peuvent trans former une ravissante demoiselle en simple femme de chambre »).
De plus, Blaireau semble hostile au changement. L’idée qu’il y ait des modes dans sa façon de s’habiller ne l’effleure pas. Il ne comprend pas pourquoi certains s’infligent des tenues si complexes, si peu pratiques. Blaireau râle : il affirme que « pendant mon enfance, on s’habillait à Castelcerf… ma foi, à la mode cervienne. On ne parlait pas de style jamaillien, on ne voyait pas ces capes baugiennes avec des capuches à la pointe si longue qu’elle traînait par terre ».
En tout cas, la nouvelle apparence physique de Blaireau plait. A Myrteville, il attire quelques regards intéressés. A Castelcerf, Sire Doré lui dit que « tout est visible mais pas ce dont tu te soucies »…
Des années plus tard, Fitz et Molly se sont remis ensemble. Ils sont à la tête de Flétribois et préparent la fête de l’Hiver. Les années ont passé et Fitz est toujours aussi réticent à s’habiller pour les grandes occasions. Cela le fatigue et il ne le ferait pas si ce n’était pas pour Molly (ses chausses « étaient d’un vert foncé tirant vers le noir, en lin fin et presque aussi volumineux qu’une jupe ; elles se fixaient à la taille par des rubans et une lange ceinture en soie parachevant le ridicule de l’ensemble. Je me consolai en songent que me voir ainsi vêtu plairait à Molly »).
Fitz est donc enclin à faire des efforts pour Molly. Tout change quand sa femme meurt. Il se néglige, se laisse aller. Il n’a pas l’air d’être à la tête d’une maison. Abeille, sa fille, est triste qu’il ressemble plus à son grand-père qu’à son père. Elle lui dit franchement que « tu devrais te couper les cheveux, ou les plaquer avec de la graisse demain - je ne sais pas comment les garçons font ce genre de choses - ; en tout cas, tu fais hirsute. Et ta barbe est affreuse ». Dès lors, Fitz fait des efforts même si il lui reste encore beaucoup de chemin à faire. On en a un exemple quand Evite arrive. On peut lire que « j’avais sorti ma dernière chemise propre et utilisé la sale pour donner un rapide coup de chiffon sur mes bottes ; il fallait que je prisse le temps de faire un paquet de mon linge sale et de demander à un des domestiques de s’en occuper ». Fitz s’habille donc proprement mais il le fait avec ce qu’il a sous la main. Surtout, il ne prend aucun soin de ses tenues, les laisse s’entasser.
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