Il existe des personnages qui paraissent anodins et qui ont un grand impact sur l’histoire. Il existe des personnages qui accomplissent des choses désirées par le lecteur et qui récoltent des applaudissements. Petit-Furet répond à ces deux critères. Petit-Furet est très brièvement évoqué dans la saga. Fitz le rencontre alors qu’il est en route pour les Montagnes dans la Voie Magique. Il rencontre cet animal qui vient de perdre son compagnon de Vif, qui est animé par la fureur et qui a comme mission de tuer Royal.
Pour les gens du Vif, Royal est une cible légitime puisqu’il en a torturé beaucoup dans sa folle jalousie. Il en a également jeté dans son Cirque du roi pour son amusement, un lieu où bêtes sauvages, forgisés et gens du Vif luttaient. Il n’est donc pas étonnant de voir des gens doués de la magie en vouloir à Royal et souhaiter sa mort. Cette envie est encore plus forte chez un animal qui vient de voir son compagnon mourir, sans doute de la main des soldats du roi. Petit-Furet n’est que colère. C’est ce qui se dégage de lui à un point que cela effraie Fitz : « il avait un esprit minuscule, violemment prédateur, et je percevais une grande colère en lui ».
Surtout, on a un nouvel aperçu de ce que représente la perte d’un compagnon de Vif.
Alors qu’il n’était pas lié à lui, Fitz avait été profondément marqué par le double sacrifice de Fouinot : Burrich a brisé le lien entre les deux puis des années plus tard Fouinot a donné sa vie pour sauver Fitz. Cela a laissé une peine immense et continue chez Fitz (« les hommes ne pleurent pas avec l’intensité des chiens. Mais nous pleurons de longues années »).
Martel, un chien, s’est interposé entre des agresseurs envoyés par Royal et Burrich. Il est mort en héros tragique ; rares sont ceux qui savent ce qu’il a fait (Fitz et Burrich) ; Burrich ne lui accorde aucun crédit.
Petit-Furet est donc le premier animal qui survit à son compagnon. On comprend que ce dernier, dans un dernier souffle, lui a transmis un désir de vengeance qui a imprégné le furet : « le furet me paraissait un petit être bien seul, et entrer en contact avec son esprit était comme voir ce qui restait d’un animal coupé en deux. La souffrance vidait sa tête de tout sauf de son but ». D’ailleurs, l’aspect solitude est à nouveau présent ; quand on perd un compagnon de Vif, on perd pas qu’un proche, on perd aussi un certain lien au monde, une certaine sensibilité au monde.
Pour Petit-Furet, la rencontre avec Fitz est une bénédiction. Il l’avertit d’un danger, d’un piège : Royal n’est pas là. Surtout, il trouve en Fitz un petit havre de repos, un moment de réconfort (« Chaud. Ses petites pattes griffues étaient gelées contre ma peau »). Il a aussi la satisfaction d’apporter une sorte de réconfort à Fitz (« savoir que je n’étais pas le seul ennemi de Royal me réchauffait le coeur »).
Finalement, Petit-Furet atteint son but. Il est celui qui tue Royal. On lit que la mort a été brutale, preuve de la colère qui était présente. Il n’a pas offert à Royal une mort paisible ou douce. Il s’est acharné sur lui comme Royal s’est acharné sur les gens du Vif. La description est assez explicite : « la sauvage créature qui le déchiqueta dans son lit une nuit laissa des traces sanglantes non seulement sur les draps mais dans toute la chambre, comme si son l’acte rendue folle d’exultation ».
Merci Petit-Furet.
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