Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses.

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Kennit, maître de son destin ?

Kennit est un des personnages majeurs des Aventuriers de la Mer. Comme un bon nombre d’autres, on le voit se transformer au fur et à mesure ...

samedi 4 avril 2020

L'histoire de Glasfeu

Dans la saga du Royaume des Anciens, des créatures font leur retour en force, les dragons. Nous en avons un premier aperçu quand Vérité décide de forger un dragon de pierre pour affronter les terribles Pirates Rouges. Un certain nombre d'indices lors de sa quête nous montre qu'ils ont bel et bien existé (des rêves d'Art de Fitz, des paroles du Fou, des textes anciens). La confirmation de leur existence viendra des Aventuriers de la Mer quand Tintaglia émergera d'un cocon puis Glasfeu des glaces d'Alsevjal. Dans les romans des Cités des Anciens, nous suivons le retour des dragons vers Kelsingra, une cité mythique des Anciens.

Ceux qu'on appelle les gardiens sont forcément intéressés par ce qui a trait aux dragons. Bien qu'ils ne soient que des pauvres gens, des esclaves, des déformés, des sans ressources, les rumeurs du vaste monde viennent jusqu'à eux. C'est par exemple Thymara qui est au courant de la prouesse de Devoir (« la grande créature noire avait émergé de son long sommeil, pris Tintaglia comme compagne ; et ils s'étaient envolés ensemble pour chasser, manger et s'accoupler »).

Pourquoi Glasfeu s'est-il volontairement enfermé dans les glaces ? Était-ce un suicide ? C'est visiblement un enchaînement : des catastrophes naturelles, une attaque coordonnée des Blancs et de leurs Serviteurs et une attaque contre son mental. On a un aperçu de ce qui leur est arrivé dans l'Homme noir ; on y lit que « les dragons et la plupart de leurs serviteurs, les Anciens, avaient péri lorsque la terre avait tremblé, s'était fendue, et que les montagnes avaient vomi de la fumée, du feu et des vents empoisonnés ». Notons au passage que grâce à leur science, les Blancs savaient ce qui pouvait arriver et n'ont rien fait pour aider les dragons. Mais, les Blancs et les dragons étaient engagés dans une féroce compétition pour contrôler le monde...
Glasfeu, ne voyant que serpents et dragons morts, subissant le harcèlement de ses ennemis, ne pense avoir qu'un seul recours : en finir avec la vie. On a presque un peu de pitié pour le vieux dragon. Quand il partage ses pensées, involontairement, avec Fitz, on se rend compte à quel point ses derniers instants furent pathétiques : « Glasfeu avait glissé dans un état suspendu, mais sans parvenir à se défaire de son organisme (…) Il aspirait à la mort, il rêvait de la mort. »

Devoir le libère donc de la glace et les choses ne furent pas aisées. Il fallait bien entendu lutter contre les manigances de la Femme Pâle, il fallait aussi prendre en compte les superstitions locales. Quand Elliania lance le défi au Prince Loinvoyant, l'adolescent ne sait pas que sa quête n'est pas bien vue dans les Îles Outriliennes. Le clan de l'Ours et du Hibou sont très vindicatifs (« nul homme ne doit tuer Glasfeu, narcheska, pas même pour l'amour de vous »). Le dragon emprisonné dans la glace est devenu un lieu de contemplation, il est comme une figure divine : « voilà la bonne fortune que nous obtenons en honorant Glasfeu. Déshonorez-le, doutez de lui, et je préfère ne pas imaginer le malheur qui s'abattra sur vos maisons ».

Fitz et le Fou, aidés par Burrich, Umbre, Lourd et d'autres, parviennent à contrecarrer les plans de la Femme Pâle, Illistore. Cette dernière ne se contente pas de regarder la lente agonie du dragon, elle veut sa mort. On l'apprend quand Prilkop (l'Homme noir) raconte son histoire à Abeille dans Le destin de l'assassin. Il lui dit qu' « elle cherche le dragon, et je suis stupide : je montre le chemin. Alors elle trahit, elle essaie tuer Glasfeu » ou encore « son destin était de s'employer à ce que les dragons ne reviennent jamais dans notre monde ». Prilkop est plus que choqué par le choix de Glasfeu.
Malheureusement pour les Blancs, Devoir est parvenu à relever le défi. Umbre informe Fitz que « le dragon a déposé tout seul sa propre tête sur la pierre d'âtre ». Ortie nous en apprend un peu plus et son éclaircissement illustre bien le caractère hautain et peu reconnaissant de ceux de son espèce (« Glasfeu était trop mesquin pour reconnaître sa dette »).

Dans le puits d'Argent, les gardiens font connaissance avec Glasfeu et tout ne se passe pas très bien. Glasfeu et Tintaglia viennent d'être empoisonnés par du bétail contaminé donné par les Chalcédiens. Ils viennent donc à Kelsingra pour se panser et avoir de l'argent. Il fait une entrée fracassante : « les humains m'appellent Glasfeu. Il en reste au moins ici qui n'a pas oublié les anciennes formules de politesse de votre espèce ». On voit bien là l'habituel sentiment de supériorité qu'ont les dragons envers les humains.
Les gardiens le craignent, les autres dragons sont circonspects. Tatou pense qu' « il est fou de douleur (…) il est imprévisible », Sintara conseille son gardien (« reste loin de lui, je crois qu'il est fou »). Et un peu plus loin, on lit que « tous les gardiens s'étaient assemblés pour voir le plus vieux dragon du monde, mais à distance prudente ».

Sa relation avec Tintaglia est plus compliquée.
Quand ils étaient le dernier de leurs espèces, ils n'avaient pas eu d'autre choix que s'accoupler. Mais avec le retour des dragons, tout a changé. Tintaglia a décidé de s'occuper d'eux. Bien qu'elle accepte la nécessité de se venger de Chalcède, elle lui en veut quand même (« il n'appelait pas à la vengeance quand c'est moi qui étais mourante »). Les choses changent quand la meute de dragons s'en va vers Chalcède. Reyn est un observateur bien placé pour analyser les dynamiques des dragons. Il note que leur formation de vol répond à une logique de domination, de pouvoir et qu'être bien placé près de la Reine Tintaglia est important. Les mâles se disputent pour elle. Reyn «  se rendait compte que le mâle noir et Kalo se battaient sans cesse pour occuper un point derrière Tintaglia ».
A la fin des Cités des Anciens, c'est Kalo qui domine Glasfeu (« après leur dernier affrontement, Glasfeu a dû se déclarer vaincu et il est sans doute allé tuer une grosse proie, la dévorer et cuver son festin »).

Nous retrouvons Glasfeu dans la dernière trilogie. Tintaglia et les autres dragons finissent par apprendre la terrible vérité, que Glasfeu a fui et failli à ses responsabilités. C'est une époque de vengeance (pour Fitz et les dragons) et chacun a besoin d'informations. Glasfeu, le dragon qui a traversé les époques, en a. Malheureusement, il les cache et se cache. Gringalette s'exprime à travers Kanaï pour transmettre l'avis général des dragons : « Glasfeu ? Rien, c'est une brute qui ne sert à rien, ni aux dragons ni aux Anciens. » La colère de Tintaglia éclate quand elle apprend la façon dont le vieux dragon noir a vécu ses derniers jours avant de s'enfouir dans la glace. Il fait honte, il n'est pas digne. Ses propos sont clairs, « Glasfeu est un pleutre. Un dragon qui préfère s'ensevelir dans la glace plutôt que de se venger, par crainte pour sa propre sécurité, n'est pas un dragon ! »
Dorénavant, puisqu'elle a pris le dessus sur Glasfeu, Tintaglia sait que « les Blancs et les Serviteurs ont fait grand tort aux Dragons. Ils ont cru pouvoir commettre leurs injustices sans avoir à payer les conséquences ! Cette honte est toute entière due à la lâcheté de Glasfeu ! »

Mais, tout n'est pas négatif. Il serait injuste de le limiter à un vieux dragon suicidaire. Il est aussi une créature puissante, intrépide.
Il est celui qui organise l'assaut contre Chalcède (« Glasfeu avait l'expérience du combat contre les humains (…) le vieux dragon noir tenait à prendre Chalcède par surprise »), il est le dernier à s'en aller et semer la mort (« le palais du duc était tombé sous les assauts orchestrés par Glasfeu, implacable et sans pitié .»)
Glasfeu sera aussi de la partie quand il faudra détruire Clerres. Il fait une remarquable entrée (« je suis de retour, et je vous apporte la mort ! »). Lui aussi ouvre une fenêtre sur les événements du passé et renseigne le lecteur sur ce qui s'est passé des années avant : « te rappelles-tu de moi Clerres ? Te rappelles-tu comment tu nous as fait mourir avec un festin de bétail empoisonné (…) Comment alors que je me battais contre vous, vous m'avez rempli l'esprit d'une malédiction ? (…) A l'époque, je me suis enfui. Vous m'avez couvert de honte ! Vous avez fait de moi le dernier dragon au monde. » Et bien entendu, il tue, détruit des bâtiments.

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