La
Farseer Trilogy se termine avec un Fitz coupé du monde. Alors qu'il
a permis aux Six-Duchés d'être sauvé de la menace des Pirates
Rouges, il se retrouve à devoir observer de loin la femme qu'il aime
vivre avec son père de substitution (Burrich). Notons au passage que
le maître des écuries n'a pas eu beaucoup de scrupule, cette
fois-ci, à prendre la femme d'un autre, alors qu'il a enfermé à
double tour son amour pour Patience.
La
Reine solitaire se conclut donc sur Fitz vivant dans une petite
maison près de Forge, avec son loup Oeil-de-Nuit, son fils adoptif
Heur, loin des affaires du trône et recevant de temps en temps la
visite d'Astérie. Ce n'est pas pour autant la solitude le plus grand
mal qui ronge le bâtard Loinvoyant. Doué de l'Art, témoin des
prouesses et de la transformation de Vérité en Dragon, il n'a
qu'une envie : (« Nous rêvons de sculpter notre propre
dragon »). Peut-être rêve-t-il aussi de rejoindre son ami et
son mentor, Vérité, là où il se trouve ; on a d'ailleurs à
ce sujet quelques indications dans les premiers chapitres du tome
sept (Le prophète blanc) où Fitz se lamente sur l'absence de
réponse de la part de Vérité le Dragon et plus largement de
n'importe qui possédant l'Art. A ce titre, il se perdra bien souvent
dans le courant d'Art… Est-ce là une preuve de sa volonté d'en
faire partie ?
Il
faut mentionner le Fou. Quand les Dragons des Anciens sont libérés
de leur immobilité, le Fou s'en va avec eux, en direction de
Castelcerf. Puis, c'est la grande inconnue : Fitz n'a aucune
idée de l'endroit où il est, aucun moyen de le contacter. Rien. Le
bâtard écrit clairement à quel point son ami lui manque. La même
situation se reproduit au début de la trilogie Le fou et
l'assassin ; il a compté les années qui le séparent de son
ami.
La
fin de la Tawny Man Trilogy est aussi marquée par des Dragons (des
vrais cette fois-ci), Molly et le Fou. Certains événements vont se
dérouler différemment.
Comme
dans la première trilogie, Fitz chérit les souvenirs des moments
vécus avec le Fou. Mais là où dominaient un manque et le besoin de
le revoir existe à présent une espérance que, quel que soit
l'endroit où il se trouve, le Fou aille bien.
Car,
la grande différence est que le Fou a retrouvé Molly. Plus que
l'ordre de Burrich d'aller voir Molly (un peu glauque, Molly est elle
un bout de viande qu'ils se partagent ?), c'est un ensemble de
petites choses qui a permis la réunion des deux : intervention
de Patience (dont le rôle est sous-estimé tout le long de la saga),
remarques de Molly sur la passivité de Fitz, le trône royal ne
semble plus avoir besoin des talents d'assassin et d'espion de Fitz
et peut donc le laisser tranquille.
C'est
aussi et malheureusement selon le point de vue l'absence du Fou qui
permet à Fitz et Molly d'avoir une vie commune. Non seulement,
l'ancien bouffon du Roi Subtil avait la manie de le plonger dans des
aventures dangereuses mais en plus sa présence aurait
vraisemblablement créé un déséquilibre dans leur relation. Molly
ne l'a jamais vraiment connu et son caractère aurait fait qu'elle en
veuille à celui qui l'a tant privée de l'être aimé. Le dernier
cadeau du Fou aura été de rendre à Fitz les souvenirs et les
émotions qu'il avait enfouis dans un dragon de pierre.
Pour
autant, Molly était elle le choix idéal ? Via Oeil-de-Nuit, on
sait que le trio formé du loup, du fou et du bâtard forment un être
complet. Il le dit au début du tome Le prophète blanc après avoir
admis le Fou dans la meute (voir la Reine solitaire). Cet être
unique naîtra à la fin d'Assassin's fate.
Et
toujours grâce au compagnon de Vif, les interrogations sont fortes
lorsqu'il dit que Kettricken aurait été une compagne idéale pour
Fitz. Mais, la montagnarde le dit elle-même : Fitz ne l'a
jamais vue. Il la considère avant tout comme l'épouse de Vérité,
sa Reine, une chasseuse remarquable et une amie.
Assassin's
fate voit Fitz vivre ce qu'a vécu Vérité.Tandis qu'il donne forme
et consistance à son loup de pierre, il devient insensible à ceux
qui l'entourent. Il brise à nouveau le cœur de ses deux filles,
notamment celui d'Ortie qui ne rate pas une occasion de lui dire à
quel point il était absent et qu'il n'a jamais été véritablement
un père. Ce n'est pas très étonnant de sa part car hormis son
intervention pour convaincre Tintaglia de payer sa dette à Devoir,
elle a toujours été montrée quelque peu aigrie envers Fitz.
Le
loup de pierre est donc la fusion de Fitz, d'Oeil-de-Nuit et du Fou.
On sait que ce dernier a eu plusieurs avatars, identités. Ambre est
celle qu'il a revêtu dans la dernière partie de la trilogie et
c'est aussi celle que Fitz aime le moins. Elle lui rappelle bien
entendu la terrible dispute qu'ils ont eue (voir Serments et Deuils)
mais c'est surtout au niveau du caractère que ça coince. Ambre est
prête à tout pour arriver à ses fins et ne fait presque aucun cas
des sentiments et des besoins des autres. Elle n'a même pas l'excuse
de s'être vidée dans un dragon de pierre ou d'avoir été forgisée.
Assassin's
fate est aussi la seule conclusion où le roman ne se termine pas sur
Fitz. Grâce à la double narration, on suit le petit groupe
constitué autour d'Abeille. Elle semble avoir appris de ses erreurs
et des observations de son père. Les deux ont vécu une enfance
compliquée, très tôt impliqués dans les aventures et les
meurtres. Mais là où le Fitz se referme (Reine Solitaire, notons
aussi qu'il a donné certaines se des peines à la Fille-au-dragon et
que ça a joué sur son futur comportement et que le Fou est parvenu
à empêcher qu'Abeille répète cette erreur), elle semble s'ouvrir
un peu et devenir moins méfiante, surtout qu'elle est entourée de
gens qu'elle apprécie dorénavant, notamment Heur et Persévérance.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire