Quand Robert Baratheon se rend dans le Nord pour revoir son vieil ami Ned Stark, ce n’est pas uniquement pour rendre hommage aux regrettés Lyanna Stark ou Jon Arryn. Ce n’est pas simplement pour offrir la position de Main du Roi à Ned.
C’est aussi pour échapper à l’emprise des Lannister : depuis qu’il a conquis le trône, il est entouré par les membres de cette famille. Il a épousé Cersei Lannister, Jaime fait partie de sa garde personnelle et Tywin ne rate pas une occasion pour en placer près de Robert. On en a un exemple quand Robert tente d’enfiler son armure avec l’aide de ses écuyers pour participer au Tournoi qu’il offre à sa nouvelle Main (« Neveux de Lord Tywin. Fils de l’un de ses défunts frères. Ou du survivant, maintenant que j’y pense. Me rappelle pas. Sont si nombreux dans la famille de ma femme »).
Jaime semble être le Lannister qu’il tolère le plus. Il sait qu’une bonne partie de sa réussite repose sur lui ; Jaime a effectué le sale travail en tuant l’ancien roi et en bafouant son honneur pour ça. Sans Jaime, c’est lui qui aurait dû faire ça : « pourquoi devrais-je me défier de lui ? Il a contenté chacune de mes demandes. Son épée a contribué à la conquête de mon trône ». Surtout, Robert semble avoir un certain respect de combattant à combattant. Il sait que Jaime manie remarquablement bien l’épée. D’ailleurs, à ce fameux Tournoi de la Main, Jaime tente de le raisonner et ne veut pas qu’il participe à la mêlée. Mais Robert le repousse et Jaime « essuya une rebuffade si virulente qu’il trébucha, tomba ». Robert est fier de sa vigueur, de sa force. Il a beau avoir pris du poids, il n’a pas perdu toutes ses qualités de guerrier.
Les choses sont bien moins positives avec son épouse, Cersei. Il ne la supporte pas. Elle n’est pas Lyanna, elle n’est pas celle qu’il aime. Elle n’est qu’un mariage de raison, qu’un mariage politique.
Cersei semble l’exaspérer par son intransigeance. Elle est celle qui force Robert à se comporter comme un roi, comme celui qui doit trancher les différends alors que lui ne voudrait passer son temps qu’à boire, se battre et profiter des petits plaisirs de la vie. C’est par exemple le cas quand le loup-garou mord Joffrey lors du retour vers Port-Real. Pour Robert, ce n’est qu’une petite peccadille entre enfants alors que pour Cersei, c’est bien plus que ça. En disant que c’est un crime, un manque de respect, elle force Robert à prendre position. Robert est exaspéré : « par les sept enfers ! jura-t-il, mais regarde-la, Cersei ! Une enfant… Que prétends-tu de moi ? que je la fasse fouetter (…) pour une querelle de gosses ? Affaire classée, sacrebleu ! ». On peut presque croire que Robert est choqué par l’attitude de sa femme, de sa volonté de punir à tout prix une jeune enfant.
Robert semble se méfier de Cersei. Il a vite compris que les apparences ne correspondaient pas réellement à qui elle était. Il se sert pour cela d’une comparaison sexuelle et sur son apparence : « oh, Cersei, pour le coup d’oeil, rien à redire, mais pour la chose…, d’un froid ! Rien qu’à la manière dont elle se couve le con, tu jurerais qu’elle y a foutu tout l’or de Castral Roc ». La tragédie est qu’aucun des deux n’est satisfait de ce mariage : Robert n’a jamais pu dépasser la mort de Lyanna alors que Cersei ne rêve que de Jaime, son frère.
Lors du Tournoi de la Main, Cersei tente aussi de donner son avis et de convaincre Robert. Quand elle lui dit qu’il ne doit pas y aller, on peut penser qu’elle tente de le raisonner. On peut aussi penser qu’elle le pousse à combattre ; elle connait bien son époux et elle sait qu’il sera enclin à faire le contraire de ce qu’elle lui dit. La réaction de Robert semble montrer qu’elle a raison. Il parle d’un ton méprisant et dur en éructant que « tu n’as pas à me dire ce que je dois faire, femme (…) C’est moi qui décide, ici, et si je dis que je combattrai, demain, c’est que je combattrai ! ».
La relation entre Cersei et Robert connait un tournant quand Robert gifle Cersei devant Ned. C’est un nouvel affrontement entre les Stark et les Lannister qui force Robert à se comporter comme un roi et régler un différend. Or, Robert n’aime pas ça et n’aime pas se le faire rappeler. Il ne supporte pas ça (comme le montre ses rares apparitions au conseil restreint). Pour ajouter à sa colère, Cersei doute de sa virilité devant Ned. Pour Robert, c’est une insulte et dépasse la limite en frappant sa femme (« à ces mots, Robert, ne se tenant plus, répliqua sans préavis par une gifle formidable qui l’envoya, sans un cri, aller contre la table et s’écrouler au sol »). Robert est donc à bout. Plus tard, il confesse à Ned, sur son lit de mort, qu’il a mal agi (« je n’aurais pas dû la frapper. Ce n’était pas… - ce n’était pas royal »).
Enfin, Robert a une piètre opinion de son premier fils, Joffrey. Il n’est pas uniquement une déception en tant que fils. Il y a aussi l’idée qu’il ferait un bien mauvais roi. Robert est dégoûté à « la seule pensée de Joffrey sur le trône, avec Cersei debout, derrière à lui chuchoter mille manigance dans le tuyau de l’oreille ». Robert ne comprend pas le caractère de Joffrey. S’il ne parait pas douter que Joffrey est bien son fils, il se questionne malgré tout (« Mon fils. Comment diable ai-je pu engendrer pareil rejeton »). Mais, Robert ne fait pas que blâmer Cersei. Il assume sa part de responsabilité : alors qu’il se sait mourant, il confesse ses erreurs. L’une d’entre elles est de ne pas s’être assez occupé de son fils, de l’avoir laissé devenir perverti par les Lannister. Robert admet avoir échoué. Mais, il trouve la force de délivrer un dernier message d’espoir pour son premier fils (« et assiste mon fils, Ned. Rends-le… meilleur que moi »).
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