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mardi 15 août 2023

Royal dans la Reine solitaire

Le roman La Reine solitaire se concentre sur la quête de Vérité et le réveil des Anciens. Le petit groupe mené par Fitz retrouve Vérité alors que le contexte est tendu : les Pirates Rouges sont toujours aussi menaçants alors que Royal continue de resserrer son emprise. Il ne se contente pas de ne pas défendre les habitants du royaume, il traque également son frère et se sert de l’Art pour harceler Fitz et les autres.


Grâce à l’Art, aux témoignages de quelques personnages et à Royal lui-même, nous en apprenons un peu plus sur le plus jeune fils de Subtil. Il n’est pas un antagoniste qui veut le pouvoir pour avoir le pouvoir puisqu’on dirait que l’exercice de l’autorité royale le fatigue ou ne le passionne pas plus que ça.

Royal se repose beaucoup sur Guillot malgré son infirmité. Guillot est bien trop puissant dans l’Art  pour qu’il gaspille cette ressource. Il doit lutter de toutes ses forces pour tolérer les blessures de Guillot (« Royal ne supportait pas ce qui n’était pas entier. Un oeil en moins, c’était déjà difficile à tolérer, mais une jambe arrachée ! Que penseraient les hommes d’un roi qui se faisait servir par un infirme ? »). Cette aversion ne vient pas de nulle part. Elle lui a été instillée par sa mère (Désir) : ces gens-là seraient envieux, jaloux et aigris. Il voit cela comme une faiblesse impardonnable. Les gens qui ne contrôlent pas leur corps ne valent rien ; il l’a vu avec Subtil qu’il a si facilement manipulé. C’est pour cela qu’il est désespéré quand son usage intensif des drogues le rend faible : « la dernière crise avait été dure, très dure (…) Crétins de guérisseurs ! Même pas capable de découvrir l’origine de ces crises ! Qu’allaient penser les gens de lui ? ». D’ailleurs, on note que Royal cherche toujours un coupable, repousse toujours la faute sur les autres. Si quelque chose va mal, cela ne peut être de sa faute.


Grâce au Fou, on comprend que Royal est en réalité un grand gamin capricieux. On lui a tellement répété que tout lui revenait de droit qu’il l’a cru. Pire, il n’a jamais été puni par Subtil après sa tentative de coup d’Etat : il se penche intouchable. D’après le Fou, Royal se pense moralement juste, ses actions sont légitimes. Le Fou précise que « dans son esprit, dominer les Anciens lui revient de droit et tu tentes de l’en priver. Il est persuadé d’être du côté du bon droit et de la justice en essayant de te tuer ». Sa consommation de drogues n’arrange rien ; Royal est comme détaché de la réalité. Il lui en faut toujours plus pour le contenter : plus de sang, plus de violence, plus de punition (« il fait plaisir à son corps à l’aide de drogues et s’insensibilise l’âge à coups de divertissements brutaux ; oui, il propage la maladie à ceux qui l’entourent et qui finissent par ne plus tirer de satisfactions que de compétitions où le sang coule »).


La vision du monde de Royal est assez simple. Tous ceux qui ne sont pas avec lui (soumis à ses envies) sont contre lui. Fitz résume la façon de voir les choses : « pour Royal, tout individu était un instrument ou une menace, et il lui fallait éliminer toutes les menaces ». En pénétrant dans son esprit en usant de l’Art, Fitz se rend compte que Royal ne vaut pas grand-chose tout seul : il n’est dangereux que parce qu’il est bien entouré avec des artiseurs et des soldats. Sans cela, il n’est rien, il n’est qu’un « gosse pleurnichard, gâté qui voulait les jouets de ses grands frères ». Royal ne fait qu’appliquer ces mesquineries d’enfant (« la couronne et le trône ne différaient pas pour lui de leurs chevaux ni de leurs épées »).


Royal manque d’empathie. A part sa mère, il n’a jamais aimé personne. Même ceux qui le servent fidèlement ne comptent pas pour lui, il se moque de leur sort (« le visage de Guillot se modifia et ce fut tout à coup Royal qui me regarda par ses yeux. Il était aussi indifférent à la mort de Ronce qu’il le serait à celle de Guillot »). L’empathie n’est clairement pas le point fort de Royal ; il ne pense qu’à lui, qu’à ses désirs. La souffrance des autres est un de ses amusements, il adore ça, il s’en nourrit. Ce qui se passe avec Ronce, torturé après avoir commis une erreur, en est un bon exemple : « Ronce savait-il aussi clairement que moi que Royal prendrait plaisir à le faire souffrir encore, qu’il me tue ou non ? Que le souvenir de la torture qu’il lui avait infligée était si agréable que Royal ne pouvait plus penser à lui sans se rappeler la plénitude qu’il avait alors ressentie ».


On pourrait presque penser que Royal n’a pas de réels buts. Il veut juste ce que les autres et qui lui serait volé. Cela le rend encore plus dangereux. A un moment du récit, les pensées du Fou sont violées et profanées par Royal et ses artiseurs. Ils se comportent comme des brutes épaisses : « ils étaient dans mon esprit comme des enfants méchants et désoeuvrés qui cassent tout ce qu’ils ne peuvent attraper. Je n’ai rien pu leur cacher, mais ce n’était pas à moi qu’ils s’intéressaient ». Royal est là pour casser, pour détruire. Sa colère l’aveugle et le rend encore plus impitoyable. Le Fou dit que « j’ai ressenti l’essence de Royal ; sa haine pour toi grouille comme des asticots dans de la viande pourrie ».

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